Partager la publication "Vous dites soutenir un État palestinien, voici pourquoi vous ne pouvez pas exiger le désarmement"
Quds News Network, 3 août 2025. Le ministère allemand des Affaires étrangères a récemment réitéré une position occidentale commune :
« L’Allemagne soutient le droit du peuple palestinien à son propre État… Le Hamas doit déposer les armes et ne plus jouer de rôle politique.»
La remarque fait écho à un message international plus large. Les dirigeants occidentaux affirment soutenir la création d’un État palestinien, mais seulement si la résistance est désarmée et certaines factions exclues. Bien que cette position puisse paraître équilibrée, elle est en réalité profondément contradictoire et dangereuse.
Voici pourquoi on ne peut pas prôner un État palestinien indépendant tout en exigeant que les Palestiniens renoncent à leur seul moyen de lutter contre l’occupation.
Que signifie réellement un État indépendant ?
Un État est plus qu’un drapeau ou un siège à l’ONU. Il implique une souveraineté totale, le contrôle des frontières, du territoire, de l’espace aérien, des ressources et des décisions politiques.
Si les soldats israéliens peuvent pénétrer à volonté dans les villes palestiniennes, si les frappes aériennes peuvent raser des villes sans avertissement, et si les déplacements dépendent de permis et de points de contrôle, alors il n’existe pas de véritable État.
Exiger le désarmement avant la fin de l’occupation sape l’idée même d’indépendance. Cela transforme un futur État palestinien en une entité non souveraine, éternellement vulnérable au pouvoir israélien.
Les Palestiniens n’ont pas inventé le conflit. Ils ont hérité de l’occupation.
Pendant des décennies, Israël a étendu ses colonies en Cisjordanie, imposé un siège à Gaza et mené des attaques militaires répétées. Les démolitions de maisons, les arrestations massives et les meurtres sont monnaie courante. Les enfants grandissent sous les drones et les points de contrôle, et non dans la liberté.
La résistance armée, comme toutes les formes de résistance, est née de cette situation. Elle n’est pas la cause de la violence, mais une réponse à celle-ci.
Demander aux Palestiniens de déposer les armes alors que les attaques israéliennes se poursuivent, c’est leur demander d’abandonner leur dernière ligne de défense.
Que se passe-t-il lorsque la résistance est désarmée ?
La Cisjordanie nous en montre déjà les conséquences. L’Autorité palestinienne subit des pressions pour réprimer les groupes de résistance en échange d’une reconnaissance et d’un financement internationaux.
En contrepartie, elle a acquis une autonomie limitée sous la surveillance constante d’Israël. Elle a perdu sa légitimité auprès de son propre peuple. Son pouvoir dépend de la coopération israélienne, et non de la force palestinienne.
Comparez cela aux mouvements de libération du monde entier. En Algérie, au Vietnam et en Afrique du Sud, la résistance armée a joué un rôle central dans la fin du régime colonial. Dans aucun de ces cas, les opprimés n’ont désarmé avant le retrait des oppresseurs.
Comme le souligne l’expert juridique Ihsan Adel :
« Des dizaines de résolutions de l’ONU soutiennent les mouvements de libération nationale… y compris la lutte armée… La Déclaration sur les relations amicales reconnaît le droit de résister aux actions forcées étrangères qui privent les peuples de leur autodétermination. »
Un État sous contrôle n’est pas un État
On ne peut pas tout avoir. On ne peut pas soutenir l’État palestinien tout en insistant sur le fait qu’Israël reste la seule puissance armée de la région.
Un tel « État » serait un morceau de terre sans souveraineté. Il serait sans défense face à de futures incursions, frappes de drones ou raids militaires. Il fonctionnerait davantage comme un protectorat dépendant que comme une nation libre.
Le désarmement sous occupation ne mène pas à la paix. Il conduit à une soumission forcée.
Pourquoi seuls les opprimés sont-ils priés de désarmer ?
Israël possède l’une des armées les plus puissantes du monde. Il dispose d’un arsenal nucléaire, de drones sophistiqués, de chars et d’une supériorité aérienne. Aucun gouvernement occidental n’exige qu’Israël désarme avant le début des négociations de paix.
Pourquoi, alors, le désarmement est-il exigé uniquement des Palestiniens ?
Ce deux poids – deux mesures met en évidence le déséquilibre des pouvoirs au cœur des prétendues initiatives de paix. Une paix véritable exige symétrie, responsabilité mutuelle et justice. On ne peut construire la paix en dépouillant les colonisés de leur pouvoir tout en laissant le colonisateur conserver toutes ses armes.
Ibrahim Fraihat, de Brookings, l’a clairement exprimé :
« Si Israël a le droit de se défendre… alors les Palestiniens ont certainement le droit de se protéger de la violence israélienne brutale et croissante.»
En vertu du droit international, les personnes sous occupation étrangère ont le droit de résister. La résolution 37/43 de l’Assemblée générale des Nations Unies affirme :
« La légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance… par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée. » La juriste Lynda Burstein Brayer affirme clairement que cela légitime la résistance palestinienne.
Bien sûr, il existe des limites juridiques et morales. Les attaques contre des civils constituent des crimes de guerre. Mais cibler les forces militaires d’une puissance occupante est reconnu comme une résistance légitime.
Comme l’a souligné l’ancien rapporteur spécial des Nations Unies, Richard Falk :
« Le droit des peuples à résister… n’a pas été reconnu en droit international pendant longtemps… mais les philosophes politiques ont reconnu un droit à la révolution face à la tyrannie. »
Que veut vraiment Israël ?
Lorsqu’Israël exige le désarmement, il n’appelle pas à la paix. Il exige la soumission.
Le désarmement s’inscrit dans une stratégie plus vaste visant à neutraliser la résistance palestinienne tout en poursuivant l’occupation, l’expansion des colonies et le vol de terres. Présenté comme un « besoin de sécurité », il enferme en pratique les Palestiniens dans une position d’impuissance.
Sans résistance, Israël peut imposer sa volonté sans conséquences. Sans levier, les Palestiniens n’ont rien à négocier.
Les exigences occidentales en matière de désarmement aggravent également les divisions palestiniennes internes. À Gaza, les groupes de résistance restent armés. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne est désarmée et subordonnée aux forces israéliennes.
Cette division affaiblit le projet de libération nationale et alimente la méfiance interne. Elle fragmente la cause palestinienne au moment même où l’unité est la plus nécessaire.
L’écrivain Louis Allday met en garde contre cette ingérence étrangère dans les luttes anticoloniales :
« Ceux qui ne subissent pas une occupation militaire brutale n’ont pas le droit de juger la manière dont [les peuples opprimés] affrontent les colonisateurs. »
Article original en anglais sur Quds News Network / Traduction MR