Les plans extérieurs sur leur avenir ne font qu’accroître l’oppression des Palestiniens

Ramona Wadi, 11 mars 2025. Les Palestiniens de Gaza sont pris entre deux plans imposés de l’extérieur, aucun des deux ne donnant la priorité à la décolonisation de leur territoire. Le projet américain de s’emparer de Gaza et de la transformer en « Riviera du Moyen-Orient » au profit d’Israël, que ce dernier a bien sûr approuvé, est contré par le plan égypto-arabe pour Gaza, privilégié par la communauté internationale, qui combinerait la reconstruction de l’enclave et le retour de l’Autorité palestinienne.

Les Palestiniens ont donc deux options : une collaboration américano-israélienne pour les expulser de force de Gaza, ou le retour à un régime illégitime de l’Autorité palestinienne contre lequel même les Palestiniens de Cisjordanie occupée se rebellent.

On peut affirmer sans se tromper que l’objectif ultime de ces deux plans est d’écraser la résistance palestinienne légitime.

Les médias israéliens ont rapporté que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que le ministère de la Défense travaillait à la création d’une « administration des migrations » pour superviser l’expulsion forcée des Palestiniens de Gaza. Il a souligné qu’il n’y avait aucun obstacle budgétaire. « Si nous en sortons 5.000 par jour, cela prendra un an. La logistique est complexe, car nous devons savoir qui va dans quel pays », a-t-il ajouté.

Selon la ministre israélienne des Colonies et des Projets nationaux, Orit Strock, « Tant que nous ne permettrons pas à la majorité de la population d’émigrer, nous ne supprimerons pas la menace.» Permettre l’émigration est une chose : cela implique un déplacement international volontaire, pour de meilleures perspectives ou un nouvel emploi ailleurs, tandis que déplacer de force des Palestiniens est un crime de guerre.

Yuli Edelstein, député du Likoud et président du Caucus pour la Terre d’Israël, le plus grand groupe de pression au Parlement, a déclaré : « Ce qui semblait impossible pendant des décennies semble désormais un sujet de discussion tout à fait légitime. » Une telle déclaration n’est pas surprenante. Israël a été autorisé à commettre un génocide, soi-disant pour se défendre et défendre son discours « sécuritaire ». Si la communauté internationale est restée silencieuse sur le génocide, pourquoi s’opposerait-elle soudainement et efficacement aux déplacements forcés ?

Si le plan égyptien maintient la reconstruction de Gaza sans déplacer les Palestiniens, il est important de rappeler que ce plan est approuvé par ceux qui assimilent les déplacements forcés au paradigme humanitaire, plutôt que de s’opposer au crime de guerre. Gaza abrite une population déplacée de force depuis la Nakba de 1948 ; aujourd’hui, la totalité de la population est déplacée de force à l’intérieur du pays depuis le début du génocide israélien.

L’Autorité palestinienne, dont on vante le rôle de leader à Gaza, a récemment aidé Israël à expulser les Palestiniens du camp de réfugiés de Jénine, au nom de sa collaboration sécuritaire « sacré » (selon Mahmoud Abbas) avec l’État d’occupation, tout en continuant de cibler la résistance palestinienne. Le chef de l’AP, Abbas, a évoqué la possibilité d’organiser des élections, mais ses déclarations ne sont pour l’instant que des paroles creuses.

Si le plan de Trump s’impose, la communauté internationale, qui a approuvé le plan égypto-arabe, s’opposera-t-elle à l’expulsion forcée du peuple palestinien de Gaza ?

Si le plan soutenu par la Ligue arabe est mis en œuvre, comment la question des réfugiés palestiniens sera-t-elle abordée ? Comment peut-on confier à l’AP la protection des réfugiés palestiniens à Gaza alors qu’elle a rendu les réfugiés de Jénine vulnérables aux attaques israéliennes contre leurs maisons dans le camp de réfugiés ?

La communauté internationale décidera-t-elle pour les Palestiniens qu’ils doivent accepter un statut de réfugié plutôt qu’un autre ?

Si la communauté internationale souhaite réellement s’opposer au projet américano-israélien, reconstruire Gaza ne suffit pas. Reconnaître et traiter ce qui a contraint les Palestiniens à un statut de réfugié perpétuel pendant des décennies – l’occupation coloniale israélienne – et la démanteler doivent primer. Dans le cas contraire, les impositions extérieures ne feront qu’accroître l’oppression des Palestiniens.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR