Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 29 / 24-26.2

Brigitte Challande, 27 février 2024. 

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Par WatsApp la réponse de Marsel à l’annonce et l’envoi de photos de toutes les manifestations pour Gaza le 24/02/24 en France

« Merci et vive la solidarité. Nous croyons ici que les mouvements mondiaux de solidarité et de libération représenteront la force pressante et que vos mouvements seront une raison fondamentale pour que la guerre de génocide contre nous cesse et pour que nous puissions sortir de cet enfer. »

Distribution de repas, camp des paysans déplacés, bord de mer, Khan Younis, 25 février

Aujourd’hui, 25 février, l’équipe d’ Abu Amir de l’UJFP a servi des repas de midi composés de haricots, dans le camp. Voici le lien pour la vidéo :

https://drive.google.com/file/d/1SubcP536elA9t7yACLzYs4e9tXUJNI-Q/view?usp=drivesdk

Le 26 Février Marsel nous donne cette information par WatsApp accompagnée de la vidéo, information que les médias français relaieront :

« Un largage aérien d’aide vers le sud et le centre de la bande de Gaza maintenant. J’ai enregistré la vidéo il y a quelques instants depuis la zone des Saudi Towers, à l’ouest de Rafah. Les forces jordaniennes larguaient auparavant de l’aide à l’hôpital jordanien, maintenant elles larguent de l’aide sur une ville, à Deir al-Balah aussi. »

Abu Amir –  26 février 2024 au soir- message WhatsApp :

« Derniers événements survenus au cours des dernières 24 heures : 

Israël a commis 10 massacres contre plusieurs familles à Gaza dans les 24 heures, entraînant 90 morts et 164 blessés, selon ce que le ministère de la Santé a rapporté. Le porte-parole du ministère de la Santé a ajouté que de nombreuses victimes sont toujours sous les décombres et sur les routes, et que l’occupation empêche les équipes médicales de les atteindre.

Les forces d’occupation poursuivent également leur agression contre la bande de Gaza par terre, mer et air, depuis le 7 octobre dernier, et le nombre de martyrs s’élève à 29.782 Palestiniens, et 70.043 autres ont été blessés, dont la plupart sont des enfants et des femmes, en plus des milliers de personnes disparues sous les décombres.

Alors qu’au moins 7 citoyens ont été tués, et des dizaines ont été blessés, dans le bombardement par l’occupation du centre et du sud de la bande de Gaza, le 143ème jour de l’agression en cours contre la bande.

Deux citoyens ont été tués dans un bombardement par un avion de guerre d’occupation qui a visé un véhicule civil dans la région d’Abu Al-Ajen, à l’est de Deir Al-Balah dans le centre de la bande de Gaza, coïncidant avec le bombardement d’artillerie par l’occupation de la région d’AlMughraqa.

L’occupation a également visé la région d’Al-Fokhari, à l’est de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza, et les bateaux de la marine d’occupation ont tiré intensément à la mitrailleuse vers la côte de Khan Yunis, tuant deux pêcheurs.

Trois citoyens ont également été tués dans le bombardement d’une maison au nord de la ville de Rafah par l’occupation, et plusieurs citoyens ont été blessés par le bombardement d’un appartement dans le quartier d’Al-Jeneina à l’est.

Les bateaux de guerre de l’occupation tirent constamment avec des mitrailleuses et des obus lourds le long de la côte de la bande de Gaza. »

Les statistiques les plus importantes de la guerre génocidaire menée par l’occupation israélienne sur la bande de Gaza, à la date du 23 février 2024 :

1- 140 jours depuis le début de la guerre génocidaire

2- 2 573 massacres commis par l’armée d’occupation israélienne

3- 36 514 martyrs et personnes disparues

4- 29 514 martyrs qui sont arrivés aux hôpitaux

5- 13 000 enfants martyrs

6- 8 800 femmes martyrs

7- 340 martyrs parmi le personnel médical

8- 47 martyrs dans la défense civile

9- 130 martyrs parmi les journalistes

10-  7 000 disparus, dont 70 % de femmes et d’enfants

11- 69 616 blessés

12- 17 000 enfants vivent sans leurs parents ou seulement  l’un d’eux

13- 11 000 blessés nécessitent d’être évacués pour être soignés (pronostique vital engagé et  blessures graves)

14- 10 000 patients atteints de cancer risquent de mourir

15- 700 000 personnes contaminées par des maladies infectieuses à la suite de déplacements forcés

16- 8 000 cas d’hépatite virale attribuables à un déplacement forcé. 

17- 60 000 femmes enceintes sont à risque en raison du manque d’accès aux soins de santé. 

18- 350 000 patients chroniques sont à risque en raison du manque de médicaments

19- 99 cas d’arrestation de personnel médical

20- 10 cas d’arrestation de journalistes dont les noms sont connus

21- 2 millions de personnes déplacées dans la bande de Gaza

22- 157 quartiers généraux du gouvernement ont été détruits par l’occupation israélienne

23- 100 écoles et universités ont été complètement détruites par l’occupation

24- 304 écoles et universités ont été partiellement détruites par l’occupation

25- 208 mosquées complètement détruites par l’occupation

26- 278 mosquées partiellement détruites par l’occupation

27- 3 églises ciblées et détruites par l’occupation

28- 70 000 logements ont été complètement détruits par l’occupation

29- 290 000 logements ont été partiellement détruits par l’occupation et sont inhabitables

30- 69 000 tonnes d’explosifs ont été largués par l’occupation dans la bande de Gaza. 

31- 31 hôpitaux ont été rendus hors service par l’occupation

32- 53 centres de santé ont été mis hors service par l’occupation

33- 152 établissements de santé ont été partiellement détruits par l’occupation

34- 124 ambulances ont été complètement détruites par l’occupation

35- 200 sites archéologiques et patrimoniaux ont été complètement détruits par l’occupation.

Quant au travail humanitaire effectué par l’équipe de l’UJFP à Gaza :

« Nous avons fourni des repas pendant trois jours, samedi, dimanche et lundi cette semaine dans le camp qui abrite les agriculteurs, et nous sommes en communication avec plusieurs institutions locales pour les inciter à faire leur devoir en fournissant de l’aide à ces agriculteurs.

Nous espérons que de l’aide arrivera dans ce camp au cours des deux prochains jours, parce que les conditions dans le camp s’aggravent de jour en jour en raison du grand nombre de familles résidant dans et autour du camp. Ces agriculteurs n’ont aucun argent pour acheter ce dont ils ont besoin, et il y a des problèmes qui apparaissent quotidiennement, comme le manque de gaz pour cuisiner. Les prix du bois de chauffage sont devenus déraisonnables et l’utilisation du gaz de cuisson est considérée comme beaucoup moins chère que l’utilisation du bois. Cependant, les agriculteurs n’ont pas non plus d’argent pour remplir une bouteille de gaz.  

Il y a aussi des nouveau-nés, environ 15 nouveau-nés dans le camp, qui ont besoin de couches et certains d’entre eux ont besoin de lait maternisé. Les femmes après l’accouchement ont également besoin de serviettes hygiéniques et certaines ont besoin de médicaments particuliers. Ces nombreux problèmes exigent des solutions compte tenu des conditions catastrophiques que vivent ces agriculteurs en particulier. »

Abu Amir – 26 février – par téléphone avec Sarah

« Je crois que nous allons avoir le cessez-le-feu assez vite maintenant, avant le Ramadan. Pour la première fois, des médias israéliens ont rapporté que “les négociations avancent bien“ ». 

Il semble que le Hamas renonce à certains des points qu’il avait posés comme condition à la paix. 

Pourquoi maintenant, après avoir détruit Gaza, disent des gens en colère, insistant sur le bilan totalement négatif de la guerre actuelle. Les gens ont absolument besoin du cessez-le-feu. 

Un peu d’aide est enfin entré par le nord de la bande de Gaza (pas par Eretz, mais par un ancien point de passage fermé depuis 2011, Karni, à l’est de Gaza-ville). 

La Jordanie a parachuté de l’aide depuis des avions, mais c’est une opération médiatique, d’ailleurs une partie est tombée dans la mer, des pêcheurs ont pu en ramener. Une opération faite pour les médias, pour que le peuple jordanien reste tranquille.

J’ai vu également que de nombreux camions se dirigeaient vers  Gaza-ville. Il y a eu des accords, comme quoi les camions arrivent par la route de la mer, plutôt que de pénétrer vers le centre. De là, des personnes se chargeront d’apporter l’aide vers le centre. 

Les USA souhaitaient que ce soit la police palestinienne qui s’en charge, mais Israël refuse, elle tient que ce soit confié à des organisations approuvées par lui. 

Qui se charge de la distribution, c’est un point sur lequel l’occupation entend être décisionnaire.

C’est dans ce but de contrôle qu’Israël s’efforce de rentrer en contact avec des mokhtars, des organisations, etc… Leur objectif n’est pas l’aide, mais bien le contrôle. 

Hier, j’ai pu emprunter la route Salaadin. De la route vous pouvez voir la barrière de séparation, il n’y a plus une maison debout. Plus rien des deux côtés de la route jusqu’à Deir al-Balah ! Nous retournons 50 ans en arrière. À l’est de Khan Younis, tout est vide, plus de maison… Du centre de Khan Younis jusqu’à la mer, tout est détruit. 

Pour être honnête, nous n’avons pas envie de combattre. Nous sommes fatigués, nous devons mettre toutes nos forces pour reconstruire notre société. Rendre la bande de Gaza habitable, cela va demander 20 ans. Vous savez qu’il y avait des destructions de 2014 non encore réparées…

Sans compter la lutte pour le contrôle : divers pays ont proposé de s’investir dans la reconstruction, mais Israël ne l’entend pas ainsi : “nous ne laisserons aucun pays décider pour la reconstruction de Gaza, c’est nous qui choisirons qui construira.” 

Tout doit se passer sous le contrôle d’Israël. Mais ce qui mobilise la population aujourd’hui, c’est la recherche de nourriture, de vêtements, de ce dont les enfants ont besoin. 

Après le cessez-le-feu, la situation sera très difficile entre les gens. Je me base sur ce qui se passe au camp des paysans – et ils appartiennent tous à la même grande famille (Abu Taïma). Or chaque heure amène son problème. Il faut comprendre qu’il y a des centaines et des centaines de familles. A surgi par exemple un problème à propos d’une femme quittant son mari, problème qui a enflammé les familles, j’ai eu beaucoup de mal à calmer les esprits. Et il ne s’agit que du camp, pouvez-vous imaginer sur l’ensemble de la bande de Gaza ! 

Quand on aura le cessez-le-feu, cela prendra beaucoup de temps de retourner à une normalité.

Pour parler un peu plus des besoins du camp :

Les paysans manquent de gaz pour cuisiner, et le bois est excessivement cher, il faudrait pouvoir les aider. Nous avons au camp 15 nouveaux-nés, il nous faut des couches. Il faut des serviettes hygiéniques pour les femmes, il faut des médicaments…! 

Enfin, un dernier point très inquiétant pour le futur : Israël revendique une nouvelle bande le long de la barrière de séparation, qu’ils ont fixée dans un premier temps d’une largeur d’un km. Même s’ils se montrent éventuellement moins avides, ils construisent bel et bien une nouvelle route “en dur”, entre Salaadin et le chemin baptisé Route de la victoire. Il ne s’agit pas seulement de son tracé, c’est une route “officielle”,  sur laquelle l’armée pourra circuler. Nous allons nous retrouver comme en Cisjordanie, avec l’occupant à l’intérieur. »