Israël étend la Ligne Jaune et contrôle près de 60 % de la bande de Gaza

Youssef Fares, 26 novembre 2025.– Israël renforce son emprise sur la bande de Gaza, étendant la zone de la « ligne jaune » et commettant des violations quotidiennes sans que les médiateurs ni la communauté internationale ne réagissent. La semaine dernière, l’occupation israélienne a repoussé cette zone de 300 mètres vers l’ouest, ajoutant de nouveaux blocs de béton jaunes à l’est de Shujaiya, Shaaf et à l’est de Tuffah. Elle s’est également emparée de davantage de terres dans les camps de Jabalia, Beit Lahia, Bani Suhaila et Al-Qarara. L’armée impose désormais un contrôle de tir permanent sur plusieurs centaines de mètres autour de ces positions, ce qui lui confère un contrôle effectif sur près de 60 % de la bande de Gaza.

Cette zone étendue est devenue le théâtre de meurtres quasi quotidiens. Dimanche, une journée décrite comme relativement calme, les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens. L’armée a affirmé que trois d’entre eux avaient franchi la ligne jaune, ce que des témoins ont contesté. Les forces israéliennes ont abattu un autre homme à Shaaf, bien au-delà de la ligne jaune.

Ce contrôle permet à l’armée de façonner le récit, tandis qu’aucune vérification indépendante ne peut être effectuée. Ce schéma reflète une approche plus large où Israël redéfinit les paramètres du cessez-le-feu en fonction de ses « besoins sécuritaires », tout en normalisant les violations régulières.

Samedi soir a marqué la dernière escalade, la quatrième en 44 jours. L’armée a affirmé qu’un combattant des Brigades Al-Qassam avait attaqué ses positions le long de la ligne jaune, à l’est de Khan Younis. Quelques heures plus tard, elle a lancé une campagne d’assassinats planifiée visant des figures importantes des factions armées palestiniennes.

Des frappes aériennes israéliennes ont touché une voiture civile dans le centre de Gaza, faisant cinq morts. Le porte-parole de l’armée a déclaré que parmi les victimes figurait le responsable logistique des Brigades Al-Qassam. D’autres frappes ont touché des habitations à Gaza et dans le camp de Nuseirat, ainsi qu’un appartement abritant de nombreux déplacés. Les frappes ont tué 20 Palestiniens et en ont blessé 83.

Bien que l’escalade ait été brève, les frappes visaient des commandants ayant survécu à de multiples tentatives d’assassinat ces deux dernières années. Ce schéma suggère que chaque vague d’attaques contre des cibles de grande valeur est motivée par de nouveaux renseignements. L’armée a affirmé avoir tué Alaa al-Hadidi, responsable de l’approvisionnement au quartier général de production du Hamas et commandant adjoint de la brigade de Gaza. Elle a également revendiqué récemment la mort d’Imad Aslim, commandant du bataillon Al-Zeitoun, lors d’une frappe contre un bâtiment abritant des familles déplacées. Aslim jouait un rôle clé dans les embuscades à Al-Zeitoun et avait déjà été annoncé mort à plusieurs reprises.

Ces affrontements s’accompagnent de démolitions nocturnes massives. À Tal Al-Zaatar, à l’est de Jabalia, des bulldozers ont rasé toutes les maisons et les ont remplacées par une base militaire surélevée d’où des chars tirent sur les habitants qui rentrent chez eux. À Shujaiya, l’armée poursuit la construction de nouvelles positions militaires et de postes de communication, renforçant ainsi son emprise sur la région alors même que la mise en œuvre de la deuxième phase du cessez-le-feu reste bloquée.

L’ampleur de ces constructions, comparables à des colonies, et des activités logistiques qui en découlent, indique que l’occupation israélienne n’a aucune intention de passer à la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu, qui exige un retrait jusqu’à la « ligne rouge », près de la barrière frontalière.

Parallèlement, une délégation du Hamas, conduite par le chef du Conseil de direction, Muhammad Darwish, et comprenant Khaled Meshaal, Khalil Al-Hayya, Nizar Awadallah, Zaher Jabarin et Ghazi Hamad, membre du Bureau politique, a rencontré il y a deux jours au Caire le chef des services de renseignement égyptiens, Hassan Rashad. Les discussions ont porté sur l’état d’avancement du cessez-le-feu, la situation à Gaza et les contours de la deuxième phase de l’accord.

Dans un communiqué, le Hamas a déclaré que la délégation avait réaffirmé son plein engagement envers la première phase et appelé à mettre fin aux violations persistantes de l’occupation israélienne grâce à un mécanisme de contrôle clair supervisé par les médiateurs. Les discussions ont également porté sur la situation des combattants de Rafah dans le sud, le Hamas soulignant que toute communication avec eux est coupée dans les zones orientales sous contrôle d’occupation.

Selon l’AFP, un responsable du Hamas a indiqué que les réunions aborderont également la question de la mise en place d’un comité technocratique palestinien indépendant. La délégation devrait tenir des réunions bilatérales avec plusieurs factions palestiniennes afin de discuter de la situation interne, de la gouvernance de Gaza et des efforts déployés pour organiser une prochaine réunion Fatah-Hamas au Caire.

Article original en anglais sur Al-Akhbar / Traduction MR