En chiffres : les Arabes refusent la normalisation avec « Israël »

Al Mayadeen, 27 juillet 2025. – Près de 80 ans après l’occupation israélienne de la Palestine, la grande majorité de l’opinion publique arabe refuse toute normalisation avec « Israël ». De nouveaux sondages révèlent une baisse spectaculaire du soutien à la normalisation après la guerre israélienne contre Gaza, qui a suivi le 7 octobre 2023.

Des Palestiniens se rassemblent pour protester contre un accord entre les Émirats arabes unis et Israël visant à normaliser leurs relations, à Gaza, le 19 août 2020 [Mustafa Hassona/Agence Anadolu] (Source)

Selon les derniers sondages du Baromètre arabe menés entre 2023 et 2024, le soutien à la normalisation arabe avec le régime israélien a atteint des niveaux historiquement bas. Dans aucun des huit pays d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord étudiés, le soutien de l’opinion publique n’a dépassé 13 %.

Les sondages de la vague VIII du Baromètre arabe, qui ont couvert l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, la Palestine et la Tunisie, ont montré un déclin régional constant du souhait de normalisation. Le Maroc a vu son taux chuter de 31 % en 2022 à 13 % après le 7 octobre ; le Liban de 17 % à 12 % ; l’Irak de 14 % à 13 % ; la Mauritanie de 8 % à 4 % ; et la Jordanie de 5 % à 3 %.

Avant les accords de normalisation de 2020, le soutien à la normalisation avec « Israël » était déjà limité. Dans une enquête de 2018-2019, le Soudan enregistrait le niveau le plus élevé, soit 32 %, tandis que le Yémen affichait le niveau le plus bas, soit 5 %.

« Israël » est la principale menace régionale

Dans toute la région, « Israël » a été le plus souvent cité comme la principale menace à la stabilité régionale. Le Liban affichait la perception la plus élevée, soit 79 %, suivi de la Palestine (63 %), de l’Égypte (54 %), de la Jordanie (42 %) et du Maroc (27 %).

En Égypte et en Jordanie, les jeunes répondants étaient nettement moins susceptibles de considérer « Israël » comme la principale menace, tandis qu’en Palestine, la population plus jeune a manifesté une inquiétude accrue.

Mouvements de protestation

Le sentiment public contre la normalisation s’est traduit par des manifestations dans toute la région, selon le ministère des Affaires étrangères. En avril 2025, le plus grand syndicat marocain a exhorté le gouvernement à interdire l’entrée de ces navires dans les eaux marocaines et a organisé une série de manifestations en solidarité avec Gaza.

La Jordanie a connu des manifestations quotidiennes depuis le 7 octobre, les autorités ayant rappelé leur ambassadeur d’« Israël » et imposé une interdiction aux Frères musulmans.

Au Koweït, où les manifestations ont été restreintes, 84 % des citoyens ont boycotté les entreprises pro-israéliennes, 62 % ont fait des dons à Gaza et beaucoup ont partagé des messages de solidarité en ligne.

Faible popularité des alliés d’« Israël » également

Le sentiment public envers les alliés occidentaux d’« Israël » s’est fortement détérioré. L’opinion publique favorable aux Etats-Unis a chuté de 23 points en Jordanie et de 19 en Mauritanie. La popularité de la France a reculé de 20 points au Liban et de 17 en Mauritanie.

Le Royaume-Uni a enregistré la plus forte baisse au Maroc, avec une baisse de 38 points. En revanche, l’opinion publique chinoise a connu une hausse significative : 16 points en Jordanie, 15 au Maroc, 10 en Irak et 6 au Liban.

Les données de la vague VIII du Baromètre arabe ont été collectées dans neuf pays entre septembre 2023 et juillet 2024, la plupart des enquêtes étant achevées avant mars 2024. Ce calendrier signifie que les résultats ne reflètent pas l’opinion publique arabe suite à plusieurs événements régionaux importants, notamment la guerre d’« Israël » contre le Liban, puis contre l’Iran, et l’agression israélienne contre la Syrie.

Les données de l’enquête représentent donc l’opinion publique au cours des neuf premiers mois suivant le 7 octobre 2023, mais sont antérieures à ces escalades ultérieures qui ont pu influencer davantage les attitudes régionales envers « Israël ».

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR