Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 308 / 10 février – Nord de Gaza une crise de l’eau dans un contexte de destruction totale. La tragédie des déplacements entre le Sud et le Nord, et la présence US

Brigitte Challande, 12 février 2025. Le 10/02, ces deux articles d’Abu Amir nous alertent sur la situation de sécheresse dans le Nord de la bande de Gaza et les nouvelles formes de l’occupation sous le parrainage américain !

« Le nord de Gaza fait face à une catastrophe humanitaire.

Au milieu des conditions humanitaires catastrophiques dans le nord de Gaza, les équipes de l’UJFP poursuivent leurs efforts incessants pour alléger les souffrances des habitants confrontés à des difficultés extrêmes. Les équipes ont amené un camion-citerne dans la région de Beit Hanoun pour tenter d’atténuer la grave crise de soif qui frappe la population. Cette intervention humanitaire fait partie d’une réponse d’urgence visant à répondre à certains des besoins fondamentaux des habitants souffrant d’une grave pénurie d’eau potable après la destruction complète des infrastructures hydrauliques dans le nord de Gaza en raison des bombardements israéliens continus.

La crise de l’eau dans le nord de Gaza : la soif et la sécheresse menacent des vies

Le nord de Gaza connaît une crise de l’eau sans précédent, car la région souffre d’une soif et d’une sécheresse sévères en raison de la destruction complète des sources d’eau. Lors de sa dernière agression, l’armée israélienne a systématiquement détruit tous les puits d’eau, les centres de distribution et les usines de dessalement, entraînant une coupure totale d’eau pour des milliers de familles. En conséquence, les habitants ont du mal à obtenir la quantité minimale d’eau potable nécessaire à leur usage quotidien.

La vue de personnes transportant des conteneurs à la recherche d’eau potable est devenue une scène quotidienne, reflétant l’ampleur de la tragédie qui se déroule dans ces zones dévastées. La pénurie d’eau dévastatrice n’affecte pas seulement l’eau potable, mais a également conduit à une aggravation de la crise sanitaire, avec la propagation de maladies alors que les habitants sont contraints d’utiliser de l’eau contaminée ou insalubre.

Les hôpitaux et les centres de santé souffrent également énormément, luttant pour continuer à fournir des services dans ces conditions désastreuses.

La destruction totale transforme le nord de Gaza en zone sinistrée

L’assaut israélien ne s’est pas limité à la destruction des sources d’eau : il s’est étendu à la destruction des infrastructures, des propriétés publiques et privées, au bulldozer des terres agricoles, à la destruction des arbres et des cultures et à la démolition systématique des maisons et des installations.

Le nord de Gaza est devenu une ville fantôme inhabitable. L’armée israélienne a mené une politique de destruction totale, ne laissant rien debout, ce qui a forcé de nombreuses familles à fuir, pour ensuite revenir et se retrouver sans abri et sans aucun moyen de survie. L’armée israélienne a délibérément commis des crimes de guerre évidents, ciblant non seulement les infrastructures et les bâtiments, mais cherchant également à rendre le nord de Gaza complètement invivable. Les écoles et les hôpitaux n’ont pas été épargnés par l’agression, ce qui a aggravé encore les souffrances des habitants et rendu le retour à la vie normale dans ces zones presque impossible.

Difficultés de mouvement au milieu d’une dévastation généralisée

Au-delà de la crise de l’eau et du manque de produits de première nécessité, les habitants sont également confrontés à de graves restrictions de mouvement en raison des destructions massives qui ont transformé les rues en amas de décombres. Les routes qui reliaient autrefois différentes zones sont désormais impraticables, avec des débris de bâtiments détruits éparpillés partout, rendant l’accès aux hôpitaux, à l’eau et à la nourriture une tâche pénible et dangereuse. Se déplacer dans les quartiers dévastés du nord de Gaza est devenu presque impossible. Les habitants sont obligés de marcher à travers les décombres ou de chercher des itinéraires alternatifs au milieu des destructions, tandis que le siège en cours et le manque de ressources empêchent tout effort significatif pour éliminer les décombres.

Le nord de Gaza : une zone sinistrée à cause de l’occupation

Ce qui se passe dans le nord de Gaza ne peut être décrit que comme une catastrophe humanitaire délibérée orchestrée par l’armée israélienne. Tout porte à croire que l’occupation cherche à rendre ces zones inhabitables par une politique de la terre brûlée et une destruction systématique. Sans eau, sans électricité, sans abri et même sans routes praticables, la vie dans ces zones est devenue presque impossible, ce qui constitue une violation flagrante des lois et traités internationaux qui interdisent de prendre pour cible les civils et de détruire systématiquement les infrastructures.

Au milieu de cette terrible réalité, les équipes de l’UJFP et d’autres organisations humanitaires poursuivent leurs efforts inlassables pour fournir une aide essentielle à la population. Cependant, l’ampleur des destructions et des besoins humanitaires dépasse de loin les ressources disponibles, ce qui nécessite une intervention internationale urgente pour sauver la population de cette catastrophe humanitaire qui s’aggrave. »

Photos et vidéos ICI.

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« La tragédie des déplacements entre le sud et le nord de Gaza

La nouvelle de l’ouverture de la route entre le nord et le sud de Gaza a été une lueur d’espoir pour de nombreuses personnes bloquées dans la partie sud de la bande de Gaza.

Des informations circulaient dans les médias selon lesquelles la route serait ouverte aux véhicules et aux camions le 8 février 2025, apportant un certain soulagement aux habitants épuisés par le siège et les destructions.

Cependant, cet espoir s’est rapidement estompé, et la joie s’est transformée en profonde déception, car tout le monde était choqué par les mesures oppressives et les pratiques humiliantes imposées au poste de contrôle de « Netzarim ».

Traverser une distance de seulement 12 kilomètres est devenue une épreuve insupportable, prenant plus d’une demi-journée dans un voyage épuisant. Les premiers jours, les forces égyptiennes ont effectué des inspections de routine au poste de contrôle, ce que beaucoup attendaient et considéraient même comme quelque peu acceptable.

Mais ce qui fut inattendu, ce fut le départ soudain des forces égyptiennes, remplacées par des forces américaines ou des sociétés de sécurité privées américaines dont la seule mission semblait être d’entraver la circulation et d’humilier les voyageurs. Des milliers de véhicules ont fait la queue pendant des heures, leurs passagers souffrant de privations et d’humiliations en attendant d’être autorisés à traverser vers leurs zones.

Une grave crise de la circulation a ajouté une couche supplémentaire de souffrance à la longue liste des difficultés de Gaza, soulevant d’amères questions : est-ce ce qu’on nous avait promis ? Est-ce le « soulagement » dont ils parlaient ?

De l’autre côté de cette souffrance, alors que les véhicules s’entassaient sans fin le long de la rue Salah al-Din, des milliers d’habitants de Gaza ont été contraints de marcher sur de longues distances dans la rue Al-Rashid dans une scène tragique indescriptible. Femmes, enfants, personnes âgées et malades ont marché 12 kilomètres sous un soleil brûlant ou dans un froid glacial juste pour rejoindre leurs maisons.

Une scène qui rappelle douloureusement la souffrance quotidienne aux points de contrôle de Cisjordanie, mais qui s’est maintenant déplacée au cœur de Gaza, transformant le voyage entre les deux parties de la bande de Gaza en un voyage pénible où personne ne tient compte de la dignité ou des droits fondamentaux du peuple palestinien à se déplacer librement.

Bien que des rapports suggèrent que les forces israéliennes se soient retirées du checkpoint de Netzarim, la réalité est tout autre. L’occupation n’est pas partie ; elle a simplement changé d’uniforme et d’insignes, et est revenue sous une nouvelle forme sous le parrainage américain. L’occupation demeure, même si son apparence a changé, et l’objectif était clair depuis le début.

La déclaration de Trump sur « l’occupation de Gaza » n’est pas de simples paroles en l’air, c’est un plan exécuté à la lettre.

Israël s’efforce de remettre la bande de Gaza aux forces américaines, poursuivant sa politique de contrôle et de colonisation sous divers prétextes.

Où allons-nous ? Et où nous mèneront les jours à venir face à ce silence international et arabe écrasant ?

Comment le monde peut-il rester un spectateur passif de cette scène catastrophique et de l’expansion israélo-américaine incessante qui a dépassé toutes les limites, défiant les lois et les conventions internationales ?

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas seulement une restriction de mouvement ; c’est la continuation de la stratégie de domination de l’occupation, faisant de la vie des Palestiniens un cauchemar quotidien sans le moindre respect de la justice ou des droits de l’homme.

Ce qui se prépare pourrait être encore pire si aucune mesure concrète n’est prise pour mettre un terme à ces crimes. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.

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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.