Partager la publication "Israël n’a aucun plan cohérent pour Gaza, le plan Trump le prouve"
Robert Inlakesh, 25 novembre 2025.- L’accord de cessez-le-feu conclu à la hâte à Gaza était moins destiné à apporter un véritable soulagement qu’à tester de nouvelles stratégies visant à démanteler la Résistance palestinienne tout en accordant à l’armée israélienne un répit bienvenu. Le flou du plan proposé par le président américain Donald Trump ne fait que souligner cette réalité, et pourtant, la soi-disant communauté internationale choisit, honteusement, de le cautionner.
La récente résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU constitue ni plus ni moins qu’un feu vert pour une opération internationale de changement de régime menée par les États-Unis. Cette opération vise à impliquer une force militaire multinationale dans le génocide à Gaza, dans une tentative désespérée d’anéantir la résistance palestinienne pour le compte d’Israël. Si une telle solution est envisagée, c’est uniquement parce que l’entité sioniste a échoué.
Dès le départ, suite à l’opération menée par le Hamas le 7 octobre 2023, les Israéliens ont clairement affiché leur intention de commettre un génocide. Leur réputation et les fondements mêmes de leur régime ont été ébranlés. Soudain, une solution militaire a semblé à portée de main de l’entité occupante. Aussi, dans un élan désespéré, ils ont accéléré leurs efforts et sont parvenus à la conclusion logique de tout projet de colonisation de peuplement : l’anéantissement total de la population autochtone.
L’idéologie ethno-suprématiste du régime sioniste s’est révélée dans sa forme la plus extrême, car le projet lui-même semblait menacé. Leur solution : l’anéantissement, une solution finale pour Gaza. Selon eux, le massacre de civils et la destruction totale des infrastructures de Gaza anéantiraient non seulement la cause palestinienne, mais aussi toute notion régionale de résistance.
En bref, ils ont échoué. Au contraire, la population de Gaza n’a jamais baissé les bras, et sa volonté de résister à tout prix est restée intacte. Soudain, les Israéliens se sont retrouvés pris dans un conflit digne de la guerre du Vietnam.
La Résistance palestinienne est une force qui, selon ses propres estimations, ne comptait pas plus de 50.000 combattants, armés d’armes de fabrication artisanale, la plupart étant composées des explosifs que les Israéliens avaient eux-mêmes largués sur le territoire assiégé. Gaza est un territoire de déplacés, d’opprimés, d’affamés, de rêveurs qui aspirent à la liberté.
Au début du génocide, cette guérilla n’avait aucune chance de mener une guerre conventionnelle et dépendait donc des embuscades. Le camp adverse comptait des centaines de milliers de soldats israéliens, équipés des armes les plus sophistiquées au monde et soutenus par tous les gouvernements occidentaux, y compris la première superpuissance militaire mondiale, les États-Unis.
Pourtant, malgré leur équipement, leur technologie, leurs services de renseignement et leur supériorité sur le champ de bataille, ils furent incapables de vaincre la Résistance qui combattait depuis des tunnels et parmi les décombres de leurs quartiers détruits. Au lieu de cibler les combattants et de les attaquer directement, le régime sioniste s’en prit à la population civile, persuadé que si le peuple était vaincu, la Résistance suivrait.
Le monde entier a assisté en direct à ce génocide et s’est naturellement identifié aux opprimés, beaucoup voyant dans les habitants de Gaza un reflet de leur propre humanité. Bien que le dénouement ait pris des années, même la population de la plus grande superpuissance mondiale fut captivée par ce petit groupe, au point de bouleverser profondément la politique intérieure américaine.
Tandis que leurs gouvernements continuaient de soutenir les Israéliens et de se soumettre aux pressions des lobbyistes et des milliardaires, les populations de ces pays commencèrent à s’identifier à la cause palestinienne, à la cause du peuple de Gaza…
Au fil du temps, le régime israélien tenta de mettre en œuvre d’innombrables stratégies pour anéantir les Palestiniens de Gaza. Ils les repoussèrent du nord au sud, puis vers le centre de l’enclave côtière assiégée. Ils rasèrent tout sur leur passage, éliminèrent les principaux dirigeants, assassinèrent les journalistes qui disaient la vérité et détruisirent les hôpitaux et les abris. Ils affamèrent Gaza ; ils employèrent des collaborateurs à l’intérieur comme à l’extérieur de la bande de Gaza.
Les sionistes propagèrent mensonge sur mensonge ; ils firent des milliers de prisonniers, se moquèrent des femmes palestiniennes mortes en défilant en sous-vêtements. Ils commirent des viols de masse, des humiliations sexuelles et créèrent des centres de torture. Tous les soi-disant dirigeants musulmans, à quelques rares exceptions près, les trahirent et aidèrent les Israéliens à commettre leur génocide.
Fin 2024, les Israéliens ont tenté de mettre en œuvre le « Plan du Général », mais sans succès. Ils ont ensuite lancé l’« Opération Chariots de Gédéon », puis l’« Opération Chariots de Gédéon 2 », soit le plan d’occupation de la ville de Gaza. Ces tentatives ont également échoué.
Parallèlement, la société israélienne s’est désintégrée de l’intérieur, se radicalisant encore davantage. Son économie s’est effondrée et d’importants investissements ont été liquidés. Les colonies du nord ont été partiellement détruites et le tourisme intérieur, tant au nord qu’au sud, s’est effondré. Face à ce chaos et à cet échec, les dirigeants israéliens se sont engagés dans une guerre sur plusieurs fronts.
Malgré des victoires tactiques remportées contre le Hezbollah au Liban et même en Iran, grâce à des opérations de renseignement et des assassinats ciblés, ils n’ont pas réussi à obtenir de victoire stratégique. Leur tentative d’affaiblir l’Iran a échoué et ils ont été contraints à un cessez-le-feu. Ils ont ensuite été renvoyés sur leurs terres pour étudier comment faire progresser leur agenda par une nouvelle série d’attaques.
Poussés par le désespoir, les Israéliens ont lancé une nouvelle campagne de propagande ciblant les conservateurs aux États-Unis et dans le monde occidental, mais se révèlent incapables d’enrayer l’érosion rapide de leur soutien. Ils tentent désormais d’attiser les tensions entre la droite occidentale et les musulmans, en instrumentalisant la peur du prétendu « terrorisme islamique » et en reprenant les stratégies de la « guerre contre le terrorisme », le tout afin de détourner l’attention de leurs crimes à Gaza et du fait que leurs groupes de pression œuvrent à l’instauration d’une censure massive.
Face à cette situation, les Européens et les régimes arabes se sont mis en quête d’une solution pour sauver les Israéliens d’eux-mêmes, ou plutôt pour les récompenser de leur génocide. C’est alors qu’interviennent les États-Unis, qui ont apporté leur soutien encore plus fervent à la « Déclaration de New York » franco-saoudienne, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies.
Les dirigeants du monde ont été mis à nu, et le génocide de Gaza s’est transformé en un désastre stratégique majeur. Ces dirigeants, qui ne sont pas représentatifs de la population, n’étaient pas disposés à rompre leur soutien et leurs relations avec l’entité génocidaire. Ils ont donc ourdi un complot pour l’aider à éliminer ce qui était devenu leur propre ennemi. Partout dans le monde, les citoyens se sentent solidaires des Palestiniens, tandis que leurs dirigeants sont complices et soutiennent le génocide, même s’ils ne l’avouent pas ouvertement et même s’ils se contentent de timides condamnations de leurs alliés israéliens.
C’est là qu’intervient la résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle permet à ces nations d’aider Israël à mener à bien son projet génocidaire et à anéantir définitivement la cause palestinienne. Pourtant, elles sont confrontées à un problème majeur : il n’existe que trois options pour mettre fin à ce conflit : soit Israël anéantit totalement le peuple palestinien et la Résistance régionale, condamnant les survivants à une occupation et un exil permanents ; soit il accepte une prétendue « solution à deux États » ; soit il est vaincu.
Presque tous les alliés du régime israélien sont favorables à la « solution à deux États », une option que l’entité sioniste refuse catégoriquement. Par conséquent, tous ces plans flous visant à mener à bien une opération multinationale de changement de régime dans la bande de Gaza sont voués à l’échec, ce qui explique pourquoi la phase 2 du cessez-le-feu est quasiment impossible à mettre en œuvre intégralement. Ce serait un désastre total qui ne ferait qu’aggraver les problèmes des nations impliquées dans la soi-disant « Force internationale de stabilisation », qu’il faudrait plutôt appeler Force internationale d’invasion.
Si le plan de changement de régime de Donald Trump échoue, les Israéliens finiront par revenir à la seule chose qu’ils savent faire : perpétrer un génocide à distance. Cette période est mise à profit pour expérimenter différents plans, tout en donnant à l’armée israélienne le temps de se reconstituer. Il est fort probable que cela se retourne contre eux de façon spectaculaire.
Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR
