Sayid Marcos Tenório, 27 Novembre 2021. Le 29 novembre marque la date à laquelle, en 1947, les Nations unies (ONU) nouvellement créées ont approuvé le plan de partage de la Palestine et ont lancé le processus de la Nakba, un mot arabe pour désigner la tragédie qui a suivi et qui dure jusqu’à nos jours. La tristement célèbre partition a fait de la Palestine le seul État détruit avec le soutien des Nations unies, ce qui a permis l’émergence de l'”État juif” fondé sur l’usurpation du patrimoine national des Palestiniens.
La rapacité vis-à-vis de la Palestine s’est concrétisée dans la politique sioniste à partir de 1937 et pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Britanniques ont tenté d’imposer la création d’un État binational rejeté par les sionistes. En février 1947, l’Empire britannique transfère à l’ONU la question de la Palestine, qui relève de son domaine, tel que mandaté par l’ancienne Société des Nations depuis 1922. La division du territoire en deux États devient la solution proposée par l’Angleterre, et les intérêts des Palestiniens seront totalement déconsidérés.
En raison des tensions accrues entre les mouvements nationalistes arabes et juifs, la Grande-Bretagne propose la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Son thème le plus important était la fin du mandat britannique réclamé par les Arabes et les juifs pour discuter des alternatives politiques au conflit territorial et recommander une solution diplomatique à délibérer.
La recommandation à l’Assemblée générale pour la formulation d’un plan de partage de la Palestine en deux États est couronnée de succès. Les États-Unis d’Amérique sont initialement opposés à l’option des deux États, mais, par pur opportunisme électoral, afin de gagner le vote juif pour sa réélection en 1948, le président Harry S. Truman (1945-1953) décide que l’ambassadeur Herschel Johnson annonce au Conseil de sécurité des Nations unies que les États-Unis soutiennent le plan élaboré par le Comité spécial sur la Palestine.
Avec la partition effectuée par la résolution 181 de l’Assemblée générale, les juifs, qui détenaient 7% du territoire, en possèdent désormais 53%. Les Palestiniens se sont vus attribuer 47% de leur territoire historique – un pourcentage formé par un désert, des terres rocheuses et des collines infertiles. En outre, la délibération a placé la ville sainte de Jérusalem sous le contrôle de l’ONU, la soustrayant au contrôle millénaire des Palestiniens, des chrétiens et des musulmans.
Il s’est agi d’un partage injuste à tous égards, puisque la Palestine abritait plus de 1,4 million de musulmans et de chrétiens, tandis que la population juive était de 630.000 personnes, dont les deux tiers étaient des immigrants d’Europe centrale et orientale. Ainsi, la Grande-Bretagne a mis fin à son mandat par un acte majeur de trahison envers les Arabes pour le bien-être et le progrès desquels elle s’était engagée à veiller. En quittant la Palestine, la Grande-Bretagne a remis aux sionistes le pouvoir sur le territoire, y compris le contrôle de ses bases militaires en Palestine.
Le plan de partage fut une mesure illégale, car l’ONU n’était investie d’aucune souveraineté sur la Palestine. De plus, l’Assemblée générale n’est pas une instance des Nations Unies dotée d’une souveraineté supérieure. Ce pouvoir, en vertu de la Charte des Nations unies (art. 12), est réservé au Conseil de sécurité, qui est chargé de le décider et de l’appliquer avec exclusivité.
L’ONU ne disposait d’aucune prérogative lui permettant de diviser un État ou d’attribuer une partie de son territoire à des émigrants de différentes nationalités et de leur accorder des droits territoriaux et politiques différents de ceux accordés aux habitants de la terre palestinienne.
Avec l’approbation de la résolution 181, l’ONU a fait de la Palestine le seul État à être détruit afin d’implanter, sur les ruines de son territoire et sur les corps de ses martyrs, un État dont on sait aujourd’hui qu’il est monstrueux, et dont la création continue de mettre la communauté des nations en conflit permanent, et la paix régionale et mondiale en danger.
L’ONU, en plus de donner des moyens politiques et une caution internationale au projet colonial sioniste, a fourni les conditions pour l’émergence de cette aberration politique qui a commencé à adopter toutes sortes de violations, de racisme et de génocide en Palestine et dans toute la région du Moyen-Orient. Bien que la résolution 181 ait représenté un soutien au projet colonial juif, les dirigeants israéliens n’acceptent toujours pas et ne respectent pas les termes du plan, qui prévoyait la création de l’État palestinien et l’octroi d’un statut spécial à la ville sainte de Jérusalem.
Après la partition et la fondation subséquente d’Israël le 15 mai 1948, les milices sionistes ont déclenché des actions continues pour occuper les terres et les maisons des Palestiniens par l’annihilation physique et l’expulsion de leurs propriétaires. Les sionistes voulaient les terres et les maisons palestiniennes, mais ils ne voulaient pas que les Palestiniens y restent.
Lorsque les forces sionistes eurent achevé la première phase de la Nakba, l'”État juif” comprenait 78% de la Palestine historique, ne laissant que la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza, qui étaient sous le contrôle de la Jordanie et de l’Égypte respectivement. Lors de l’agression de 1967, Israël a avancé sur les 22% restants, poursuivant la colonisation commencée en 1947/1948, dont l’objectif final est la destruction complète de la Palestine.
Le plan de partage de 1947 est un point crucial pour comprendre les agressions et les violations constantes d’Israël aujourd’hui. Et même si résister aux assauts incessants du sionisme a un coût élevé d’un point de vue humain, social et économique, le peuple palestinien continue de résister courageusement pour protéger ses terres, son histoire et sa culture.
Le monde a une dette envers le peuple palestinien. Le respect des droits et la justice exigent de l’ONU la réalisation d’un État palestinien totalement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale éternelle et œcuménique et avec le droit de retour des réfugiés, des dédommagements et la stabilité de tous sur la terre palestinienne.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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