Les « omissions » de l’UE sur la situation à Gaza

Ramona Wadi, 27 mars 2025. – S’il existe une forme flagrante d’oubli dans la communication politique de l’Union Européenne, les conclusions du Conseil européen du 20 mars dépassent tous les exemples précédents. « Le Conseil européen est profondément alarmé par l’escalade militaire dramatique au Moyen-Orient et le risque qu’elle représente pour l’ensemble de la région », a-t-il déclaré en introduction. On pourrait s’attendre à ce qu’un tel flou soit suivi de précisions.

 

Cependant, on aurait tort.

Sous le titre « Gaza », le Conseil européen a complètement omis de mentionner Israël. Ou plutôt, il a refusé de mentionner Israël, car une telle omission n’était certainement pas involontaire.

« Le Conseil européen déplore la rupture du cessez-le-feu à Gaza, qui a fait un grand nombre de victimes civiles lors de récentes frappes aériennes », a-t-il déclaré, avant d’évoquer le plan de reconstruction et l’engagement de l’Union en faveur du paradigme des deux États. Même dans ce dernier contexte, le rapport ne mentionne pas Israël. Pendant ce temps, les médias du monde entier fournissent des détails sur les massacres de civils par Israël à Gaza, les déplacements forcés de Palestiniens et le ciblage des cantines et des tentes abritant des réfugiés palestiniens.

Tout cela est accessible au monde entier, y compris à Bruxelles.

Les médias israéliens ont rapporté que le Premier ministre Benjamin Netanyahou menaçait de saisir davantage de terres à Gaza si le Hamas ne libérait pas les otages, « ainsi que d’autres mesures que je ne détaillerai pas ici ». Parallèlement, la poursuite des bombardements sur les Palestiniens à Gaza réduit les chances de retour des otages vivants. Mais les otages israéliens ne préoccupent pas Netanyahou ; sa principale préoccupation est l’appropriation des terres à tout prix. Oh, et sa survie politique ; il ne faut pas l’oublier.

Les conclusions du Conseil européen auraient été très différentes s’il avait reconnu la culpabilité d’Israël dans le génocide, soit en renforçant le discours sécuritaire israélien, soit – ce qui est hautement improbable – en prenant position contre le génocide de Gaza. Le Conseil a cependant opté pour l’oubli, ce qui est pire. Cela signifie qu’Israël jouit d’une impunité absolue et que tout ce que les Palestiniens contestent reste bloqué dans le vide créé par l’Europe.

« Après 17 mois de génocide israélien à Gaza, le fait que l’UE refuse de nommer Israël, de condamner les frappes aériennes qui ont décimé des familles entières ou de condamner le blocage par Israël d’une aide humanitaire vitale est extraordinaire », a déclaré Eve Geddie, directrice du Bureau des institutions européennes d’Amnesty International, en réponse à la position du Conseil européen.

Comment est-il possible que l’UE ne trouve aucune faute en Israël ?

Comment l’UE, qui se complaît à se positionner en opposition au président américain Donald Trump, peut-elle entreprendre des actions qui l’alignent sur l’administration américaine ?

Je comprends, cependant : les anciennes puissances coloniales protégeront toujours leurs intérêts, même si cela implique de partir d’angles apparemment différents pour arriver au même point.

Certains pays de l’UE fournissent des armes à Israël, d’autres ont ouvertement affirmé qu’ils n’exécuteraient pas les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Netanyahou et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, tandis que d’autres refusent toujours d’adopter la reconnaissance, même symbolique, d’un État palestinien.

Paradoxalement, l’UE est également disposée à contribuer à la reconstruction de Gaza, tout en permettant à Israël de continuer à la détruire.

Des millions d’euros ont été gaspillés de cette manière au fil des ans. Il semble que seule l’UE puisse saisir la logique de cette mascarade d’inquiétude où l’agresseur n’est pas mentionné, et qui constitue une complicité manifeste dans l’anéantissement du peuple palestinien. Par Israël, bien sûr, même si l’UE ne le dira ni ne le suggérera. Voilà à quoi ressemble l’oubli imposé par l’UE.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR