La communauté internationale se tourne vers le paradigme humanitaire pour se sauver elle-même, pas pour sauver Gaza

Ramona Wadi, 29 juillet 2025. – Si la communauté internationale avait décidé d’adopter une position unifiée contre les plans initiaux visant à affamer la population de Gaza, Israël n’aurait désormais plus personne vers qui se tourner. Il a fallu les atrocités commises sur les sites de distribution coordonnés par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), les Palestiniens mourant de faim et, plus récemment, la photo d’un petit garçon palestinien tenu par sa mère, pour susciter des condamnations croissantes de la politique israélienne de famine, que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou continue de récuser.

Manifestation à Syndey (Australie) en soutien aux Palestiniens massacrés à Gaza par l’armée d’occupation sioniste. (source)

Bien sûr, ces condamnations sans équivoque finiront par servir les intérêts d’Israël. On a laissé le génocide à Gaza sans intervention pendant trop longtemps. Rien de ce que dit la communauté internationale aujourd’hui ne pourra annuler le processus de colonisation israélienne de Gaza, à moins qu’elle n’intervienne pour empêcher à la fois le génocide et la colonisation. Ce qui, bien sûr, n’arrivera pas. Le système international des droits humains est enraciné dans le racisme, d’où le cycle de supplication envers les anciennes puissances coloniales pour obtenir des droits, pendant que ces mêmes puissances soutiennent le dernier projet colonial de peuplement servant les intérêts occidentaux.

S’accrocher tardivement aux cris des masses pour mettre fin à la famine à Gaza est une manœuvre politique. Il n’était pas nécessaire que la photo fasse le tour des réseaux sociaux pour que le Premier ministre australien Anthony Albanese déclare partager « la détresse que les gens du monde entier ressentiraient en voyant le jeune Mohammed, âgé d’un an ». Partout dans le monde, le génocide a bouleversé les populations depuis son début ; elles n’avaient pas besoin de preuves photographiques d’un enfant affamé pour ressentir de la détresse. Les politiciens, en revanche, fonctionnent différemment. Ils ont besoin d’une photo à l’esthétique macabre pour ressentir de la détresse.

Et si Israël a contesté la véracité de la photo, d’autres photos d’enfants palestiniens affamés n’ont pas eu le même impact. Alors, quand Israël nie l’existence de la famine, la nie-t-il sur la base d’une photo, de toutes les photos, ou de l’expérience globale de ce qui est devenu l’existence de Gaza ?

Qu’en est-il de la soudaine clameur de la communauté internationale pour reconnaître la famine à Gaza, mais pas le génocide ? Les dirigeants mondiaux prétendent-ils n’avoir rien à voir avec la famine, simplement parce qu’ils ont appelé à des pauses humanitaires et déploré la fin des opérations de l’UNRWA dans les territoires palestiniens occupés ? L’ampleur des destructions causées par les bombardements israéliens sur Gaza n’a jamais suscité de telles réactions, car la complicité dans ce volet du génocide est bien plus visible. La communauté internationale estime que le paradigme humanitaire peut encore protéger ses auteurs. Par conséquent, dénoncer la famine, surtout lorsqu’elle est embellie par des photos des mêmes personnes que la communauté internationale a aidé Israël à bombarder, est une épreuve beaucoup plus facile.

Mais il ne s’agit pas ici d’une question de stratégie diplomatique. L’accent est mis, après tout, sur le fait que les Palestiniens vivent le génocide à Gaza comme la dernière étape de la stratégie coloniale d’Israël. La famine fait partie de la stratégie génocidaire d’Israël, et les diplomates mettent en œuvre des mesures stratégiques pour permettre à Israël de réaliser ses ambitions territoriales au détriment des vies palestiniennes, qui devraient compter selon le droit international, mais qui n’ont aucune importance en termes de diplomatie. Alors, que cherche à protéger la communauté internationale ici ? Les Palestiniens de la famine, ou elle-même d’une complicité visible dans le génocide ?

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR