Partager la publication "Le peuple palestinien doit s’approprier son combat, loin des politiciens"
MEMO, 23 décembre 2021. Parfois, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) trouve de bonnes raisons d’émettre des condamnations sévères. Les récents commentaires du membre de la Knesset Mansour Abbas, qui fait partie du gouvernement de coalition du Premier ministre israélien Naftali Bennett, ont soulevé l’ire des responsables palestiniens. Depuis qu’il a pris ses nouvelles fonctions, Mansour Abbas n’est pas étranger à la rhétorique coloniale. Alors que les Palestiniens de Gaza ruminaient les dégâts causés par les bombardements israéliens en mai, Abbas n’a pas condamné catégoriquement l’agression. « Si j’ai l’occasion de faire avancer la paix, je le ferai », a-t-il déclaré, vaguement.
Il faut peut-être lire cette déclaration dans le contexte de ses récentes déclarations choquantes sur la rhétorique sioniste. « L’État d’Israël est né en tant qu’État juif. C’est la décision du peuple et la question ne porte pas sur l’identité de l’État. Il est né ainsi et le restera ».
Le comité exécutif de l’OLP a répliqué : « Ces déclarations n’expriment pas l’opinion de notre peuple palestinien, où qu’il soit, concernant la loi raciste sur la nationalité et la judéité de l’État, qui est en totale contradiction avec notre droit à l’autodétermination, porte atteinte aux droits de notre peuple à l’intérieur des terres de 1948 et constitue une menace directe pour lui, tandis qu’elle renforce la politique sioniste de racisme à son égard et à l’égard de ses droits dans sa patrie. »
Malheureusement, si la déclaration de l’OLP est cette fois juste, sa diplomatie a mis en danger la lutte anticoloniale palestinienne d’une manière telle qu’il est difficile d’isoler la déclaration de Mansour Abbas comme étant la seule position néfaste des hommes politiques palestiniens.
La déclaration d’indépendance de Yasser Arafat a reconnu Israël ; c’est un exemple de la manière dont la diplomatie a contrecarré la position de principe de la libération. Les Accords d’Oslo ont encore dénaturé la lutte anticoloniale du peuple palestinien en marginalisant des questions essentielles telles que le droit au retour des réfugiés palestiniens. Sans compter que le projet colonial d’Israël bénéficie de la protection suprême de l’ONU depuis sa création, et qu’aucune résolution ou politique n’a jamais contré la violence historique infligée aux Palestiniens.
La situation actuelle est qu’en Israël, un homme politique dont les affinités devraient être avec la Palestine plaide ouvertement pour que les Palestiniens acceptent non seulement le colonialisme mais aussi l’apartheid. Pendant ce temps, dans les territoires palestiniens occupés, le pragmatisme s’est traduit par un acquiescement tacite à la colonisation sioniste. L’Autorité palestinienne s’est depuis longtemps vendue au sionisme – l’AP n’aurait eu aucune raison d’exister si elle n’avait pas été complice d’Israël et de la communauté internationale. Les factions palestiniennes, quant à elles, sont marginalisées au point que l’idéologie prime sur l’action. À Gaza, le Hamas a dû faire face à différentes identités depuis son entrée dans la sphère politique et son acceptation du paradigme des deux États entre en contradiction avec sa rhétorique de libération.
Mansour Abbas a le potentiel de faire beaucoup de dégâts aux Palestiniens depuis l’intérieur d’Israël. L’AP, en revanche, a prouvé qu’elle préférait s’accrocher au pouvoir. Alors, où, dans toute cette cacophonie qui ne sert qu’Israël, les Palestiniens peuvent-ils trouver une déclaration qui soit fondée sur des principes ? Comme l’a dit à juste titre l’OLP, la déclaration n’exprime pas le sentiment du peuple palestinien, mais qu’en est-il des hommes politiques qui jouent avec la vie des Palestiniens ?
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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