Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 103 / 8 et 13 juin"
Brigitte Challande, 14 juin. Le 13 juin, Abu Amir envoie deux textes, un sur le massacre de Nusseirat et un autre qui confirme tout ce que Marsel a pu décrire dans la chronique précédente sur la continuité des massacres.
Cliquez ici pour consulter les Récits complets.
Massacre de Nuseirat, 8 juin.
Le matin du 8 juin, à 11h30 précises, alors que les rues étaient bondées de milliers de personnes déplacées, des hélicoptères ont commencé à se rassembler dans le ciel à l’ouest de Nuseirat. La région de Nuseirat a commencé à brûler sous l’effet de l’intensité des obus. Les avions tiraient des missiles et des coups de feu avec une grande intensité, et les canonnières tiraient leurs obus partout. Je me tenais près de la fenêtre de la maison surplombant Nuseirat pour observer l’enfer. Toutes les zones de la région de Nuseirat étaient en feu à cause des obus et des missiles. En quelques instants, une multitude de chars a traversé l’entrée ouest de Nuseirat, tirant des obus et des coups de feu partout, touchant et tuant des dizaines de personnes qui se trouvaient sur les routes. Nous ne nous attendions pas à ce que les chars entrent facilement dans la zone.
Les chars sont entrés dans une partie de Nuseirat. Ils étaient stationnés à l’entrée ouest, et l’autre partie était positionnée le long de la route menant au centre du camp. Quant aux hélicoptères, aux avions de reconnaissance et aux quadcoptères, ils ont commencé à poursuivre les fuyards et à tirer des missiles sur eux. Les missiles tombaient sur le camp comme une pluie. À ce moment-là, des forces spéciales se trouvaient à l’intérieur du camp et s’efforçaient de libérer les otages. Une importante couverture aérienne protégeait les forces spéciales. Il y a eu de nombreuses exécutions de résidents des maisons dans lesquelles les forces spéciales sont entrées. Ces criminels n’ont pas hésité à tuer des enfants devant leurs familles. Pendant deux heures, cet enfer s’est poursuivi dans la région de Nuseirat. Moi, ma famille et quelques voisins étions cachés dans le sous-sol de la maison. Ce massacre a fait 300 martyrs et plus de 800 blessés.
13 juin, 251ème jour de la guerre contre Gaza : raids israéliens et bombardements intenses sur plusieurs zones de la bande de Gaza.
Au 251e jour de l’agression israélienne sur Gaza, l’armée d’occupation a continué à cibler plusieurs zones et quartiers de la bande de Gaza, faisant des dizaines de martyrs et de blessés.
Depuis le 7 octobre, l’occupation a commis 3.300 massacres, le nombre de martyrs dépassant 37.232 et le nombre de blessés atteignant 85.037, selon les statistiques du ministère de la Santé de la bande de Gaza.
Au 251e jour de l’attaque israélienne sur la bande de Gaza, les forces israéliennes ont poursuivi, aujourd’hui jeudi, leurs raids aériens et leurs tirs d’artillerie sur différentes zones de la bande, faisant des dizaines de martyrs et de blessés.
Les chars israéliens ont avancé, jeudi à l’aube, vers le rond-point Al-Alam et la zone des tentes dans la partie d’Al Mawasi située dans Rafah. Des hélicoptères, des drones ont participé à l’opération éclair lancée par l’armée israélienne pendant des heures, bombardant les maisons, les tentes des déplacés, dont une grande partie a évacué la zone vers la partie d’Al Mawasi située dans KhanYunis.
Les opérations militaires israéliennes dans la zone ouest de Rafah ont provoqué de nouvelles vagues de déplacement de milliers de personnes obligées de quitter la zone que l’occupant avait précédemment déclarée « zone sûre ».
Des dizaines de Palestiniens ont été blessés dans cette zone par les bombardements israéliens, auxquels ont participé des bateaux israéliens, et les ambulances du Croissant-Rouge n’ont pas pu se rendre sur place.
Des affrontements armés ont également éclaté entre des factions palestiniennes et l’armée israélienne à l’ouest du quartier de Tal al-Sultan à Rafah, et dans le camp de Shaboura au centre de la ville. Les forces israéliennes ont fait exploser des dizaines de maisons dans le camp.
Plus tôt, des sources médicales ont annoncé la mort de 7 Palestiniens dans des raids israéliens qui ont visé des zones de Beit Hanoun et le quartier d’Al-Zaytoun au nord et à l’est de la ville de Gaza.
Sept autres personnes ont également été tuées dans des attaques séparées qui ont visé des zones dans les camps de Bureij, Nuseirat et Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza.
La douleur augmente de jour en jour et la souffrance s’accroît et s’aggrave. Nous étions habitués aux bruits des bombardements, suivis par les bruits des ambulances, mais nous n’étions pas habitués aux cris et aux appels à l’aide des femmes la nuit. Hier soir, vers minuit, le bruit des bombardements a retenti, ébranlant le calme de la nuit, soulevant les appels à l’aide des femmes, mais qui peut sortir la nuit ?
Quiconque sort sera rattrapé par des quadcoptères et déchiqueté. Alors, quand nous avons entendu les femmes crier à l’aide, nos cœurs se sont brisés, et nous n’avons rien pu faire. Ils ont tué notre fierté et nous sommes devenus impuissants. C’est le visage de l’occupant, dont la laideur apparaît partout. Dans cet incident, l’occupant a tué trois jeunes hommes et en a blessé beaucoup d’autres.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org