Dr Ezzideen, Gaza, 14 avril 2025.
Quand j’écris, ce n’est jamais pour alourdir votre cœur.
Je ne souhaite pas susciter la tristesse, ni vous rappeler la cruauté de ce monde.
La culpabilisation ne m’intéresse pas.
Seulement la mémoire.
Seulement la présence.
Croyez-moi, quand je vois des moments de joie danser sur mon écran, le rire d’un enfant, la lumière du soleil se refléter dans les cheveux, une déclaration d’amour, mon cœur sourit aussi. Surtout quand cela vient de ceux qui ont lu nos mots et les ont portés avec douceur.
Non, je ne vous écris pas pour vous draper dans notre chagrin.
Cela me fait plus mal que je ne peux l’exprimer lorsque quelqu’un avoue : « Tes mots m’ont fait pleurer. »
Ce n’est jamais le but.
Je ne veux pas jeter d’ombres sur ta journée.
Alors pourquoi est-ce que j’écris ?
J’écris parce que le silence est un effacement lent.
J’écris pour coudre nos histoires dans la trame du temps.
J’écris parce que quelque part, quelqu’un avait tout – la sécurité, la paix, le luxe banal d’un avenir – et quelqu’un d’autre, sans que ce soit de sa faute, n’avait rien de tout cela.
Je vous écris pour vous rappeler que la vie n’est pas toujours juste, mais vous pouvez l’être.
Et peut-être qu’un jour, vous vous retrouverez dans un poste de pouvoir.
Et vous vous souviendrez.
Pas pour porter notre chagrin,
mais pour porter notre mémoire.
C’est tout ce que je demande.
Juste souvenez-vous.