« Elle est la première goutte de pluie » : Manar attend la libération d’Osama Ashqar après 23 ans dans une prison israélienne

Quds News Network, 15 février 2025. Pendant des années, Manar Khalawi a gardé espoir. Elle n’avait jamais rencontré Osama Ashqar en personne avant leurs fiançailles, mais contre toute attente, c’est lui qu’elle a choisi. Présentée par sa cousine, Bahaa Odeh, elle-même emprisonnée, elle a lu l’histoire d’Osama, a appris des choses sur sa vie et a su qu’il était l’homme de sa vie. Même s’il purgeait huit peines de prison à vie plus 50 ans, elle n’a pas hésité. En 2020, alors qu’il était toujours derrière les barreaux, ils se sont fiancés. Leur seul lien depuis lors s’est fait par messages radio.

Osama n’était pas censé être libre – du moins pas sans un échange de prisonniers. Sa condamnation rendait impossible cette libération. Son nom est célèbre dans la résistance pour son rôle dans les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa du Fatah à Tulkarem. Pendant 23 ans, il est resté enfermé, persuadé qu’il ne partirait peut-être jamais.

Mais aujourd’hui, Osama rentre chez lui.

Sa famille a reçu la confirmation. Il fait partie de la sixième phase de l’accord d’échange de prisonniers entre la résistance palestinienne et Israël. À ses côtés, 369 prisonniers palestiniens seront libérés. Parmi eux, 36 purgent une peine de prison à vie, tandis que les 333 autres ont été arrêtés à Gaza après le 7 octobre.

Manar n’a jamais cessé d’attendre. Elle s’est accrochée à un amour qui n’existait qu’à travers des mots, des lettres transmises en secret, des ondes radio porteuses d’espoir. Elle rêvait du jour où il serait libre, du moment où il entrerait enfin dans la vie qu’ils avaient imaginée.

Osama voit son histoire d’amour avec Manar comme un acte de défi. « Mes fiançailles avec elle ont été ma porte d’entrée vers la liberté », a-t-il dit un jour. « La première goutte de pluie dans la tempête de la libération. Défier l’occupation signifie continuer la vie en prison – étudier, obtenir un diplôme, se fiancer, voire construire un avenir au-delà de ces murs. Les prisonniers palestiniens font partie d’une cause juste, qui ne prendra fin qu’avec l’occupation. »

Dans sa cellule, Osama a refusé de laisser le temps le briser. Il est devenu écrivain, membre de l’Union des écrivains et auteurs palestiniens. Il a publié deux livres : Un autre goût de prison et Lettres qui ont brisé les chaînes. À chaque page qu’il a écrite, il a repoussé les barreaux qui l’enfermaient.

Maintenant, alors qu’il se prépare à sortir de prison, il va rencontrer Manar pour la première fois en tant qu’homme libre. Il verra le monde après plus de deux décennies d’obscurité. Il commencera enfin la vie que la prison a tenté de lui voler.

Pour Manar, ce jour est tout. Elle n’a pas simplement attendu : elle a construit un avenir dans son cœur. Elle l’a choisi alors que le monde lui disait de ne pas le faire. Et aujourd’hui, après 23 ans, il rentre enfin à la maison.

Article original en anglais sur Quds News Network / Traduction MR