Adnan Hmidan, 20 mars 2025. Gaza n’est pas seulement un lieu fréquemment bombardé, dont nous pouvons voir les images aux informations et sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, Gaza est aussi un défi de conscience pour chaque individu, une histoire écrite par tous ceux qui choisissent de participer à la lutte pour la justice contre l’oppression. Chaque immeuble démoli écrit des lignes tragiques, chaque enfant martyrisé grave des actes d’héroïsme dans nos mémoires. Alors, comment écrire notre histoire en soutien à Gaza ?
Serons-nous de simples spectateurs des massacres ? Nous autoriserons-nous à pleurer un moment, pour ensuite oublier, comme beaucoup le font ? Ou serons-nous de ceux qui ne s’arrêtent pas aux mots, mais défendent fermement ce qui est juste, avec toute la force dont ils disposent, et inscriront leurs noms en lettres capitales dans les livres d’histoire, ceux qui ont choisi de participer au changement pour de bon ? Certains peuvent penser que leur rôle est insignifiant, qu’ils n’ont aucun pouvoir d’influence, mais il n’est pas cliché de dire que l’injustice ne persiste que lorsque les honnêtes gens gardent le silence. La vérité peut être plus forte que n’importe quelle arme. De plus, se taire ne signifie pas être neutre. Et, pour reprendre les mots du regretté militant anti-apartheid Desmond Tutu, « Si vous êtes neutre dans des situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur. » Vous êtes complice de l’injustice.
Si nous ne pouvons pas contribuer à la solution, abstenons-nous au moins de propager des mensonges ou de justifier l’oppression. Si nous ne pouvons pas soutenir physiquement les opprimés, alors nous devrions au moins être un moyen de mettre fin à l’injustice par nos paroles.
Ne soyons pas ceux qui propagent des récits trompeurs qui présentent l’agresseur comme la victime et la victime comme l’agresseur. Ne soyons pas ceux qui propagent des mensonges qui déforment la vérité. Soyons solidaires des opprimés, même si la seule chose que nous ayons à offrir est la vérité.
La guerre contre les Palestiniens de Gaza n’est pas seulement un conflit militaire ; c’est une guerre contre la conscience, la mémoire et la vérité elle-même. Le but ultime de l’agresseur est d’effacer ces trois aspects. Ce qui est visé aujourd’hui, ce n’est pas seulement la terre, mais aussi le droit à la vie et à la dignité. La bataille ne se limite pas au champ de bataille, mais s’étend au domaine des idées, des consciences et des prises de position.
Écrire notre histoire en soutien à Gaza ne signifie pas seulement éprouver de la compassion pour les victimes du génocide israélien en attendant les inévitables moments de deuil. Cela signifie assumer la responsabilité de dire la vérité, d’être la voix des opprimés et de ne pas laisser passer les fausses informations sans contrôle.
Soutenir Gaza, c’est dire la vérité, même si cela nous coûte cher, car la vérité n’a pas besoin d’autorisation pour être dite.
Soutenir Gaza, c’est lutter contre le mensonge et la fausseté, et refuser d’accepter que les tueurs soient présentés comme des victimes ou que la destruction d’innocents et de leurs maisons soit justifiée.
Soutenir Gaza, c’est contrôler ce que nous disons ; dire ce qui est bien ou se taire.
Soutenir Gaza, c’est garder la cause vivante dans nos cœurs et nos esprits, et ne pas la laisser tomber dans l’oubli, comme le souhaitent les ennemis sionistes, qui ont misé sur l’idée que « les vieux mourront et les jeunes oublieront ».
À chaque instant, on nous demande quelle est notre position dans ce conflit. Serons-nous de ceux qui assisteront au massacre et reprendront ensuite leur vie quotidienne comme si de rien n’était ? Ou serons-nous de ceux qui insistent sur le fait que Gaza n’est pas seule dans sa lutte et que nous faisons partie de son peuple et de sa cause ?
Nous ne pouvons pas tous être des héros sur le terrain, mais nous pouvons veiller à ce que nos paroles et nos actes soient à la hauteur du défi : faire triompher la vérité sur le mensonge. Nous devons écrire notre histoire par nos paroles fortes et nos bonnes actions, en ne nous taisant pas et en ne cherchant pas à justifier l’oppression.
Les tyrans misent sur l’oubli ; nous avons foi en la vérité, qui ne meurt pas, à moins que nous ne l’abandonnions.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR