Qui est responsable des attaques en cours en Israël ?

Motasem A Dalloul, 1er avril 2022. Au cours des dix derniers jours, plusieurs Palestiniens de Cisjordanie occupée et d’Israël ont perpétré une série d’attaques meurtrières en Israël, tuant 11 Israéliens et en blessant plusieurs autres.

Photo des trois citoyens palestiniens tués par les forces israéliennes ce samedi 2 avril à l’aube, à Jenin. Depuis le début de 2022, 33 Palestiniens ont été tués par l’occupation israélienne, dont 29 martyrs en Cisjordanie, et 4 martyrs en Palestine 48, le bilan le plus élevé depuis 3 ans (source Centre palestinien d’information)

Un Bédouin palestinien d’Israël a déclenché les attaques en percutant une personne avec sa voiture et en poignardant trois autres.

Puis, quelques jours plus tard, deux cousins de Palestiniens en Israël ont ouvert le feu sur la police d’occupation israélienne à un arrêt de bus à Hadera, tuant deux d’entre eux. Mardi, un Palestinien de Jénine, en Cisjordanie occupée, a ouvert le feu sur des Israéliens dans la banlieue de Bnei Brak à Tel Aviv, faisant cinq morts. Plusieurs autres attaques mineures ayant fait des blessés ont eu lieu dans le même temps.

Les responsables israéliens sont furieux et ont exprimé leur rage face à ce qui s’est passé, et ont décidé de renforcer leur emprise sécuritaire sur les Palestiniens à l’intérieur d’Israël, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, qui est soumise à un strict siège israélien depuis 2007.

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a envoyé 12 bataillons de l’armée d’occupation israélienne en Cisjordanie et deux autres à la périphérie de la bande de Gaza. La police israélienne a resserré son contrôle sur la vieille ville de Jérusalem et sur les communautés arabes à l’intérieur d’Israël. Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a déclaré : « Il n’y a pas de limite aux ressources » qui doivent être consacrées à la lutte contre le « terrorisme ». Il a indiqué que la présence de l’armée en Cisjordanie et le long de la ligne verte a été fortement renforcée ces derniers jours.

Dans le même temps, le gouvernement israélien comme l’institution militaire ont cherché une raison pour rejeter la responsabilité de ces attaques sur les autres. Pour les deux premières attaques, ils ont pointé du doigt Daesh, le groupe terroriste, en affirmant que le premier attaquant avait été arrêté et avait passé du temps en prison pour avoir tenté de se rendre à l’étranger afin de rejoindre Daesh, tandis que les attaquants de Hadera étaient accusés d’être inspirés par Daesh. Le troisième a été arrêté et inculpé pour appartenance à une faction islamique.

Les responsables israéliens ont tenté d’exploiter leur campagne visant à diaboliser le mois sacré du Ramadan chez les musulmans. Une campagne que les responsables israéliens ont partagée avec les Américains et qu’ils ont menée lors de réunions navettes avec les dirigeants arabes des pays proches d’Israël, ainsi qu’avec les dirigeants de l’Autorité palestinienne. Cependant, ils ignorent les véritables raisons de cette vague d’attentats, qui ont été clairement identifiées par les factions palestiniennes.

Le Hamas, le Jihad islamique et d’autres ont attribué les raisons de ces attaques à l’agression israélienne continue contre les Palestiniens en Israël, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza. Ils ont spécifiquement mentionné l’expropriation des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée, la violence croissante des colons juifs israéliens, la profanation quotidienne de la mosquée Al Aqsa, le racisme à l’encontre des Palestiniens en Israël et le siège continu imposé à Gaza.

Dans un communiqué, le Hamas a déclaré : « Les crimes continus de l’occupation laissent présager une explosion totale, qui sera encore plus puissante et plus douloureuse. Notre peuple se joindra à nous dans chaque partie de notre terre occupée. » Ce n’est pas le Hamas ou les Palestiniens qui ont dit ce qui suit, mais le représentant de l’UE, Sven Kühn von Burgsdorff, qui a déclaré en février : « La violence des colons reste une préoccupation sérieuse dans toute la Cisjordanie. Nous sommes témoins des plus hauts niveaux de violence enregistrés ces dernières années et d’incidents plus graves, qui ont souvent entraîné la perte de vies humaines » ; il a noté que lui et les diplomates de l’UE « ont entendu les expériences personnelles des familles exposées à la violence des colons » et a souligné : « Il ne peut y avoir aucune justification à de tels actes ».

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a indiqué qu’en 2021, il y a eu 496 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens, dont 370 ayant entraîné des dommages matériels et 126 ayant fait des victimes. En 2020, il y a eu un total de 358 attaques recensées. « La violence des colons est devenue un phénomène systématique en Cisjordanie, avec un impact économique et psychologique important sur la population locale », a déclaré OCHA. « Elle menace plusieurs droits fondamentaux des Palestiniens, notamment les droits à la liberté de mouvement et à la sécurité de la personne. »

La veille de l’attaque qui a coûté la vie à cinq Israéliens, la délégation de l’UE auprès des Palestiniens a tweeté : « La montée de la violence des colons ne fait qu’attiser les tensions », appelant à protéger les Palestiniens de cette violence. « C’est impératif maintenant pour éviter de nouvelles violences avant le Ramadan, Pessah et Pâques qui coïncident en avril », a-t-il ajouté.

Un journaliste et analyste politique israélien de droite m’a répété que la violence des colons juifs est la principale raison de ces attaques, en indiquant le nombre croissant de victimes palestiniennes tombées aux mains des colons juifs.

Pendant ce temps, le journaliste israélien de gauche, Meron Rapoport m’a dit : « La violence des colons fait partie des raisons qui poussent les Palestiniens à mener des attaques, mais je pense que ce qui se passe dans le Nakab est important. C’est plus sensible pour les Palestiniens qui ont le sentiment d’être attaqués. »

Le célèbre journaliste israélien, Gideon Levy, m’a dit que la violence des colons n’est pas la seule raison qui suscite la colère des Palestiniens, mais qu’elle est « une des nombreuses autres raisons. »

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a déclaré : « Le but du terrorisme n’est pas seulement de frapper des innocents, mais de nous amener à nous haïr et à être en colère les uns contre les autres. Il s’agit de miner et de déchirer la société israélienne de l’intérieur. Les terroristes veulent voir de violentes émeutes dans les rues d’Israël. »

Non, Lapid et tous les responsables israéliens ont tort : les Palestiniens ont le droit de se défendre selon toutes les lois et conventions internationales. Ensuite, les Palestiniens ne veulent pas frapper des innocents et cela a été clair lorsque les médias israéliens ont rapporté qu’une femme israélienne a déclaré que les assaillants ne voulaient pas la tuer, elle ou d’autres femmes et enfants, mais seulement des officiers combattants.

Tout ce que les Palestiniens veulent, c’est l’arrêt de l’agression israélienne sur leurs terres, leurs maisons, leurs fermes, leurs mosquées, le démantèlement des colonies illégales, l’arrêt de la violence des colons, l’arrêt des raids nocturnes, la libération des prisonniers, le démantèlement des points de contrôle militaires qui étouffent la Cisjordanie occupée et Jérusalem et la levée du siège qui a transformé Gaza, selon l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, en une « prison à ciel ouvert ».

En 2010, Cameron a déclaré : « Gaza ne peut pas et ne doit pas être autorisée à rester un camp de prisonniers … Les gens à Gaza vivent sous des attaques et des pressions constantes dans une prison à ciel ouvert. »

Ce sont les véritables raisons des attaques palestiniennes contre les Israéliens, et non la tentative de faire en sorte que les Israéliens se détestent ou tuent des innocents. Bien qu’ils vivent sous l’occupation, les Palestiniens n’ont jamais été à l’origine d’une quelconque flambée de violence depuis très longtemps, mais les Israéliens ne sont pas satisfaits tant que des Palestiniens sont en vie.

Lorsqu’Israël reconnaîtra les droits des Palestiniens et cessera de leur faire du mal, les attaques cesseront certainement, sans qu’il soit nécessaire d’envoyer des milliers de soldats et de policiers, de dépenser des milliards de dollars en budgets de défense ou de tenir des sommets régionaux et internationaux pour élaborer des plans anti-palestiniens.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR

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