Aide humanitaire et violence coloniale

Ramona Wadi, 1er juillet 2025. Alors que le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF) fait l’objet d’une surveillance accrue, l’armée israélienne a tenté de rallier des soutiens aux opérations de l’agence, affirmant qu’elle offrait aux Palestiniens l’occasion de manger dans une autre main que celle du groupe terroriste, en référence au Hamas. L’armée a également déclaré ne pas tirer intentionnellement sur des civils palestiniens, mais se concentrer sur le « maintien de l’ordre dans une situation chaotique ».

Pendant ce temps, les États-Unis ont approuvé un financement de 30 millions de dollars pour le GHF et ont déclaré qu’ils appelleraient d’autres pays à soutenir financièrement l’agence. La communauté internationale continue de faire preuve d’apathie face au génocide à Gaza et de faire des déclarations qui ne s’opposent pas véritablement aux actions israéliennes et américaines à Gaza. Sans alternatives d’aide aux sites de distribution mis en place par le GHF, les Palestiniens restent pris dans des pièges mortels.

Al Jazeera a rapporté que 583 Palestiniens ont été tués sur les sites de distribution depuis le 27 mai et que 4.186 ont été blessés. En réponse aux récents meurtres de Palestiniens près des centres de distribution, l’armée israélienne a admis avoir tiré sur des civils, tandis que la GHF a déclaré ne pas avoir connaissance de Palestiniens tués près de ses sites.

L’armée israélienne a déclaré avoir « réorganisé les voies d’accès ». Israël ne peut pas fournir d’aide humanitaire dans un contexte humanitaire. La militarisation et l’arsenalisation de l’aide humanitaire ne servent qu’à alimenter le discours sur l’élimination du Hamas et, plus généralement, sur l’élimination des Palestiniens de Gaza.

Le ministre israélien des Affaires étrangères a publié une déclaration sur X accusant l’ONU de « s’aligner sur le Hamas » et affirmant que l’armée « ne cible jamais les civils ». L’absurdité de ces déclarations ne constitue pas seulement l’essentiel des querelles diplomatiques ; elle détermine également le discours sur le génocide israélien à Gaza. « L’ONU doit maintenant décider : préfère-t-elle préserver son monopole et un système qui profite au Hamas – prolongeant ainsi la guerre – ou souhaite-t-elle acheminer de l’aide humanitaire aux civils de Gaza ? » a conclu le ministère israélien des Affaires étrangères.

Cette déclaration répondait aux critiques du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’encontre du GHF, déclarant : « La quête de nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort. »

L’ONU a toujours été soucieuse d’acheminer de l’aide aux civils palestiniens. C’est une piètre réparation pour son rôle dans la légitimation de la présence coloniale d’Israël à Gaza, ainsi que sa complicité dans le colonialisme de peuplement, que l’aide humanitaire soit devenue un élément majeur de l’identité de l’ONU vis-à-vis des Palestiniens. Ce ne fut jamais un choix, à moins que le choix soit entre colonisation et décolonisation.

L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) ne pouvait faire plus que fournir de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Il n’avait aucun pouvoir pour promouvoir les droits politiques des Palestiniens. Cependant, en supprimant les opérations de l’UNRWA, l’aide humanitaire s’est totalement alignée sur les intérêts coloniaux d’Israël. La communauté internationale, complice du génocide israélien, refuse d’agir au-delà de simples déclarations de condamnation. Au vu de la déclaration de Guterres, dans quelle mesure est-il humanitaire de « chercher de la nourriture » ? Même une déclaration prétendant défendre les intérêts du peuple palestinien ne peut le défendre sans approuver la privation alimentaire.

Entre génocide et alignement international sur les atrocités actuelles et les fondements coloniaux antérieurs, comment les Palestiniens peuvent-ils survivre ? L’aide humanitaire et la violence coloniale ont toujours été alliées ; la première est un outil pour assurer la pérennité du colonialisme.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR