Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 282 / 17 janvier  – L’accord : une joie teintée de peur / Poursuite des ateliers de soutien

Brigitte Challande, 18 janvier 2025. Un texte d’Abu Amir reçu le 17 Janvier au soir.

« Gaza entre joie et crainte, l’agression israélienne se poursuit malgré l’annonce d’un cessez-le-feu

Au 469ᵉ jour de l’agression israélienne contre la bande de Gaza, la situation devient de plus en plus complexe, avec une intensification des raids aériens sur diverses zones du territoire, malgré l’annonce d’un accord de cessez-le-feu qui entrera en vigueur dimanche prochain, le 18 janvier 2025. Cependant, ces dernières heures ont été marquées par une escalade majeure de la part de l’armée israélienne, qui a ciblé plus de 50 sites dans tout Gaza au cours des dernières 24 heures, causant des dizaines de morts et des centaines de blessés, en majorité des civils sans défense.

467 jours de guerre d’Israël contre Gaza (7.10.2023-17.01.2025) : 46.876 palestiniens tués ; 110.642 blessés ; 18.858 enfants tués ; 11.946 femmes tuées.

Une escalade intense avant le cessez-le-feu

Cette intensification des attaques soulève de nombreuses questions au sein de la population de Gaza quant aux intentions d’Israël dans les derniers jours précédant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Il semble que l’armée israélienne cherche à causer le maximum de pertes humaines et matérielles avant la mise en œuvre de la trêve, une stratégie qu’Israël a souvent adoptée lors de ses précédentes offensives sur Gaza. Le bilan effrayant annoncé par le ministère de la Santé à Gaza, atteignant 46.788 morts et 110.453 blessés depuis le début de l’agression le 7 octobre 2023, reflète l’ampleur de la catastrophe humanitaire dans le territoire.

Pourquoi le cessez-le-feu tarde-t-il à entrer en vigueur ?

Le report de la mise en œuvre du cessez-le-feu jusqu’à dimanche prochain suscite des interrogations légitimes parmi les habitants de Gaza, qui se demandent pourquoi cet accord n’a pas été appliqué immédiatement après son annonce. Ce délai a permis à Israël de continuer ses attaques sans entrave, exploitant le temps restant pour intensifier ses opérations destructrices.

Le rôle des médiateurs internationaux

Malgré les efforts intensifs déployés par les médiateurs internationaux, y compris les États-Unis, ils n’ont pas réussi à contenir Israël ou à imposer une trêve immédiate après l’annonce du cessez-le-feu. Cet échec met en lumière les limites de l’influence de la communauté internationale sur Israël, qui poursuit son agression grâce au soutien inconditionnel des États-Unis et de plusieurs pays européens.

Une joie teintée de peur

Avec l’annonce du cessez-le-feu, les habitants de Gaza éprouvent une grande joie, espérant la fin d’une machine de guerre qui les a épuisés pendant 15 mois. Cependant, cette joie est accompagnée d’anxiété et de crainte. Les Gazaouis redoutent qu’Israël commette des massacres massifs dans les deux jours restants avant l’entrée en vigueur de la trêve, une pratique qu’Israël a adoptée dans des conflits précédents en intensifiant les frappes dans les dernières heures avant un cessez-le-feu.

Inquiétude sur la pérennité du cessez-le-feu

Les habitants de Gaza craignent également qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu après avoir récupéré ses prisonniers de Gaza. Cette crainte s’accroît avec le sentiment qu’Israël se considère comme la puissance dominante dans la région, surtout après la destruction de la Syrie et du Liban, et grâce au soutien illimité qu’elle reçoit des États-Unis et de certains pays européens. Les Gazaouis se demandent : ce cessez-le-feu sera-t-il réel ou simplement une pause temporaire avant une reprise des hostilités ?

Destruction continue et espoirs menacés

Face à ces inquiétudes, les habitants de Gaza vivent dans un mélange de résignation et d’espoir, espérant que le cessez-le-feu mettra un terme à cette catastrophe humanitaire, tout en craignant qu’il ne soit qu’une simple trêve temporaire, masquant davantage de destructions. La situation actuelle dans Gaza reflète une souffrance humaine indescriptible, où l’espoir d’une vie décente, à l’abri des bombardements, reste un rêve lointain.

Besoin de garanties internationales

Dans ce contexte, il est impératif que la communauté internationale assume ses responsabilités pour garantir qu’Israël respecte le cessez-le-feu et ne reprenne pas ses attaques. Les habitants de Gaza ont besoin de garanties réelles pour protéger leurs vies et leur permettre de reconstruire ce que la guerre a détruit. Sans ces garanties, le cessez-le-feu restera fragile et menacé d’effondrement à tout moment.

Conclusion

Malgré tout, les habitants de Gaza continuent de faire face à la mort et à la destruction avec un courage inébranlable, tout en attendant un rayon d’espoir qui mettra fin à leurs souffrances. À l’approche de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, la question cruciale demeure : Gaza aura-t-elle enfin l’opportunité de connaître la paix, ou la machine de guerre israélienne reviendra-t-elle pour anéantir ce qui reste de vie dans ce territoire meurtri ? »

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Ce contexte d incertitudes et de destructions massives et continues n’empêche pas l’équipe de Gaza-UJFP de continuer son travail et d’envoyer ses comptes rendus hebdomadaires !

« Les ateliers de soutien psychologique pour les femmes dans les camps de déplacé.e.s à Gaza

Les femmes, en temps de guerre et de conflits, sont confrontées à des défis multiples sur les plans psychologique et social. Dans la bande de Gaza, en particulier dans les camps de déplacés situés dans des zones telles que Deir al-Balah, ces défis sont manifestes, mettant en lumière le besoin urgent de programmes d’autonomisation et de soutien psychologique pour les femmes et les enfants.

Ces ateliers ont porté sur deux thématiques principales : la sécurité personnelle et les mesures préventives pour les femmes, ainsi que les méthodes d’accompagnement des enfants en temps de guerre. Des centaines de femmes et de jeunes filles ont bénéficié de ces ateliers. Cette semaine-là, 46 femmes issues de différents camps à l’ouest de Deir al-Balah ont participé aux sessions, où l’accent a été mis sur la construction de la résilience psychologique et le renforcement des soins personnels, afin de les aider à poursuivre leur rôle de soutien familial dans des conditions de déplacement difficiles.

Atelier sur les bases de la sécurité personnelle

Il a mis l’accent sur l’équipement des femmes déplacées avec des outils pratiques pour se protéger dans des environnements souvent précaires. Ces environnements exposent les femmes à divers risques, notamment le manque de ressources, l’insuffisance des infrastructures et l’absence d’institutions capables d’assurer une protection efficace. L’atelier a ainsi fourni des conseils et des formations sur la gestion des situations d’urgence, l’identification des comportements à risque, et les mesures préventives à adopter.

Renforcement des soins personnels

Les femmes déplacées négligent souvent leurs propres besoins psychologiques et physiques en raison de leurs responsabilités familiales, l’équipe a enseigné aux participantes des techniques de respiration profonde et des exercices de relaxation, tout en discutant de l’importance d’une alimentation équilibrée et de l’importance de prendre des moments pour soi. Une participante a témoigné : « Au début, je pensais que prendre du temps pour moi était une forme d’égoïsme, mais j’ai réalisé que prendre soin de moi était essentiel pour mieux soutenir ma famille. » Ce nouvel éclairage a modifié la perception qu’avaient de nombreuses femmes de leur rôle, soulignant que leur bien-être psychologique est tout aussi crucial que la satisfaction des besoins de leurs enfants.

Accompagnement des enfants pendant la guerre

En parallèle, des sessions intensives ont été consacrées à la sensibilisation des femmes aux méthodes d’accompagnement des enfants en temps de guerre. Les enfants vivant dans des camps de déplacés souffrent souvent de troubles psychologiques tels que l’anxiété, la peur et les troubles du sommeil. La capacité d’une mère à comprendre les besoins psychologiques de son enfant et à l’aider à exprimer ses émotions de manière saine joue un rôle crucial dans l’atténuation des tensions familiales. Les ateliers ont ainsi abordé l’écoute active, l’importance de l’établissement d’une routine quotidienne rassurante, et l’évitement de comportements tels que la violence ou le reproche. Une mère a partagé son expérience : « Mon enfant était terrifié par les explosions, mais grâce aux ateliers, j’ai appris à l’aider à verbaliser sa peur et à le rassurer constamment jusqu’à ce qu’il retrouve une certaine confiance en lui. »

Un impact durable sur les femmes et la communauté

Les histoires des participantes révèlent un changement positif dans leur prise de conscience de l’importance de la santé mentale et de son rôle dans la construction d’une communauté plus solidaire. L’une d’elles a souligné l’importance d’adopter des habitudes simples comme boire de l’eau régulièrement et manger des repas équilibrés, tandis qu’une autre a insisté sur la nécessité de prendre quelques minutes chaque jour pour se détendre et méditer afin d’atténuer les tensions accumulées.

Conclusion

À la fin des ateliers, les animatrices ont exprimé leur gratitude envers les participantes pour leur interaction et le partage de leurs expériences personnelles. Lorsqu’une femme est en mesure de prendre soin d’elle-même, psychologiquement et physiquement, elle devient plus apte à soutenir sa famille et à créer un environnement stable et sain pour ses enfants, même dans les conditions les plus difficiles.

Ainsi, les programmes de soutien psychologique mis en œuvre par l’UJFP comblent de nombreuses lacunes chez les femmes dans les camps, les aidant à affronter la réalité quotidienne avec courage et résilience, ce qui a des répercussions positives sur les générations futures à Gaza. »

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« Ateliers de soutien psychologique pour les enfants déplacés à Deir al-Balah

Au cœur de la tragédie qui frappe les camps de déplacés de la bande de Gaza, la souffrance des enfants se démarque comme l’un des défis humanitaires les plus pressants. Ces jeunes, ayant perdu des amis et des membres de leur famille à cause des bombardements et des destructions, vivent dans des conditions psychologiques difficiles au sein d’un environnement dépourvu des bases d’une vie normale. Face à cette réalité douloureuse, l’UJFP s’efforce, à travers les ateliers de soutien psychologique qu’elle organise dans les camps d’hébergement, d’apporter une lueur d’espoir à ces enfants. Ces ateliers visent à renforcer leur résilience psychologique et sociale, tout en développant leur capacité à s’adapter aux défis imposés par les déplacements et les conditions difficiles.

Le rôle des ateliers de soutien psychologique : Semer l’espoir et renforcer la résilience

Les ateliers de soutien psychologique organisés par l’UJFP ne se limitent pas à de simples activités récréatives. Ils constituent un programme global soigneusement conçu pour répondre aux besoins psychologiques et sociaux des enfants. Ces ateliers créent un environnement sûr où les enfants affectés peuvent exprimer librement leurs émotions, loin des atmosphères de peur et d’anxiété qui dominent leur quotidien. L’objectif est de leur offrir des activités combinant divertissement et apprentissage, afin d’améliorer leur santé mentale et de renforcer leur résilience face aux épreuves.

Des activités innovantes pour promouvoir la santé mentale

Lors d’un atelier de soutien psychologique organisé dans les camps à l’ouest de Deir al-Balah, environ 40 enfants ont participé à une variété d’activités interactives et créatives. Par ailleurs, l’atelier a proposé des activités artistiques comme le dessin et le coloriage, offrant aux enfants une opportunité d’exprimer leurs émotions et leurs rêves de manière sécurisée et créative. Grâce à ces activités, les enfants ont pu établir des liens entre eux et laisser libre cours à leur imagination, éloignés des contraintes de la dure réalité.

Renforcer la confiance en soi et l’interaction sociale

L’un des aspects les plus importants des ateliers de soutien psychologique est leur impact positif sur la confiance en soi des enfants et leur capacité à interagir avec les autres. Les activités collectives encouragent la coopération et le travail en équipe, favorisant ainsi l’esprit de solidarité. Par exemple, les jeux comme le relais ont montré l’importance de la collaboration, aidant les enfants à développer leurs compétences sociales et à tisser des relations positives avec leurs camarades. Dans une ambiance remplie de rires et de sourires, les enfants ont retrouvé une certaine tranquillité d’esprit et un sentiment de sécurité, indispensables pour surmonter les traumatismes qu’ils ont subis.

L’impact des ateliers sur la santé mentale des enfants

Ces ateliers se distinguent par leur capacité à produire un impact profond et durable sur le bien-être psychologique des enfants. Les études montrent que les enfants participant à de tels programmes sont mieux équipés pour s’adapter aux crises et sont plus prêts à relever les défis futurs. Les ateliers de soutien psychologique de l’UJFP créent ainsi un environnement propice où les enfants peuvent surmonter leurs peurs et retrouver leur confiance en eux.

Restaurer une enfance perdue

À la fin de l’atelier, de nombreux enfants et leurs mères ont exprimé leur gratitude, parlant du soulagement et de la sérénité qu’ils ont ressentis. Ces ateliers permettent aux enfants de récupérer une partie de leur enfance perdue. Les activités comme jouer, sauter, dessiner et raconter des histoires leur offrent une chance de libérer leurs émotions négatives et les préparent mieux à affronter la vie quotidienne. En outre, ces ateliers construisent de nouveaux souvenirs positifs pour les enfants, renforçant leur espoir en un avenir meilleur.

L’importance de la continuité des programmes de soutien psychologique

Alors que la crise humanitaire se poursuit dans la bande de Gaza, les programmes de soutien psychologique, tels que ceux mis en œuvre par l’UJFP, demeurent une nécessité incontournable. Ils ne se contentent pas d’alléger les souffrances des enfants, mais contribuent également à former une génération capable de surmonter les épreuves et de participer à la construction d’un avenir meilleur. À chaque nouvel atelier, l’espoir renaît dans les cœurs des enfants et des familles dont les rêves ont été brisés par la guerre.

Grâce à ces efforts, les enfants peuvent rêver à nouveau et retrouver confiance en leur capacité à affronter la vie, malgré toute la dureté et la destruction qui les entourent. »

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« Centres éducatifs dans 3 camps de déplacé.e.s : camps des paysans / Al-Baladyia /Al-Asdiqa’a

Les quatre centres éducatifs, deux à Al- Baladyia établis par l’organisation l’UJFP dans les camps de déplacés situés à Mawasi Khan Younis et dans la ville de Deir al-Balah continuent de fournir des programmes éducatifs essentiels pour les enfants, malgré les conditions difficiles auxquelles fait face la bande de Gaza en raison de la guerre persistante. Ces centres offrent un environnement éducatif sûr et stable, permettant aux enfants de poursuivre leur apprentissage malgré les défis environnants.

L’éducation : une priorité pour les familles déplacées

Dans les circonstances exceptionnelles que vivent les familles dans les camps de déplacés, l’éducation est perçue comme une priorité absolue. Les parents comprennent bien que l’éducation est la clé pour offrir à leurs enfants un avenir meilleur. Elle ouvre des perspectives d’avenir et fournit les compétences et les connaissances nécessaires pour affronter les défis de la vie après la guerre.

Un environnement sûr et propice à l’apprentissage

Les centres éducatifs créés par l’UJFP offrent un environnement sécurisé, éloigné des dangers de la guerre et des conflits. En plus de l’enseignement académique, ces centres permettent aux enfants de s’exprimer et de participer à des activités récréatives et sportives qui les aident à soulager le stress psychologique causé par les conditions difficiles.

Des activités variées au-delà de l’enseignement traditionnel

Ces centres se distinguent par leur offre d’activités diversifiées qui vont au-delà de l’éducation conventionnelle. Ils organisent des ateliers artistiques, des cours de sport et des activités culturelles visant à développer les compétences des enfants dans différents domaines. En outre, ils proposent des sessions éducatives pour stimuler la pensée critique et renforcer les capacités intellectuelles des enfants, contribuant ainsi à promouvoir une culture de créativité et d’innovation. De ce fait, ces centres ne se limitent pas à l’enseignement académique, mais offrent un environnement global qui contribue au développement personnel des enfants.

La collaboration entre les parents et les centres éducatifs

Le rôle des parents ne se limite pas à envoyer leurs enfants dans ces centres éducatifs. Ils veillent également à suivre les progrès académiques et psychologiques de leurs enfants. Les familles collaborent avec les enseignants et les superviseurs des centres pour s’assurer que leurs enfants tirent pleinement parti des programmes et des activités proposés. Grâce à cette collaboration continue, les parents encouragent leurs enfants à participer activement aux différentes activités, ce qui renforce la relation entre la famille et le centre et accroît les chances de succès des enfants.

Un modèle d’espoir et de résilience

Les centres éducatifs créés par l’UJFP dans les camps de déplacés incarnent un modèle vivant du rôle crucial de l’éducation dans le soutien des enfants en temps de crise. La détermination des parents à garantir l’éducation de leurs enfants en période de guerre témoigne de l’importance de l’éducation pour améliorer les conditions de vie et raviver l’espoir en un avenir prometteur. »

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Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.

Partie 270 / 6 janvier ; Partie 271 / 7 janvier ; Partie 272 : 8 janvier ; Partie 273 : 10 janvier ; Partie 274 / 11 janvier ; Partie 275 / 11 janvier (1) ; Partie 276 : 12 janvier ; Partie 277 : 13 janvier ; Partie 278 : 14 janvier. Partie 279 : 15 janvier. Partie 280 : 16 janvier. Partie 281 : 16 janvier/1.


Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.