Charlotee Amelia, 25 juillet 2025.– Dans un contexte exceptionnel qui pourrait remodeler l’un des lieux touristiques les plus dynamiques d’Asie du Sud-Est, le gouvernement thaïlandais a annoncé aujourd’hui qu’il envisageait activement une interdiction ou une restriction temporaire de l’entrée des touristes israéliens sur son territoire, invoquant une forte augmentation des plaintes pour « comportement hostile, irrespectueux et culturellement insensible » de la part de visiteurs israéliens au cours de l’année écoulée.

À Pai, en Thaïlande, des restaurants affichent des panneaux interdisant l’entrée aux touristes israéliens, indiquant « pas d’Israéliens ici » .

Si la Thaïlande accueille depuis longtemps des millions de touristes étrangers chaque année et s’est forgée une réputation d’une destination parmi les plus accueillantes au monde, les autorités affirment que les incidents récents impliquant des voyageurs israéliens sont devenus trop fréquents – et trop graves – pour être ignorés. Lors d’une conférence de presse au ministère des Affaires étrangères à Bangkok, le vice-Premier ministre et ministre du Tourisme, Supachai Arunrak, a déclaré :

« La Thaïlande a toujours ouvert son cœur et son territoire aux visiteurs de tous les pays. Cependant, les signalements répétés de nos citoyens, d’entreprises locales et des forces de l’ordre faisant état de comportements inappropriés, notamment de la part de ressortissants israéliens, nous obligent à reconsidérer nos conditions d’accueil des touristes.»

Le ministre a souligné qu’aucune décision définitive n’avait été prise, mais a reconnu que le gouvernement envisageait « des restrictions d’entrée temporaires ou des codes de conduite pour les touristes israéliens », à moins que « des améliorations immédiates ne soient constatées dans les comportements ».

Les plaintes atteignent un point de non-retour

Selon un rapport interne divulgué à la presse thaïlandaise la semaine dernière, plus de 1.400 plaintes ont été déposées au cours des neuf derniers mois contre des touristes israéliens, principalement dans des destinations balnéaires prisées comme Phuket, Koh Phangan, Pattaya et Chiang Mai.

Il s’agit notamment d’allégations de : irrespect des coutumes locales, comme l’entrée dans les temples torse nu ou en état d’ébriété ; affrontements agressifs avec des vendeurs thaïlandais et le personnel hôtelier ; implication dans des altercations physiques avec d’autres touristes et des locaux ; infractions liées à la drogue et comportements tapageurs lors de fêtes de pleine lune ; non-respect des règles d’immigration et de visa, y compris dépassement de la durée de séjour autorisée.

Certains touristes israéliens auraient également publié des contenus incendiaires sur les réseaux sociaux se moquant de la culture thaïlandaise, suscitant l’indignation en ligne. Ces vidéos sont devenues virales en Thaïlande et ont contribué à accroître la pression publique sur le gouvernement pour qu’il réagisse.

Une vidéo particulièrement controversée montrait un groupe de voyageurs israéliens se moquant du salut traditionnel Wai et riant lors d’une cérémonie bouddhiste, ce qui a suscité une condamnation généralisée et même des manifestations devant l’ambassade d’Israël à Bangkok au début du mois.

Réponse du gouvernement et tollé général croissant

Supachai a clairement indiqué que le problème ne concernait pas le peuple israélien dans son ensemble, mais un « schéma de comportement qui témoigne d’un manque de respect envers les valeurs, les lois et l’hospitalité thaïlandaises ».

Il a ajouté :

« Il ne s’agit pas d’une question raciale ou religieuse. Nous exigeons simplement que tous les visiteurs qui entrent dans notre pays le traitent, ainsi que ses habitants, avec le même respect qu’ils attendent chez eux. »

Sur les plateformes de médias sociaux thaïlandaises comme Twitter (X) et Facebook, des hashtags tels que #RespectThailand et #BanIsraeliTourists sont en vogue depuis plusieurs jours. Des milliers d’utilisateurs thaïlandais ont partagé des témoignages de confrontations avec des touristes israéliens, certains affirmant qu’ils évitent désormais de travailler dans les lieux touristiques en raison de « l’impolitesse et du sentiment d’avoir tous les droits ».

Par ailleurs, une pétition lancée par une ONG thaïlandaise appelant à la suspension de la délivrance de visa à l’arrivée pour les citoyens israéliens a recueilli plus de 180.000 signatures en moins d’une semaine.

Réaction israélienne : Choc et déni

Le ministère israélien des Affaires étrangères a exprimé sa « profonde inquiétude » face aux déclarations du gouvernement thaïlandais et a appelé à une réunion urgente avec les diplomates thaïlandais à Tel-Aviv.

« Nous sommes surpris et déçus par les propos tenus aujourd’hui », a déclaré le ministère dans un communiqué. « Israël et la Thaïlande entretiennent depuis des décennies des relations bilatérales solides, notamment dans les domaines économique et touristique. Nous espérons clarifier tout malentendu et trouver une solution par le dialogue.»

Cependant, même en Israël, les réactions ont été mitigées. Tomer Weiss, célèbre blogueur de voyage israélien récemment rentré de Koh Samui, a déclaré dans une vidéo devenue virale :

« J’ai voyagé dans plus de 40 pays. Aucun endroit n’est aussi accueillant et beau que la Thaïlande. Mais oui, nous, Israéliens, devons être de meilleurs touristes. Nous ne pouvons pas faire comme si le monde était notre terrain de jeu. »

D’autres ont défendu les voyageurs israéliens, accusant la Thaïlande de céder à l’indignation en ligne et de ne pas en faire assez pour enquêter équitablement sur les allégations. Cependant, le gouvernement israélien a désormais émis des avis de voyage à l’intention de ses citoyens, les exhortant à « respecter les normes locales » lorsqu’ils se rendent en Asie du Sud-Est.

Implications diplomatiques et économiques

La Thaïlande est depuis longtemps une destination prisée des voyageurs israéliens, avec plus de 200.000 visiteurs par an avant la pandémie. Le pays exerce un attrait unique sur les jeunes Israéliens, notamment ceux qui ont effectué leur service militaire, offrant un mélange de nature, de vie nocturne et de retraite spirituelle.

Une interdiction totale, même temporaire, pourrait coûter des dizaines de millions de dollars à l’économie thaïlandaise en pertes de revenus. Mais selon les responsables du tourisme, le coût des troubles publics persistants et l’atteinte à la réputation causée par les incidents viraux pourraient l’emporter sur ce risque.

L’analyste touristique Nalinee Chaisiri a déclaré à la chaîne thaïlandaise PBS :

« L’image de marque de la Thaïlande repose sur le respect et l’harmonie. Si certains groupes perturbent systématiquement cet équilibre, le gouvernement doit agir, non seulement pour l’économie, mais aussi pour la dignité nationale.»

Que va-t-il se passer ensuite ?

Le conseil des ministres thaïlandais doit tenir une session extraordinaire la semaine prochaine afin d’examiner les options politiques, notamment :

*Une suspension temporaire des visas pour les citoyens israéliens

*Des séances d’information culturelle obligatoires à l’arrivée

*Un système de trois avertissements pour les infractions touristiques

*La désignation des voyageurs israéliens comme entrants « à haute surveillance » à l’immigration.

En attendant, le débat fait rage, tant en Thaïlande qu’à l’étranger. Ce qui a commencé comme une série de plaintes isolées s’est transformé en une véritable crise diplomatique.

Article original en anglais sur Vocal.media / Traduction MR