Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 205/26-27 octobre – Les défis auxquels sont confrontées les personnes handicapées à Gaza

Brigitte Challande, 28 octobre 2024. Marsel envoie des nouvelles de la Tente solidaire le 26 octobre :

Cliquez ici pour consulter les Récits complets.

« Quatre photos illustrent le cours de langue arabe pour les lycéens. Les lycéens ont été privés de leurs études et de passer leurs examens. Le cycle du lycée est considéré comme l’une des étapes les plus importantes qui qualifie l’étudiant pour intégrer l’université. »

Une histoire d’horreur racontée par Marsel

« Avant-hier, lorsque l’armée d’occupation a demandé l’évacuation des personnes se trouvant à l’hôpital Kamal Adwan de Jabalia, une ambulance a quitté l’hôpital avec à son bord une mère qui avait accouché deux heures avant l’évacuation, ainsi qu’une autre femme qui l’accompagnait. Cinquante mètres plus tard, l’ambulance a été directement visée, tuant tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur. La souffrance n’a pas pris fin. Au bout de 24 heures, des équipes de secours internationales (photo ci-dessous) sont passées dans la zone ciblée et ont entendu des hurlements parmi les corps calcinés dévorés par les chiens à l’intérieur de la voiture. C’était l’enfant de la martyr Raghad Al-Basyouni et Dieu a pris soin de lui pour qu’il ne soit pas griffé, que les chiens ne s’approchent pas de lui et qu’il soit en bonne santé, mais il est maintenant devenu orphelin de mère. »


Les défis auxquels sont confrontées les personnes handicapées à Gaza, 27 octobre 2024.

« La guerre a non seulement tué des milliers de personnes et détruit des établissements d’enseignement et de santé, mais elle a également touché de nombreux segments de la population, notamment les personnes handicapées, que nous avons choisi d’étudier.

La communauté des personnes handicapées à Gaza est confrontée à des défis uniques et complexes dans le contexte du conflit en cours. Les personnes handicapées, dont le nombre est estimé à environ 58 000 à Gaza (soit 2,6 % de la population), sont confrontées à d’importantes difficultés de mobilité, d’accès aux soins de santé et de santé mentale, ainsi qu’à un manque de ressources, autant de problèmes exacerbés par le blocus israélien et les escalades répétées de la violence.

Cet article explore ces défis et donne un aperçu des réponses humanitaires et des recommandations pour soutenir ce groupe vulnérable.

Obstacles à la mobilité et à l’évacuation : Les personnes handicapées sont exposées à de grands risques en raison de leur mobilité limitée, en particulier lors des escalades de violence qui nécessitent une évacuation rapide. Les personnes à mobilité réduite ou qui dépendent d’appareils d’assistance tels que des fauteuils roulants ont beaucoup de mal à fuir les zones dangereuses, trouvant souvent des abris qui ne sont pas équipés pour un accès facile. Les abris manquent généralement de salles de bains adaptées ou d’espaces pour les personnes en fauteuil roulant ou utilisant d’autres aides à la mobilité. Le manque d’installations accessibles augmente la charge physique des personnes handicapées et de leurs familles, qui peuvent déjà être confrontées à des facteurs de stress supplémentaires en raison du déplacement en cours.

Perte d’équipements et de fournitures essentiels : Pendant le déplacement, les personnes handicapées perdent souvent l’accès à des appareils d’assistance vitaux, notamment des fauteuils roulants, des prothèses auditives et d’autres aides spécialisées. La perte de ces articles signifie que de nombreuses personnes se retrouvent isolées et dépendent des autres pour les activités essentielles. Par exemple, lors d’une escalade de la violence, les personnes déplacées signalent souvent avoir laissé derrière elles des objets essentiels en raison de l’évacuation immédiate ou, dans certains cas, de la destruction de leur maison où ces aides étaient stockées. Cette perturbation des équipements a de graves répercussions sur leur vie quotidienne, limitant leur capacité à se déplacer de manière autonome ou à communiquer efficacement avec les autres.

Accès aux soins de santé et aux services de réadaptation : Le système de santé de Gaza est soumis à de fortes pressions, les établissements de santé étant confrontés à des pénuries de personnel et de fournitures médicales. Les services de réadaptation sont particulièrement rares, affectant les personnes handicapées qui ont besoin de soins spécialisés, tels que la physiothérapie, les prothèses ou des traitements spécifiques pour des maladies chroniques.

L’Organisation mondiale de la santé rapporte que l’infrastructure sanitaire de Gaza, déjà affaiblie par des années de blocus, est devenue encore plus fragile pendant les conflits, ce qui rend difficile pour les personnes handicapées de recevoir un traitement continu et nécessaire.

Impact psychosocial : En plus des obstacles physiques, les personnes handicapées à Gaza sont confrontées à une détresse psychologique accrue. Les déplacements répétés et la destruction de leurs maisons entraînent souvent des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique. De nombreuses personnes handicapées dépendent de membres de leur famille proche pour un soutien quotidien, et le déplacement peut entraîner une séparation de ces principaux soignants, ajoutant un niveau supplémentaire d’isolement et d’insécurité. En outre, la stigmatisation entourant le handicap à Gaza empêche souvent les personnes de rechercher le soutien psychosocial nécessaire, les isolant davantage de leur communauté.

La situation des personnes handicapées à Gaza souligne le besoin urgent d’une action humanitaire ciblée qui tienne compte de l’accessibilité, des soins médicaux et du soutien en matière de santé mentale. Les obstacles uniques auxquels sont confrontées les personnes handicapées à Gaza soulignent l’importance d’une planification et d’infrastructures d’urgence complètes, en particulier dans les zones sujettes aux conflits. Veiller à ce que les personnes handicapées reçoivent un soutien adéquat n’est pas seulement une nécessité humanitaire, c’est un droit fondamental. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org