Netanyahou promet que la « phase finale » du génocide à Gaza mènera à la mise en œuvre du Plan Trump

Jeremy Scahill, 31 mars 2025. – Quelques heures après que le Hamas a annoncé avoir accepté un plan de cessez-le-feu, élaboré par les médiateurs égyptiens et qataris, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a présenté dimanche ses plans pour ce qu’il a qualifié de « phase finale » de sa campagne génocidaire à Gaza. « Le Hamas déposera les armes. Ses dirigeants seront autorisés à partir. Nous veillerons à la sécurité générale dans la bande de Gaza et autoriserons la mise en œuvre du plan Trump pour la migration volontaire », a déclaré Netanyahou à son cabinet dimanche, faisant référence à la menace du président Donald Trump de s’emparer de Gaza et d’expulser les Palestiniens de leurs terres. « Voici le plan. Nous ne le cachons pas et sommes prêts à en discuter à tout moment. » Netanyahou s’est également vanté : « Nous avons une alliance avec la plus grande superpuissance du monde. » Il a ensuite déclaré que le cabinet israélien avait voté en faveur de l’intensification de l’offensive militaire contre Gaza.

Victimes de l’attaque israélienne contre une maison appartenant à la famille Maqdad dans le camp de réfugiés de Khan Yunis, le 31 mars 2025. Photo d’Abed Rahim Khatib/Anadolu via Getty Images.

Le négociateur en chef du Hamas, le Dr Khalil al-Hayya, a annoncé que le Hamas avait accepté samedi un accord proposé par le Qatar et l’Égypte, les deux principaux médiateurs régionaux. « Nous ne voulons rien de nouveau. Nous voulons respecter ce qui a été signé, ce que les garants ont garanti et ce que la communauté internationale a approuvé », a déclaré al-Hayya. « Soucieux de notre peuple et de nos familles, nous avons traité toutes les offres de manière responsable et positive, dans le but d’atteindre notre objectif de mettre fin à la guerre. » Le plan qataro-égyptien accepté par le Hamas s’appuie en grande partie sur une proposition présentée par Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président Donald Trump, il y a trois semaines. Ce plan prévoit la libération de cinq prisonniers israéliens encore en vie, dont Edan Alexander, citoyen américain et soldat de Tsahal, en échange d’une trêve temporaire de 50 jours et de la reprise des négociations sur la mise en œuvre de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu de janvier.

Concernant le Plan Trump de déplacement des Palestiniens de Gaza, al-Hayya a déclaré : « Il nous est impossible d’accepter l’humiliation et la honte pour notre peuple. Il n’y aura ni déplacement ni déportation. »

Israël a déclaré samedi avoir soumis une contre-proposition au plan, précisant dans un communiqué du bureau de Netanyahou qu’il l’avait fait « en pleine coordination avec les États-Unis ». Citant des responsables israéliens, Reuters a rapporté lundi que, dans le cadre d’une trêve renouvelée, Israël exigeait le retour d’environ la moitié des vingt-quatre captifs israéliens encore vivants détenus à Gaza, ainsi que des corps de dix-sept des trente-cinq personnes décédées.

Lundi matin, Israël a émis des ordres de déplacement forcé pour la quasi-totalité du gouvernorat de Rafah, à la frontière entre Gaza et l’Égypte – la seule porte d’entrée des Palestiniens de la bande de Gaza vers un monde échappant au contrôle israélien. « L’armée israélienne reprend le combat avec une force considérable pour éliminer les capacités des organisations terroristes dans ces zones », a écrit Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne en arabe, sur le réseau social X. Il a joint une image d’une carte (ci-dessous) ordonnant à des milliers de Palestiniens de fuir immédiatement vers Al Mawasi, un camp de déplacés improvisé et surpeuplé, construit sur des dunes de sable et dépourvu de services de première nécessité comme l’eau et l’électricité.

Tout au long du week-end, alors que les Palestiniens de Gaza célébraient l’Aïd el-Fitr, la fête qui met fin au mois sacré du Ramadan, les forces israéliennes ont bombardé plusieurs zones de la bande de Gaza, ce que les journalistes locaux ont décrit comme l’un des bombardements les plus intenses des dix-sept derniers mois. Lundi, une frappe aérienne à Khan Younis a laissé un immense cratère à l’emplacement d’un ancien bâtiment. « Ces destructions massives », a déclaré Abdullah Al Attar, journaliste palestinien à Gaza, « ont été causées par les missiles de l’occupation qui ont visé la maison de la famille Al-Maqdad, remplie d’enfants et de femmes ». Tenant un fragment de munition, il a déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux : « [il] pèse plus de 15 kilogrammes. Ce sont les missiles de guerre que l’occupation utilise contre les civils. » Un voisin qui a été témoin de l’attaque a déclaré à Al Attar : « Les enfants étaient heureux pour l’Aïd et dormaient. Je n’ai pas entendu la frappe et je me suis réveillé au son des cris des enfants [de Maqdad]. Je ne savais pas où j’étais et je pensais que mes enfants et mon mari avaient été tués. »

Au moins cinquante-trois Palestiniens ont été tués lors d’attaques israéliennes rien que dimanche. Une frappe aérienne israélienne sur des personnes déplacées à Khan Younis a tué seize personnes, dont neuf enfants et trois femmes, selon des responsables médicaux locaux. « Ils sont morts dans leurs tenues de l’Aïd », a déclaré une proche des victimes à Al Jazeera Arabic. « Pourquoi nous ont-ils fait ça ? » Parmi les sites touchés figuraient des tentes abritant des personnes déplacées. Des images macabres, publiées sur les réseaux sociaux par des témoins, montraient les corps ensanglantés d’enfants tués lors de l’attaque. Ils ont dû être retirés des ruines déchiquetées de tentes et de couvertures.

À Shujaiya, un quartier de l’est de la ville de Gaza, une frappe aérienne sur une maison familiale a tué plusieurs personnes, dont au moins un jeune enfant. « Nous sommes en train de mourir. C’est le premier jour de l’Aïd. C’est un enfant, le voyez-vous ? » a demandé un homme en portant le corps ensanglanté de l’enfant dans les rues. « Dieu nous suffit, et il est le meilleur pour gérer les affaires. Il va célébrer un meilleur Aïd au paradis avec Dieu. »

Un bénévole médical à Gaza a rapporté dimanche avoir « passé toute la matinée et l’après-midi à découper des vêtements de l’Aïd flambant neufs sur des enfants morts ». Au cours des dernières 48 heures, selon le ministère de la Santé de Gaza, 80 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées lors d’attaques israéliennes. Ces statistiques sont probablement sous-estimées, car elles ne prennent en compte que les personnes admises dans les hôpitaux et autres établissements médicaux.

Depuis qu’Israël a repris sa guerre génocidaire contre Gaza, de hauts responsables israéliens ont juré que, si le Hamas ne libérait pas unilatéralement les prisonniers israéliens, il saisirait « définitivement » les terres palestiniennes. « Plus le Hamas persiste dans son refus de libérer les otages, plus il perdra de territoire, qui sera annexé à Israël », a déclaré le ministre de la Défense Israël Katz peu après la reprise des frappes aériennes massives contre Gaza le 18 mars. Ces attaques ont tué plus de 1.000 Palestiniens, en majorité des enfants et des femmes.

Alors qu’Israël poursuit ses bombardements terroristes sur Gaza, les preuves s’accumulent selon lesquelles les forces israéliennes ont récemment exécuté sommairement plus d’une douzaine de travailleurs humanitaires du Croissant-Rouge palestinien (CRSP) et des équipes locales de la défense civile à Rafah le 23 mars. Israël a d’abord déclaré avoir tiré sur des « véhicules suspects » dans la zone, avant de reconnaître plus tard avoir tiré sur une ambulance et d’autres véhicules de secours. Pour tenter de prodiguer les premiers soins aux personnes blessées lors d’une attaque israélienne, des secouristes et des équipes médicales s’étaient déployés dans le quartier de Hashashin à Rafah, et n’avaient plus donné de nouvelles depuis. Samedi, des responsables du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) ont accompagné des travailleurs du Croissant-Rouge palestinien sur les lieux du massacre pour récupérer les corps dans ce que les responsables ont décrit comme une « fosse commune ». Un travailleur de l’ONU figurait parmi les personnes retrouvées mortes.

Le chef du bureau local d’OCHA, Jonathan Whittall, a déclaré dans un message sur X que les travailleurs disparus avaient été envoyés pour secourir les blessés lorsque « les cinq ambulances et un camion de pompiers ont été touchés, ainsi qu’un véhicule de l’ONU arrivé plus tard ». Pendant cinq jours après l’incident, a-t-il déclaré, Israël a refusé à l’ONU le droit de récupérer ou d’aider les secouristes. Lors d’une tentative d’atteindre le site, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur d’autres civils dans la zone, tirant une balle dans la tête d’une Palestinienne ainsi que d’un homme qui tentait de la secourir. « De retour le lendemain, nous avons finalement pu atteindre le site et avons découvert une scène dévastatrice : les ambulances, le véhicule de l’ONU et le camion de pompiers avaient été écrasés et partiellement enterrés. Après des heures de fouilles, nous avons récupéré un corps – un travailleur de la Défense civile sous son camion de pompiers », a déclaré Whittal dimanche. « Le premier jour de l’Aïd, nous sommes revenus et avons récupéré les corps enterrés de huit membres du Croissant-Rouge palestinien, de six membres de la Défense civile et d’un membre du personnel de l’ONU. Ils ont été tués en uniforme, au volant de leurs véhicules clairement identifiés, avec leurs gants. Ils étaient en route pour sauver des vies. Cela n’aurait jamais dû arriver. » Au total, quinze corps ont été retrouvés sur les lieux. Yousef Harb, vice-ministre de la Santé de Gaza, a fait le point depuis l’hôpital Nasser : « Certains membres de la Défense civile ont été retrouvés menottés. Presque tous présentaient des blessures par balle à la tête et à la poitrine, et ils étaient enterrés dans des trous profonds. » Le Croissant-Rouge palestinien a exigé que « les auteurs de ce crime de guerre soient tenus responsables et qu’une enquête immédiate et urgente soit menée afin que justice soit rendue aux victimes de ce massacre. »

« Les armes de résistance constituent une ligne rouge. »

Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, a déclaré dans un communiqué que les nouvelles attaques israéliennes contre Gaza ont entraîné la mort de « patients tués dans leurs lits d’hôpital. Des ambulances ont été la cible de tirs. Des secouristes ont été tués. » Il a ajouté que « les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice dans l’affaire relative à l’application de la Convention sur le génocide restent en vigueur. Et pourtant, la situation perdure sans que les responsables soient tenus de rendre des comptes. Par conséquent, si les principes fondamentaux du droit humanitaire comptent encore, la communauté internationale doit agir, tant qu’elle le peut, pour les faire respecter. »

Depuis la signature d’un accord de cessez-le-feu avec le Hamas le 17 janvier, Israël a systématiquement violé cet accord en continuant de tuer des Palestiniens. Si les livraisons de nourriture et de fournitures médicales ont augmenté pendant la première phase de 42 jours de l’accord, Israël a largement bloqué la livraison de tentes, de mobil-homes et de matériel de construction à la bande de Gaza et a refusé de négocier la mise en œuvre de la deuxième phase de 42 jours. La deuxième phase aurait dû voir le retrait complet des forces israéliennes de Gaza et la libération de tous les prisonniers israéliens restants. Au lieu de cela, Israël a annoncé un blocus total de Gaza, interdisant toute aide ou livraison de nourriture. Israël a coupé les dernières alimentations électriques de la bande de Gaza, puis a repris la guerre à grande échelle le 18 mars avec une série de frappes massives à travers Gaza, tuant près de 200 enfants en quelques heures.

Alors que les combattants de la résistance palestinienne ont lancé quelques tirs de roquettes contre Israël en réponse, les forces des Brigades Qassam du Hamas et de Saraya al-Qods, la branche armée du Jihad islamique palestinien, ont largement retenu leurs tirs face aux attaques israéliennes massives. Cela s’explique en partie par le fait que les négociateurs politiques du Hamas ont poursuivi les discussions avec les médiateurs internationaux et ont publiquement appelé la communauté internationale à contraindre Israël à cesser ses violations de l’accord et à revenir au cadre convenu. Netanyahou a affirmé qu’Israël ne négocierait que tout en poursuivant son assaut militaire sur Gaza et qu’aucun accord durable ne serait conclu sans le désarmement du Hamas et l’expulsion de ses dirigeants de la bande de Gaza. Aucune de ces exigences ne figurait dans l’accord de cessez-le-feu signé en janvier.

Le Hamas a déclaré publiquement qu’il ne cherchait pas à gouverner Gaza et qu’il céderait le contrôle officiel de la bande à un comité technique indépendant dirigé par des Palestiniens. Il a également affirmé que le désarmement des forces de résistance à Gaza ne serait pas négociable tant que la Palestine ne disposerait pas de ses propres forces armées officielles, capables de défendre son droit à l’autodétermination et de résister à l’occupation coloniale.

« À ceux qui parient que le Hamas et les factions de la résistance peuvent abandonner leurs responsabilités ou livrer notre peuple et nos familles à un destin inconnu, contrôlé à sa guise par l’occupation, nous leur disons : vous vous trompez », a déclaré al-Hayya, négociateur en chef du Hamas. « Quant aux armes de résistance, elles constituent une ligne rouge et sont liées à l’existence de l’occupation et à la création d’un État palestinien indépendant. Si l’occupation persiste, elle restera une arme au service du peuple et de l’État, protégeant leurs capacités et leurs droits. »

Jawa Al Muzaiel a contribué aux recherches pour cet article.

Article original en anglais sur Dropsitenews.com / Traduction MR