Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 133 / 28 juillet

Brigitte Challande, 28 juillet 2024. Marsel nous envoie ce matin le compte rendu des activités de l’équipe d’Ibn Sina que nous attendions depuis quelques jours.

Cliquez ici pour consulter les Récits complets.

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Marsel écrit : «  Un orphelin n’est pas quelqu’un qui a perdu ses parents, un orphelin est quelqu’un qui a renoncé à son humanité. Un atelier et un soutien psychologique pour les enfants dans la Tente de la Solidarité, en partenariat avec le Centre Corps et Esprit »

De nombreuses photos de cet atelier commentées par Marsel : « Ils méritent la vie, ils ne sont pas que des numéros, la poursuite de l’éducation informelle pour les enfants dans la tente de solidarité, l’éducation est un droit, la nourriture est un droit, se sentir en sécurité est un droit, les droits et la législation qui protègent l’enfance sont écrits systématiquement, légalement et soigneusement, mais ils sont retirés à nos enfants de manière systématique et planifiée par l’occupation »

« Afin de sensibiliser les enfants de l’école de la solidarité aux dangers des restes de guerre, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont organisé des ateliers de sensibilisation sur les « restes de guerre » dans la tente de la solidarité. Cette activité vise à sensibiliser les enfants à la gestion des « restes de guerre » et à la réduction des dangers auxquels ils sont exposés. Les ateliers portaient sur le slogan « Ne pas toucher, ne pas s’approcher, ne pas donner de coups de pied ». »

« L’extermination et la réduction de la population sont des objectifs stratégiques de l’occupation dans cette guerre. Mon frère Mersal, mon fils Mohammed et moi avons survécu. La différence était d’une minute, entre la vie et la mort, lors du massacre de Deir al-Balah hier. Trois missiles sont tombés d’avions F-16 et le quatrième n’a pas explosé. J’ai placé mon fils Mohammed à côté du tronc du palmier et je l’ai protégé de l’autre côté avec mon corps, craignant pour lui les éclats des missiles d’extermination. »

Aujourd’hui, cela fait 295 jours de guerre, et notre peuple essaie toujours de survivre.

 

Sous cette vidéo, Marsel écrit : « Nous affronterons la douleur, nous continuerons à sourire, nous ne perdrons pas espoir ».

Les maladies de peau se propagent de manière dense et douloureuse, en particulier chez les enfants, en raison de l’environnement difficile dans lequel les déplacés sont contraints de vivre, plein de pollution, de germes, de famine et de températures extrêmes qui brûlent leur corps. Cela nous pousse à tirer la sonnette d’alarme et à intervenir d’urgence pour soulager leur douleur et guérir leurs blessures. En partenariat avec la Federation Handicap International – Humanity & Inclusion, nous prenons en charge les plaies des blessés et assurons des prestations de soins infirmiers et de physiothérapie dans le cadre des activités menées dans la tente de solidarité, installée avec le soutien de l’UJFP et du Mouvement Français de Solidarité.

« Camarades de l’UJFP, grâce à notre travail acharné et à nos efforts conjoints, la Tente et l’École de la Solidarité sont devenues le noyau du travail humanitaire. Son travail ne se limite pas à l’éducation, mais va au-delà par étapes, en servant les personnes déplacées de manière significative en formant des partenariats avec des institutions internationales et locales.

L’École de la Solidarité a été accréditée par l’UNICEF et des programmes de l’UNICEF seront bientôt mis en œuvre à l’École de la Solidarité. » écrit Marsel, il faut l’espérer…..

 

Sous cette vidéo, Marsel conclut :  « Dans la tente de solidarité, des petites mains s’empressent de répondre à une question sur une leçon de mathématiques, et de l’autre côté, des mains s’empressent d’appuyer sur la gâchette pour tuer un enfant ou quelqu’un. »

Nombreuses photos et vidéos ICI

Au moment de l’envoi de cette chronique, Abu Amir nous envoie le texte suivant :

« La plage est le seul refuge pour des milliers de personnes déplacées dans la bande de Gaza, face à la guerre dévastatrice qui kidnappe leurs proches un par un.

La peur n’est plus un obstacle pour eux, car la mort est partout. Les personnes déplacées attendent le lever du soleil pour se diriger par milliers vers la plage, chacun cherchant son propre but. Certains d’entre eux vont prendre une douche ou laver leurs vêtements à cause du manque d’eau, et certains se plaignent à la mer de leur douleur et de leur souffrance, convaincus que la mer est la meilleure auditrice, tandis que le monde ferme ses oreilles, ne prêtant pas attention à ce qui se passe à Gaza.

Malgré leur souffrance, lorsque ces personnes regardent la mer, elles voient que la mer représente la liberté qu’elles ont perdue depuis longtemps sous le siège.

Des milliers de personnes déplacées fuient l’enfer des camps d’accueil vers la mer, en quête de paix et de tranquillité, espérant que la mer transmettra leur message à l’autre côté. A chaque pas sur la plage, on voit les visages des femmes et des enfants raconter leur souffrance. A chaque pas, on s’enfonce dans ces visages et on lit les lignes de ce qui leur est arrivé, leur peur, leur déplacement, leur besoin et leur perte.

Beaucoup de souffrances sont gravées dans leurs mémoires et il faudrait des milliers de pages pour les écrire.

N’est-il pas temps que le monde prête attention à la souffrance de ces personnes affligées et torturées ? Le monde ne voit-il pas ce qui leur arrive ? Ne voit-il pas la peur et la panique dans les yeux des enfants ? Les cœurs du monde ne s’attendrissent-ils pas lorsqu’ils voient les larmes des femmes et des enfants ? Sommes-nous devenus un monde dépourvu de sentiments et d’émotions ? Avons-nous perdu notre conscience ? Qui sommes nous devenus ?

Malheur à nous si nous acceptons de vivre dans ce monde. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.


Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org