Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 112 / 26 juin

Brigitte Challande, 27 juin 2024. Abu Amir envoie ce compte rendu le 26 juin avec la demande, acceptée, que la collecte initiée par l’UJFP participe à cet achat, donc à sa répartition.

Cliquez ici pour consulter les Récits complets.

 

« Distribution de tentes aux personnes déplacées

Le voyage des personnes déplacées est le voyage de l’enfer, comme elles l’appellent, et c’est le voyage le plus difficile vécu par les résidents de la bande de Gaza. Sa difficulté s’est accrue avec le début de l’opération militaire israélienne à Rafah le 6 mai, lorsque l’occupation a largué des tracts sur les quartiers de la ville de Rafah, exigeant l’évacuation immédiate de la population. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées de cette ville vers les zones du secteur central (Deir al-Balah, al-Nuseirat et Mawasi Khan Yunis). Mais l’occupant ne s’est pas arrêté à l’évacuation de la ville et au déplacement de ses habitants. Il a également commencé à bombarder la zone de Mawasi Rafah, qui comprend des milliers de tentes dans lesquelles les personnes déplacées ont trouvé refuge. Une nouvelle migration a commencé à partir de cette zone vers Mawasi Khan Yunis, dans le centre de la bande de Gaza. Selon les témoignages des personnes déplacées, elles ont tout quitté pour survivre et échapper à l’enfer de la guerre.

Les jours précédents, nous avons rencontré des personnes déplacées dans le camp de l’amitié qui abrite les personnes déplacées au nord-ouest de la ville de Deir al-Balah, qui vivent dans des conditions déplorables. Les gens nous ont raconté ce qu’ils ont vécu pendant leur déplacement après que l’occupant a bombardé leurs tentes dans la zone de Mawasi Rafah.

L’une des personnes déplacées de ce camp raconte qu’après le bombardement des tentes par l’occupant, elles ont commencé à fuir dans des circonstances tragiques, laissant derrière elles tous leurs vêtements, leurs tentes et leurs ustensiles de cuisine pour échapper à la mort. En raison de la rareté des moyens de transport et de leur coût élevé, la plupart des personnes déplacées ont préféré laisser tout ce qu’elles possédaient, sauver leur famille et se rendre à pied dans la région de Deir al-Balah.

Le directeur du « Friendship Shelter Center » a expliqué que 65 familles ont été récemment déplacées de Mawasi Rafah et qu’elles dorment en plein air dans ce camp, dans des conditions inhumaines. Ces familles ont fait appel à notre organisation pour qu’elle leur fournisse des tentes. Cette semaine, nous avons ciblé ce camp pour organiser des sessions de soutien psychologique pour les femmes qui ont également parlé de la souffrance de ces familles qui vivent sur les routes du camp.
Nous avons cherché des tentes sur les marchés, mais les prix étaient astronomiques. Cependant, après avoir contacté de nombreux commerçants et leur avoir parlé de la nécessité de contribuer à aider ces personnes déplacées, nous avons pu obtenir des prix acceptables et ils nous ont proposé des tentes de 3 mètres x 2,5 mètres pour un coût de 600 shekels par tente.

Le nombre requis est de 65 tentes, mais selon le directeur du camp, ils acceptent n’importe quel nombre de tentes. »

Dans la même journée, Marsel nous envoie des vidéos des violences, des exactions inhumaines commises au jour le jour par l’occupation, que je choisis de ne pas rapporter et diffuser tant elles s’inscrivent dans l’inhumanité quotidienne de l’armée israélienne. Marsel écrit :

« Je ne regretterai pas l’horreur de ces crimes horribles de 9 mois, j’espère peut-être désespérément que ces tirs redonneront le pouls humain au cœur de nombreuses personnes dont l’humanité est morte, les restes de ceux qui ont péri dans cette guerre sont des fils, des mères, les enfants au berceau, les personnes âgées, les parents et amis, les médecins et les ingénieurs, ils sont tués quotidiennement, ils meurent en maudissant tous ceux qui se taisent sur le génocide en cours.

Scènes horribles… Les premiers instants après que l’armée israélienne a bombardé un véhicule près du carrefour de Ghafri à Gaza, plus tôt dans la journée.

En l’absence de loi, de droit, de justice, de système judiciaire, de responsabilité, de punition, en l’absence de tout cela, la gourmandise des criminels à verser le sang d’innocents multiplie, avant de demander des comptes aux tueurs et aux criminels, le nombre de ceux qui manquent de tout. Ces tueurs et ces criminels doivent être tenus responsables, ainsi que ceux qui ont tué la loi.

Ce sont tous des criminels, celui qui a gardé le silence n’est pas très différent de celui qui a tué, l’un d’eux a tué parce qu’il était un meurtrier et un criminel, et l’autre a gardé le silence parce qu’il était un meurtrier et un criminel. »

Une vidéo montre le quartier saoudien de l’ouest de Rafah avant et après sa destruction par l’armée israélienne lors de l’agression en cours contre la bande de Gaza.


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.


Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org