Ashkan Mombeini, 14 février 2025. La lutte d’influence autour de Gaza reflète une compétition géopolitique plus large entre les acteurs mondiaux et régionaux, dont la Turquie, ‘Israël’, les États-Unis et divers États arabes. Cette compétition est motivée par une myriade de facteurs sécuritaires, économiques et idéologiques, chaque acteur cherchant à faire avancer ses propres intérêts stratégiques.
Gaza, gouvernée par la Résistance palestinienne – en particulier le Hamas – revêt une importance immense dans cette dynamique géopolitique, servant à la fois de point focal de la résistance contre l’occupation israélienne et de champ de bataille pour les puissances régionales concurrentes.
Turquie : étendre son influence en soutenant la Palestine
Sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, la Turquie s’est positionnée comme un soutien clé du Hamas et de la Résistance palestinienne pour renforcer son influence dans le monde arabe et islamique. En soutenant le Hamas politiquement et financièrement, Ankara cherche à défier la domination occidentale dans la région et à contrer les politiques israéliennes.
La position de la Turquie sur Gaza a plusieurs objectifs : elle renforce l’image d’Erdoğan en tant que champion de la cause palestinienne, renforce le rôle de la Turquie en tant que puissance musulmane de premier plan et établit un levier dans la géopolitique plus large du Moyen-Orient. Cependant, si la Turquie soutient ouvertement Gaza, elle équilibre également ses relations avec les puissances occidentales pour préserver ses propres intérêts stratégiques.
‘Israël’ : endiguement et répression de la résistance
Pour l’entité sioniste, Gaza représente un défi sécuritaire, car elle abrite des mouvements de résistance armés qui s’opposent activement à l’occupation israélienne. Par conséquent, l’objectif principal de Tel-Aviv est d’affaiblir la Résistance palestinienne par l’agression militaire, le blocus économique et la pression diplomatique.
‘Israël’ cherche à empêcher tout changement politique à Gaza qui pourrait conduire à l’émergence d’un front palestinien unifié, craignant que cela ne renforce la lutte plus large pour la libération palestinienne. Avec le soutien indéfectible des États-Unis et d’autres alliés occidentaux, ‘Israël’ utilise des opérations militaires, des sanctions et un lobbying international pour réprimer le Hamas et maintenir son contrôle sur Gaza.
Les États-Unis : renforcer ‘Israël’, saper la Résistance palestinienne
En tant qu’allié le plus fidèle d’’Israël’, les États-Unis considèrent la Résistance palestinienne à Gaza comme une menace pour leur hégémonie régionale. Washington fournit une aide militaire et un soutien diplomatique importants à ‘Israël’, pour garantir sa capacité à réprimer la Résistance palestinienne et à maintenir sa domination dans la région.
En outre, Washington soutient les acteurs régionaux qui s’opposent au Hamas, notamment certains gouvernements arabes, dans le but d’affaiblir les forces de la Résistance et de maintenir le contrôle sur la trajectoire géopolitique de Gaza.
États arabes : intérêts divisés, calculs stratégiques
Les États arabes restent divisés sur leur approche de Gaza. Certains, comme l’Égypte et la Jordanie, voient la situation sous l’angle de la sécurité, craignant l’instabilité le long de leurs frontières. L’Égypte, qui partage une frontière avec Gaza, a historiquement joué un rôle de médiateur, facilitant souvent les cessez-le-feu.
En revanche, le Qatar s’est positionné comme un soutien financier clé de Gaza, utilisant l’aide humanitaire comme moyen d’affirmer son influence dans les affaires palestiniennes. En s’alignant sur la Turquie, le Qatar renforce son rôle de puissance régionale investie dans la cause palestinienne.
L’Arabie saoudite, de son côté, donne la priorité à la lutte contre l’influence de l’Iran dans la région et s’aligne de plus en plus sur ‘Israël’. Plutôt que de soutenir le Hamas, Riyad se concentre sur la normalisation avec Tel-Aviv, y voyant un moyen de garantir ses ambitions géopolitiques et économiques plus larges.
Conclusion
La lutte géopolitique autour de Gaza est façonnée par des intérêts concurrents qui vont des alignements idéologiques aux jeux de pouvoir stratégiques. La Turquie considère Gaza comme un front clé pour étendre son influence dans le monde musulman, tandis qu’’Israël’ et les États-Unis la voient comme un bastion de la Résistance qui doit être démantelé. Pendant ce temps, les États arabes restent divisés, certains soutenant la libération palestinienne et d’autres privilégiant la stabilité et les relations avec ‘Israël’.
En tant que point d’intersection critique entre les puissances mondiales et régionales, Gaza reste au cœur de la lutte plus large pour l’autodétermination palestinienne, ce qui garantit qu’elle continuera d’être un point focal de résistance et de manœuvres géopolitiques pour les années à venir.
Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR