Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 403 / 18 mai – Continuité des activités humanitaires de l’équipe UJFP à Gaza"
Brigitte Challande, 19 mai 2025. Dans une situation de catastrophe humanitaire décrite et écrite plusieurs fois par jour par Abu Amir pour lutter contre le silence, ici le 18 mai, les équipes continuent à garantir une dignité vitale.
« Face à la catastrophe humanitaire continue dans la bande de Gaza, les équipes de l’UJFP poursuivent leur rôle humanitaire en apportant aide et soutien aux familles touchées, en particulier aux agriculteurs ayant perdu leurs terres et leurs moyens de subsistance en raison de l’agression persistante.
Les activités se sont diversifiées au cours de la semaine dernière, englobant les domaines de l’alimentation, de l’eau, de l’éducation et de l’habillement, en mettant l’accent sur les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les familles toujours bloquées dans les zones frontalières. Cette présence constante sur le terrain témoigne de l’engagement à intervenir directement et à répondre rapidement, malgré les risques et les restrictions.
Dans le cadre de ses efforts pour lutter contre la faim et garantir un minimum de sécurité alimentaire, les équipes de l’UJFP continuent d’exploiter le centre de distribution de repas dans la région d’Abu Taima, où des repas chauds sont préparés et distribués quotidiennement aux familles d’agriculteurs restées sur place. Le centre cible également les camps voisins ayant accueilli de nombreuses familles déplacées en provenance de Khuza’a et Abu Taima. Malgré des conditions difficiles, l’équipe veille à préparer et à livrer les repas à un maximum de familles dans le besoin. Ce centre n’est plus seulement un lieu de distribution de nourriture, mais il est devenu un refuge humanitaire apportant un sentiment de sécurité et de dignité dans un environnement où les familles ont tout perdu.
Parallèlement, nos équipes poursuivent leurs efforts acharnés pour faire fonctionner les puits d’eau, les générateurs électriques et l’unité de dessalement d’eau dans les régions d’Abu Taima et de Khuza’a, afin de fournir de l’eau potable aux rares familles restantes dans ces zones frontalières assiégées. Les équipes surmontent continuellement les défis techniques et logistiques pour garantir l’approvisionnement en eau tous les deux jours – un acte vital pour des centaines de familles qui n’ont pas pu quitter leurs foyers ou ont choisi de rester pour s’occuper de leurs terres et de leur bétail. Ces efforts constants constituent une bouée de sauvetage pour des zones privées de tout service public depuis plusieurs mois.
Malgré toutes les conditions difficiles, un signe d’espoir est apparu avec le retour de certains agriculteurs déplacés, qui ont repris la culture des terres intérieures de la région d’Abu Taima, notamment celles encore hors de la zone d’évacuation directe. Les équipes de l’UJFP se sont empressées de soutenir cette initiative en apportant l’eau nécessaire à l’irrigation des cultures. Ce geste simple représente un acte de résistance agricole qui redonne à la terre sa fonction première : donner la vie. De nombreux agriculteurs ont affirmé que le retour à la culture, même avec des moyens rudimentaires, leur a redonné un sentiment de valeur et de continuité. Le soutien dans l’acheminement de l’eau a été un facteur clé pour réussir cette tentative.
Dans un territoire où les enfants sont les premières victimes de la faim et du déplacement, les équipes ont veillé à fournir des vêtements aux enfants des agriculteurs dans les camps du sud de la bande de Gaza. La semaine dernière, l’équipe a pu collecter et distribuer 340 vêtements d’été neufs aux enfants déplacés de Khuza’a, Abu Taima et Abasan vers le camp Al-Fajr dans la zone d’Al-Mawasi, à Khan Younès. Le moment de la distribution était empreint d’émotion : les mères ont exprimé leur joie par des youyous, et les enfants ont immédiatement enfilé leurs vêtements, comme s’ils revêtaient l’espoir lui-même. Cette initiative n’était pas seulement une opération de distribution, mais un effort pour redonner le sourire à des visages privés de joie depuis des mois, et restaurer un peu de dignité aux familles.
Dans le domaine de l’éducation, l’UJFP poursuit son soutien aux centres d’enseignement d’urgence créés dans les zones sinistrées, convaincue que les enfants ont le droit d’apprendre, même au milieu des ruines. Le centre éducatif d’Abu Taima fonctionne toujours à pleine capacité, accueillant chaque jour des dizaines d’enfants ayant perdu leur école à cause des bombardements. Des cours simplifiés en langue arabe et en mathématiques sont proposés, en mettant l’accent sur le soutien psychologique et social, et en créant un environnement sûr permettant aux enfants de s’exprimer et de retrouver un sentiment de routine. Les enseignants y travaillent avec un moral élevé, convaincus que le livre et le stylo sont une forme quotidienne de résistance face à la machine de guerre.
Quant à l’école Premier Pas dans l’ouest de Nuseirat, elle est devenue un repère important pour les parents et les enfants, après avoir réussi à organiser un processus éducatif efficace dans un espace de seulement 300 m², comprenant des salles de classe et une cour ouverte de 150 m². L’école accueille aujourd’hui plus de 500 enfants de tous niveaux, après avoir obtenu la reconnaissance de l’UNESCO il y a deux semaines, suivie cette semaine par une reconnaissance officielle du ministère de l’Éducation, confirmant son statut d’établissement scolaire. En plus de l’enseignement de base, l’école propose des activités récréatives, artistiques et sportives, offrant ainsi aux enfants des moments de joie au cœur de leur réalité tragique. Cette école n’est pas un simple bâtiment, mais un petit rêve réalisé parmi les décombres, une fenêtre ouverte sur un monde plus humain.
Ces actions représentent un exemple vivant de ce qui peut être accompli avec de la volonté et de la persévérance, même dans les circonstances les plus sombres. Par son travail de terrain, l’équipe de l’UJFP prouve que l’action humanitaire ne se limite pas à distribuer de l’aide, mais qu’elle consiste aussi à construire des ponts d’espoir, à raviver une étincelle de vie dans l’obscurité, et à redonner du sens à ce qui a été détruit ou oublié. En temps de guerre, les petits détails – un repas chaud, une leçon simple, une bouteille d’eau, un morceau de tissu – deviennent les plus grandes formes de résistance, et chacun d’eux représente une promesse : celle que ce peuple ne sera pas vaincu. »
Photos et des vidéos de travaux humanitaires ICI.
Photos et vidéos du programme éducatif ICI.
Photos de la culture des terres dans la région d’Abu Taima’a ICI.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268) Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392)
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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.