Des soldats israéliens rouent de coups et arrêtent un militant palestinien pendant la récolte des olives

Oren Ziv, 12.10.2021. Des soldats israéliens ont violemment arrêté un militant palestinien très actif et deux Israéliens de gauche, lundi, pendant la récolte annuelle des olives en Cisjordanie occupée. L’arrestation a eu lieu dans la région de Salfit, près de l’avant-poste de colonisation illégal de Havat Nof Avi, qui a été érigé l’année dernière sur des terres appartenant à des résidents palestiniens de la région.

Des soldats israéliens maintiennent brutalement au sol le militant palestinien réputé Mohammad Khatib pendant la récolte des olives près d’un avant-poste de colonisation établi sur des terres palestiniennes dans la région de Salfit en Cisjordanie, le 11 octobre 2021. (Matan Golan)

Un soldat a été filmé en train de frapper puis de piétiner Mohammed Khatib, militant du Comité de coordination de la lutte populaire, qui aide à organiser la résistance non violente à l’occupation et à la colonisation israéliennes, après son arrestation.

« Nous sommes arrivés vers 10 heures du matin et avons trouvé de nombreux soldats dans le secteur », a déclaré Abdullah Abu Rahmeh, un autre militant palestinien du comité. « Ils ont bouclé la zone et l’ont déclarée zone militaire fermée ».

Plusieurs agriculteurs palestiniens ont essayé de discuter avec les officiers et les représentants de l’administration civile – la branche de l’armée israélienne qui régit la vie quotidienne de millions de Palestiniens sous occupation – pour essayer d’accéder à leurs terres, a déclaré Abu Rahmeh. Une demi-heure plus tard, alors que ni les officiers ni l’administration civile ne voulaient céder, les agriculteurs sont passés le long du secteur qui avait été bouclé pour essayer d’atteindre leurs oliviers par un autre chemin.

« Les soldats nous ont suivis et nous ont attaqués avec leurs fusils », se souvient Abu Rahmeh. « Nous transportions des outils pour la récolte. Nous ne protestions pas, nous voulions aider les agriculteurs. Pourtant, les soldats ne nous ont pas laissé récolter. »

Les bénévoles venaient dans le cadre de l’initiative Faz3a, qui signifie « appui » en arabe, créée l’année dernière. Le groupe aide les agriculteurs palestiniens pendant la récolte des olives pour les défendre contre la violence des colons et des militaires. « C’est une campagne annuelle », a déclaré Abu Rahmeh. « Dans cette région, les agriculteurs n’ont pas assez de temps pour terminer la récolte, et nous faisons donc venir des gens pour les aider. Nous essayons de les soutenir et de les protéger des attaques des colons. »

Des soldats israéliens immobilisent et piétinent Mohammad Khatib pendant la récolte des olives près d’un avant-poste de colonie établi sur des terres palestiniennes dans la région de Salfit en Cisjordanie, le 11 octobre 2021. (Matan Golan)</

La saison des récoltes en Palestine-Israël a commencé la semaine dernière, et on a déjà signalé plusieurs incidents de vandalisme de colons sur des oliviers. Vendredi, un propriétaire palestinien du village de Tarkumiya a découvert que des colons avaient coupé ses oliviers, selon l’ONG israélienne Yesh Din.

Sur une photo de l’arrestation de Khatib, originaire du village de Bil’in et membre dirigeant de Faz3a, on voit un soldat israélien le frapper et lui saisir le cou. Plus tard, alors que Khatib est allongé à plat ventre sur le sol, on voit ce même soldat lui marcher dessus.

« Les soldats ont frappé Khatib, lui ont marché sur le dos, lui ont bandé les yeux et l’ont emmené vers l’avant-poste [de la colonie] », a déclaré Hillel Dahbash, un militant israélien qui a assisté aux arrestations. « Les soldats n’arrêtaient pas de lancer des grenades paralysantes. Nous nous sommes rassemblés pour accéder à la zone agricole et nous avons essayé d’atteindre à nouveau la terre, lorsque les soldats nous ont mis dehors et nous ont poussés vers les voitures. Ils ont alors tiré des grenades assourdissantes sur les voitures, jusqu’à ce que le dernier véhicule quitte la zone. »

La récolte avait lieu dans la zone d’Ar-Ras, à l’ouest de Salfit, où des manifestations ont eu lieu l’année dernière tous les vendredis contre la construction de l’avant-poste voisin. La semaine dernière, Yesh Din a filmé des colons en train de voler des olives appartenant à des résidents palestiniens de Salfit. L’avant-poste est l’un des plus de 100 qui ont été construits sans l’autorisation du gouvernement israélien et sont donc illégaux selon la loi israélienne. En vertu du droit international, toutes les colonies de Cisjordanie sont considérées comme illégales.

« L’avant-poste qui a été construit l’année dernière empêche les Palestiniens d’accéder à leurs terres privées », a ajouté Hillel, car ses limites tombent juste au bord des oliveraies palestiniennes.

Selon des militants présents sur les lieux, les soldats israéliens ont dit aux agriculteurs que s’ils avaient évité les « provocations » en arrivant seuls, sans reporters israéliens, ils auraient été autorisés à accéder à leurs terres et à récolter les arbres. Mais, comme dans d’autres régions de Cisjordanie, de nombreux Palestiniens craignent d’aller seuls travailler dans leurs oliveraies, sans protection supplémentaire contre les attaques des colons.

Des soldats israéliens arrêtent Mohammad Khatib, les yeux bandés, pendant la récolte des olives près d’un avant-poste de colonie établi sur des terres palestiniennes dans la région de Salfit en Cisjordanie, le 11 octobre 2021. (Matan Golan)

La police israélienne maintient Khatib en détention depuis lundi. Il sera probablement présenté à un tribunal militaire dans le courant de la semaine. Contrairement aux détenus israéliens, qui doivent être présentés à un juge dans les 24 heures suivant leur arrestation, la loi militaire prévoit que les Palestiniens peuvent rester en détention jusqu’à 96 heures sans être entendus par un tribunal.

Les deux militants israéliens qui ont été arrêtés avec Khatib se sont vus proposer une libération sous caution et une interdiction de pénétrer dans la zone proche de l’avant-poste. Les militants ont refusé et ont choisi de rester en détention par solidarité avec Khatib. Après avoir été présentés au tribunal de première instance de Petah Tikvah mardi, les Israéliens ont reçu une interdiction de séjour de cinq jours dans la zone.

Mardi soir, Khatib a été présenté devant un tribunal militaire israélien en Cisjordanie, où un juge israélien a estimé que, même s’il avait probablement commis un délit, il devait être libéré, d’autant plus que ses homologues israéliens avaient également été libérés ce jour-là. Le juge a fixé la caution de Khatib à 1.000 NIS et lui a interdit de se rendre dans le secteur pendant une semaine.

Nous avons sollicité des commentaires sur la violence des soldats au porte-parole des Forces israéliennes lundi soir, mais ils n’ont pas encore répondu. Nous la publierons ici si et quand nous la recevrons.

Article original en anglais sur 972mag.com / Traduction MR

[writers slug=oren-ziv]