Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 163 / 6 septembre

Brigitte Challande, 6 septembre 2024. Comme chaque semaine, Abu Amir envoie le rapport d’activité de son équipe pour la semaine du 31 août au 6 septembre.

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« Programme de soutien psychologique pour les femmes

La guerre qui se poursuit à Gaza et exacerbe les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes, en particulier celles qui sont déplacées dans des camps d’hébergement. Elles vivent dans des conditions difficiles et rudes, où elles sont exposées à d’énormes pressions psychologiques en raison de la guerre et des conflits en cours, en plus de la discrimination sociale et économique. D’où l’importance des programmes de soutien psychologique proposés par les spécialistes de l’UJFP, qui contribuent efficacement à apporter un soutien psychologique et social aux femmes déplacées dans les camps d’hébergement de la ville de Deir al-Balah.

L’importance du soutien psychologique pour les femmes en temps de guerre largement abordé dans les rapports d’activité précédents est de nouveau souligné.

Le programme, qui entre dans sa quatrième semaine du quatrième mois, comprend cette semaine quatre sessions de soutien psychologique auxquelles ont participé 43 femmes. Les femmes sont venues assister à ces séances pour échapper à la pression de la vie quotidienne, réduire le stress psychologique et la répression dont elles souffrent, et dans l’espoir de vivre des moments de calme et de sécurité.

Séances et thèmes abordés :

Les sessions comprenaient des discussions sur des sujets sensibles tels que la protection contre les abus et l’exploitation, qui sont des problèmes auxquels les femmes sont confrontées quotidiennement dans les situations de conflit. La session a abordé le concept de protection et la manière de traiter les abus et l’exploitation, et les femmes ont fait part de leurs expériences personnelles, comme le fait d’avoir été exposées à la violence domestique ou au mariage forcé.

L’une des participantes a évoqué le problème du mariage précoce des filles, qui est devenu un phénomène croissant en raison des conditions économiques difficiles. Les filles se retrouvent contraintes à des relations matrimoniales inégales, ce qui a des effets négatifs à long terme sur leur santé psychologique et physique.

L’égalité entre les hommes et les femmes :

Lors d’une autre session, les femmes ont été initiées au concept de genre et les différences entre le sexe et le genre ont été expliquées. La session a abordé l’impact du genre sur la vie quotidienne des femmes et des filles, et l’importance de la promotion de l’égalité des sexes. Ces sessions visent à renforcer l’autonomie des femmes et à les encourager à remettre en question les stéréotypes sociaux qui limitent leur rôle dans la société.

La discrimination dans la distribution de l’aide humanitaire a été l’un des principaux sujets abordés. Les femmes ont parlé de leur expérience de la discrimination dans la réception de l’aide, où dans certains cas les hommes sont privilégiés dans la réception de l’aide de base telle que la nourriture et les articles essentiels, ce qui augmente la souffrance des femmes dans la satisfaction des besoins de leurs familles.

Les résultats et l’importance de continuer à apporter un soutien :

Ces ateliers montrent que le soutien psychologique ne consiste pas seulement à soulager le stress, mais aussi à sensibiliser les femmes à leurs droits et à renforcer leur capacité à relever les défis. Le partage d’expériences et l’échange d’expertise entre les femmes renforcent leur sentiment de solidarité et de soutien mutuel, ce qui est vital dans des circonstances difficiles. Se concentrer sur la sensibilisation aux droits et à l’égalité des sexes est une étape essentielle pour parvenir à un changement positif dans la société, même dans les circonstances les plus difficiles. Les programmes psychologiques contribuent à la construction d’une société plus forte et plus apte à faire face aux crises, dans laquelle les femmes jouent un rôle actif et influent.

Les programmes de soutien psychosocial pour les femmes déplacées à Gaza restent un élément essentiel de la réponse humanitaire. Ces programmes ne se contentent pas de fournir des soins psychologiques, ils sensibilisent également aux droits des femmes et renforcent leur rôle dans la société. Grâce à ces initiatives, les femmes déplacées peuvent recevoir le soutien dont elles ont besoin pour relever les défis et améliorer leur capacité à faire face aux circonstances difficiles dans lesquelles elles vivent. »

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« Programme éducatif :

Les effets de la guerre en cours sur le processus éducatif dans la bande de Gaza est rappelé comme dans les précédents rapport d’activité.

La guerre a détruit des centaines d’écoles et d’universités dans la bande de Gaza, empêchant les étudiants de poursuivre normalement leurs études. Selon des rapports locaux et internationaux, un grand nombre d’établissements d’enseignement ont été entièrement ou partiellement détruits, rendant certains d’entre eux inutilisables. Ces établissements, qui dispensaient un enseignement à des milliers d’élèves, ont été transformés en décombres ou en abris pour les personnes déplacées qui ont perdu leur maison.

Au milieu de cette dévastation, les centres éducatifs gérés par l’UJFP ont joué un rôle essentiel en aidant à combler le fossé éducatif laissé par la guerre. Ces centres, répartis dans les camps de réfugiés, offrent un environnement d’apprentissage alternatif aux enfants qui ne peuvent pas aller à l’école. Ils proposent des programmes éducatifs intégrés comprenant la lecture et l’écriture, ainsi que des activités sportives et récréatives qui aident les enfants à échapper au cycle de stress psychologique et de violence qu’ils ont subi.

Ces centres s’efforcent de contenir et de guider les enfants dans un environnement sûr qui favorise les possibilités d’apprentissage et le développement psychologique et mental. Ils visent également à les discipliner et à leur proposer des activités sportives et récréatives qui contribuent à améliorer leur humeur et à atténuer les pressions psychologiques qu’ils subissent en raison de circonstances difficiles. Ces activités contribuent non seulement à améliorer la santé physique des enfants, mais aussi à renforcer la cohésion sociale entre eux et à leur donner un sentiment de stabilité et d’espoir.

L’éducation est un outil puissant pour construire une société durable et prospère, et c’est le moyen le plus important pour aider les enfants de Gaza à surmonter les effets de la guerre et à se construire un avenir meilleur. Malgré les conditions difficiles, l’éducation reste l’espoir des enfants et des jeunes pour échapper au cycle de la violence et de la pauvreté et pour s’orienter vers un avenir qui leur offrira de meilleures opportunités. Le rôle joué par les centres éducatifs de l’UJFP est un exemple vivant des efforts humanitaires visant à préserver le droit des enfants à l’éducation, même dans les circonstances les plus difficiles. »

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« Travail humanitaire :

La guerre contre Gaza et le blocus israélien de la bande de Gaza ont provoqué l’une des pires crises humanitaires que le monde ait jamais connues. Les personnes déplacées dans les camps de réfugiés souffrent de conditions difficiles en raison des bombardements continus et de la destruction de leurs maisons et de leurs infrastructures. Mais leurs souffrances sont aggravées par le blocus strict qui impose des restrictions injustes à l’entrée de l’aide et des marchandises dans la bande de Gaza, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de produits de première nécessité.

Le blocus israélien sur Gaza étouffe l’économie locale et détériore les conditions de vie des habitants de la bande de Gaza depuis des années. Avec la récente guerre, cette crise s’est aggravée, car les camps temporaires sont devenus surpeuplés de personnes déplacées qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance. Les restrictions strictes imposées à l’entrée de l’aide et des marchandises ont entraîné des pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments, rendant la vie des personnes déplacées encore plus difficile. Le blocus n’empêche pas seulement l’entrée des marchandises, mais aussi la circulation des personnes, ce qui accroît le sentiment d’isolement et de désespoir dans la population.

Dans ces circonstances difficiles, les équipes de l’UJFP jouent un rôle vital en fournissant de la nourriture et de l’aide aux familles du camp des paysans, qui est l’un des camps ayant bénéficié du projet d’alimentation hebdomadaire mis en œuvre par les équipes de l’UJFP. Ce projet vise non seulement à répondre aux besoins des personnes souffrant de la faim, mais aussi à renforcer l’esprit de coopération et de participation entre les résidents du camp et les équipes de travail.

L’engagement des équipes de l’UJFP envers les agriculteurs touchés par la guerre reflète leur volonté de ne pas laisser ce groupe seul face à la crise. L’équipe de l’UJFP a confirmé son engagement à continuer à soutenir ces personnes déplacées jusqu’à la fin, en continuant à fournir une assistance alimentaire sur une base régulière. Au cours de cette semaine, de la nourriture a été distribuée dans le camp des paysans, non seulement pour nourrir les familles, mais aussi pour répandre l’esprit d’espoir et de coopération, et créer un équilibre social entre les différents groupes du camp.

Ce qui rend le projet d’alimentation mené par l’UJFP unique, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un programme de distribution de nourriture, mais d’une initiative visant à renforcer les liens sociaux et l’interaction positive entre les résidents et le personnel du camp. Dans un environnement difficile, le programme cherche à créer un sentiment de solidarité entre les membres de la communauté et s’efforce de construire des relations solides basées sur la coopération et la participation. Cette interaction positive contribue à créer un équilibre entre les différents groupes du camp, ce qui renforce la stabilité du camp et atténue les tensions sociales qui peuvent survenir en raison de circonstances difficiles.

La crise humanitaire à Gaza est le résultat direct de la guerre et du blocus en cours. Dans les conditions difficiles des camps de réfugiés, les équipes de l’UJFP jouent un rôle crucial en fournissant une aide alimentaire et en encourageant un esprit de coopération au sein de la population. Le projet d’alimentation hebdomadaire d’UJFP dans le camp des paysans reflète un engagement profond à ne pas laisser les personnes affectées seules face à cette crise. La poursuite de ce projet contribue à alléger les souffrances et à renforcer la communauté locale face aux défis quotidiens imposés par la guerre et le blocus. »

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Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org