Démilitarisation, génocide et paradigme des deux États

Ramona Wadi, 2 octobre 2025. – L’appel à la démilitarisation de Gaza n’est pas nouveau. L’absurdité de démilitariser une lutte de résistance anticoloniale face à un génocide israélien high-tech soutenu par l’impérialisme, « sous la supervision d’observateurs indépendants », comme le stipule le plan américain, ne fait que démontrer qui définit les discours et qui contrôle l’extermination continue des Palestiniens de leurs terres. Israël, comme tous les pays qui ont exprimé leur approbation pour prétendument mettre fin au génocide, n’a fait qu’affirmer son soutien au génocide.

En appelant à la démilitarisation de Gaza pour rendre le peuple palestinien totalement impuissant face aux dernières technologies militaires israéliennes, l’impunité du génocide israélien est scellée. La démilitarisation justifiera le discours sécuritaire d’Israël. Et dans le contexte de toutes les autres mesures coercitives incluses dans le plan du président américain Donald Trump pour Gaza, la démilitarisation justifie également l’absence d’État palestinien, déjà inscrite dans le paradigme défunt des deux États.

Il n’est donc pas étonnant que tant de dirigeants occidentaux et arabes aient rapidement approuvé un plan s’appuyant sur les mesures et plans oppressifs antérieurs qui ont abouti au génocide actuel. Le plan en 20 points de Trump ne dissimule pas l’intention de séparer Gaza du peuple palestinien, et la démilitarisation sera un élément clé de ce discours si elle est mise en œuvre.

Le génocide israélien à Gaza prouve la légitimité de la résistance anticoloniale. Pourtant, les dirigeants mondiaux parlent de négociations – le type de celles qui permettent à l’Occident d’orienter son héritage colonial contre le peuple palestinien. Seul le président colombien Gustavo Petro a défié l’apathie internationale intentionnelle quand il a parlé d’une armée internationale « de nations qui n’acceptent pas le génocide » pour libérer la Palestine. Face aux appels à la démilitarisation de Gaza, Petro a appelé à une résistance internationaliste contre le colonialisme et le génocide. Et l’improbabilité d’une telle éventualité ne fait que souligner les failles des conceptions occidentales de la justice et des droits humains, désormais caduques.

Lorsque des pays peuvent reconnaître un État palestinien inexistant et soutenir la démilitarisation de Gaza tout en armant Israël pour qu’il poursuive son génocide, il est logique que les Palestiniens se défendent par tous les moyens contre cette nouvelle phase de violence coloniale. Or, comme le montre clairement le plan de Trump, l’Occident souhaite approfondir les divergences entre colonisateur et colonisé, où seul le premier est digne, et donc en droit, de posséder et d’utiliser des armes.

Le peuple palestinien, quant à lui, n’est que le bénéficiaire de l’aide humanitaire, aliment du paradigme humanitaire. La conception occidentale de la Palestine n’envisage même pas une sécurité alimentaire autonome pour les Palestiniens qui disposaient de terres abondantes avant la colonisation sioniste, car la satisfaction des besoins fondamentaux des colonisés ouvre davantage de possibilités à la résistance au colonialisme. Le paradigme des deux États soutient la démilitarisation. Celle-ci empêche l’émergence d’un État palestinien. Actuellement, elle garantit également que les Palestiniens ne bénéficieront d’aucune protection contre le génocide.

L’insistance du monde à rendre le peuple palestinien encore plus vulnérable au colonialisme israélien affaiblit le vernis qui protège les soutiens internationaux d’Israël. Parmi tous les partisans du paradigme des deux États, qui s’est prononcé contre la démilitarisation, ne serait-ce que pour garantir la création d’un État palestinien ?

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR