Handala, 4 septembre 2025.- Cher Journal, il est 4h47 du matin et je n’arrive pas à dormir. Les soldats de l’occupation israélienne sont toujours là, dans notre ville, transformant notre nuit tranquille en cauchemar. Ils se déchainent depuis tout à l’heure, prennent d’assaut les maisons, frappent les gens dans leurs lits et saccagent tout à l’intérieur : meubles renversés, murs fracassés et effets personnels éparpillés comme des détritus. C’est de la terreur pure, de celle qui fait battre le cœur rien qu’en entendant le bruit des bottes dehors.

Saccage d’un appartement par les forces d’occupation à Naplouse, le 4 septembre 2025 au matin (d’autres photos sur Quds News Network)
Ils ne se sont pas arrêtés aux maisons. Ils ont attaqué une ambulance, arrêté les ambulanciers qui essayaient simplement de soigner les blessés. Des gamins, des enfants innocents, réveillés par la terreur, ont jeté un coup d’œil dehors pour voir ce qui se passait et ont été frappés eux aussi, sur place, dans les rues. Les soldats ont bouclé toutes les entrées et sorties de la ville, piégeant les gens à l’extérieur de chez eux. Ils ont entassé les gens dans d’autres maisons palestiniennes, verrouillé les portes et pris les clés de leurs voitures pour que personne ne puisse bouger. Puis ils ont commencé à voler : des voitures remorquées par leurs jeeps, les crissements de métal sur la chaussée ont résonné toute la nuit et réveillé tout le monde. Ils ont pillé des magasins, se sont emparés de cigarettes palestiniennes et arabes, et de tout ce qu’ils pouvaient transporter. Du vol pur et simple.
Je suis assis ici, bien éveillé, à surveiller notre petite maison. Ma famille est tout pour moi, et s’ils font irruption, je dois être prêt à les protéger, à m’assurer que personne ne soit blessé et que rien ne soit détruit ou volé. Nous ne sommes pas des combattants ici ; notre ville est paisible. Nous n’avons pas d’armes, nous ne jetons même pas de pierres. Nous sommes sans défense face à cette occupation illégale et brutale, cet apartheid qui nous traite comme des étrangers sur notre propre terre.

Saccage d’un appartement par les forces d’occupation à Beit Ummar, au sud de la Cisjordanie occupée, le 3 septembre 2025. Les forces d’occupation ont ensuite arrêté un jeune de la famille. (d’autres photos sur Nakba1948)
Cette persécution n’est pas nouvelle, mais ce soir, elle semble pire, comme s’ils redoublaient d’efforts pour nous briser. Israël continue de voler nos terres, petit à petit, nous empêchant de construire sur notre propre propriété enregistrée pendant qu’il étend ses colonies qui entourent notre ville. Les points de contrôle transforment un court trajet jusqu’à la ville voisine en heures d’humiliation, à attendre sous un soleil de plomb. Ils emprisonnent nos enfants sans raison et nous battent ou nous tuent quand bon leur semble. Nous n’avons pas reçu l’intégralité de notre salaire depuis plus de deux ans, car Israël saisit l’argent que nous avons gagné à la sueur de notre front. Personne à l’extérieur ne semble entendre nos cris ; notre histoire est délibérément enterrée sous des gros titres qui ignorent le quotidien de cette injustice.

Raid nocturne des forces d’occupation à Kufr Qalil, au sud de Naplouse, le 2 septembre 2025 (d’autres photos & vidéos sur Eye on Palestine)
Je crois qu’ils en rajoutent dans la violence pour rendre la vie si insupportable que nous pliions bagage et quittions notre patrie ancestrale. Mais c’est notre foyer, ce sont nos racines.
Quand ce terrorisme, cette colonisation et ce vol israéliens prendront-ils enfin fin ?
Quand nous, Palestiniens, obtiendrons-nous nos droits humains fondamentaux, notre liberté et notre droit à l’autodétermination sur notre propre patrie ancestrale ?
Épuisés, mais inébranlables.
Handala, 4 septembre 2025.
Article original en anglais sur le compte X de Handala / Traduction MR