Partager la publication "L’experte de l’ONU Francesca Albanese rejette les sanctions US « obscènes » pour avoir critiqué Israël"
Al Jazeera, 10 juillet 2025.– L’experte de l’ONU Francesca Albanese a qualifié d’« obscène » la décision des États-Unis de la sanctionner, affirmant qu’elle est prise pour cible pour avoir dénoncé le génocide israélien à Gaza.
S’adressant jeudi à Al Jazeera, Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, a déclaré qu’elle ne se laisserait pas intimider par la décision américaine prise mercredi contre elle.
Albanese a souligné que les sanctions imposées par l’administration du président Donald Trump ne mettraient pas fin à sa « quête du respect de la justice et du droit international ».
La rapporteuse spéciale a déclaré que les tactiques de Washington lui rappelaient les « techniques d’intimidation de la mafia », avant de suggérer que « les sanctions ne fonctionneront que si les gens ont peur et cessent de s’engager ».
« Je tiens à rappeler à tous que la raison pour laquelle ces sanctions sont imposées est la quête de justice », a déclaré Albanese. « Bien sûr, j’ai critiqué Israël. Il commet un génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », a-t-elle ajouté.
Lors de l’annonce des sanctions mercredi, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a accusé Albanese de mener une « campagne de guerre politique et économique contre les États-Unis et Israël ».
La rapporteur de l’ONU a répliqué jeudi, soulignant que les atrocités commises à Gaza n’étaient pas seulement dues aux « ambitions territoriales incessantes d’Israël » et au soutien de ses partisans, mais aussi aux « entreprises qui en tirent profit ».
La semaine dernière, elle a publié un rapport cartographiant les entreprises qui aident Israël à déplacer les Palestiniens et à mener une guerre génocidaire contre Gaza, en violation du droit international.
Albanese a déclaré à Al Jazeera qu’elle était en train d’évaluer les effets des sanctions américaines sur elle.
Elle a toutefois affirmé que ses problèmes n’étaient rien comparés à ceux auxquels les Palestiniens sont confrontés à Gaza pendant les bombardements, les opérations terrestres et le blocus israéliens.
Albanese a également visé la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), la qualifiant de « piège mortel ». Ce groupe, soutenu par Israël et les États-Unis, gère les sites de distribution d’aide où des centaines de Palestiniens sont abattus depuis fin mai alors qu’ils font la queue pour de la nourriture.
La décision prise contre Albanese constitue un « dangereux précédent »
L’expert de l’ONU a également défendu l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les actions israéliennes à Gaza et sa décision de demander l’arrestation du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour crimes de guerre.
Rubio a dit que les initiatives d’Albanese pour que des poursuites soient engagées contre des responsables israéliens devant la CPI constituaient le fondement juridique des sanctions contre elle.
Le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a été l’un des critiques des sanctions américaines contre Albanese.
Tout en soulignant qu’Albanese relève du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et non du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, a qualifié cette décision de « dangereux précédent ».
« Le recours à des sanctions unilatérales contre des rapporteurs spéciaux ou tout autre expert ou fonctionnaire de l’ONU est inacceptable », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Jurg Lauber, a également déploré la décision prise contre Albanese. « J’appelle tous les États membres de l’ONU à coopérer pleinement avec les rapporteurs spéciaux et les titulaires de mandat du Conseil et à s’abstenir de tout acte d’intimidation ou de représailles à leur encontre », a déclaré Lauber.
La campagne israélienne à Gaza a détruit la majeure partie du territoire et tué plus de 57.575 Palestiniens au cours des 21 derniers mois, selon les autorités sanitaires locales.
Article original en anglais sur Al Jazeera / Traduction MR