Partager la publication "L’alternative d’Israël à la colonisation reste la colonisation"
Ramona Wadi, 24 juillet 2025. Qu’Israël décide de poursuivre ses soi-disant villes humanitaires ou d’occuper davantage de territoire à Gaza, le résultat final reste la colonisation. La communauté internationale est trop occupée à gérer la dynamique de la nouvelle dimension humanitaire et à préserver sa pertinence diplomatique pour se soucier des plus infimes vestiges des droits humains.

Des familles palestiniennes fuient à nouveau les abris près de la zone d’Al-Mawasi alors que l’armée israélienne étend son offensive terrestre et que les chars atteignent le sud-ouest de Khan Younis, à Gaza, le 10 juillet 2025. [Hani Alshaer – Anadolu Agency]
Si Israël s’empare de davantage de territoire, où iront les Palestiniens ?
Selon le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, l’armée israélienne occupe 70 % du territoire de Gaza. Si Israël occupe davantage de territoire à Gaza et que les Palestiniens ne sont pas autorisés à rentrer chez eux, le concept de camp de concentration, encore plus restreint que l’image précédente de Gaza comme camp de concentration, se matérialisera.
Que le projet de « ville humanitaire » soit mis en œuvre, qu’Israël décide d’occuper et, à terme, de coloniser davantage de territoire à Gaza, ou les deux, la communauté internationale est confrontée au déplacement forcé du peuple palestinien à Gaza. Elle est témoin des répercussions du nettoyage ethnique sioniste des Palestiniens de Palestine en 1948, qu’elle a non seulement autorisé, mais aussi légitimé.
Récemment, la commissaire européenne chargée de l’égalité, de la préparation et de la gestion des crises, et les ministres des Affaires étrangères de 30 pays ont publié une déclaration commune qui, sur le papier, s’oppose aux actions d’Israël à Gaza et à l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée. « Le déplacement forcé permanent constitue une violation du droit international humanitaire », peut-on lire en partie dans la déclaration concernant Gaza. Concernant la Cisjordanie occupée, « nous nous opposons fermement à toute mesure visant à un changement territorial ou démographique dans les territoires palestiniens occupés.»
Au-delà des discours, que font réellement ces pays pour s’opposer aux actions d’Israël ? Rien. Les déplacements forcés permanents constituaient une violation bien avant le génocide de Gaza, mais les diplomates de l’époque disposaient d’un paradigme humanitaire sur lequel s’appuyer. Il était plus facile pour la communauté internationale de normaliser les déplacements forcés de Palestiniens par Israël lorsqu’elle pouvait compter sur l’UNRWA pour fournir le strict minimum, comme elle l’avait toujours souhaité.
La communauté internationale n’est pas véritablement opposée aux déplacements forcés ou aux changements démographiques. Si elle l’était, les Palestiniens ne seraient pas restés réfugiés depuis 1948. Ce qui inquiète la communauté internationale, c’est sa perte de pertinence, qui s’érode davantage à mesure qu’elle s’abstient de s’opposer à Israël et de le tenir responsable. Observer en coulisses et maintenir les accords commerciaux, tout en publiant une déclaration qui a encore moins de sens que les résolutions non contraignantes de l’ONU, ne protège pas les Palestiniens. Quelle que soit la voie choisie par Israël, les Palestiniens continueront d’être déplacés de force au vu et au su de tous, et la communauté internationale continuera de s’inquiéter de la disparition d’un paradigme humanitaire défaillant et de déplorer la perte de sa propre pertinence.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR