Le collectif Free Palestine Guyane mobilisé pour la Palestine

Alors que la guerre en Palestine fait rage, le collectif Free Palestine Guyane, créé en octobre dernier, a lancé une campagne d’affichage. Un moyen pour les organisateurs de mobiliser l’opinion en faveur de la paix et d’un cessez-le-feu immédiat. Entretien avec l’un de ses porte-parole, Bruno Niederkorn, militant syndical à l’UTG.

Quel est le collectif dont vous êtes un des porte-parole et qui est à l’origine de cette campagne ?

C’est un collectif militant qui a été créé en octobre 2023 à la suite de l’attaque de la bande de Gaza par l’armée israélienne. Nous appelons à la paix et à un cessez-le-feu pour protéger la population de Gaza. À l’origine de l’appel du collectif, il y avait d’abord des militants ou des organisations engagés dans le mouvement anticolonialiste (MDES, militants de l’UTG, Sud Solidaires, syndicat Lutte des classes). Puis plusieurs personnalités issues de la société civile sont venues rejoindre le collectif, de différents horizons, y compris des gens qui n’étaient pas engagés précédemment. Aujourd’hui c’est un mélange de militants historiques et de citoyens qui ont fait le choix de se mobiliser pour cette cause. Nous nous sommes par exemple retrouvés lors de la journée de mobilisation du 1ᵉʳ mai. Nous avons le même objectif : mener des actions de popularisation de la lutte pour la paix en Palestine.

Quelles actions avez-vous pu mener jusqu’à présent ?

Depuis notre création, nous menons des actions à destination de l’opinion publique, car c’est comme cela que nous pouvons être utiles. Nous avons organisé plusieurs ciné-débats (les cinés-Palestine) et une grande soirée culturelle de soutien à la paix. Nous avons sollicité des organisations qui ont accepté de déployer des banderoles de soutien sur leurs locaux comme la banderole « Cessez-le-feu immédiat » déployée sur les locaux de l’UTG. Et chaque vendredi, nous organisons un sit-in sur la place des Palmistes à Cayenne à 20h pour mobiliser et donner de la visibilité à nos revendications.

Et aujourd’hui, vous lancez une campagne d’affichage ?


En effet, nous entrons dans une nouvelle phase de la popularisation de notre combat : une campagne d’affichage pour interpeller l’opinion publique et faire réagir alors que le bilan des victimes palestiniennes ne cesse de s’alourdir. Grâce à un financement sur fond propre, nous avons pu financer 20 panneaux d’affichage qui seront visibles durant une semaine : 15 à Cayenne, 2 à Kourou et 3 à Saint-Laurent. C’est la première fois à ma connaissance qu’une campagne d’une telle ampleur, et portant sur une question internationale est menée en Guyane. Nous demandons la paix immédiate en Palestine en utilisant des slogans et des chiffres qui interpellent celui qui les lit : « 14.000 enfants tués en six mois », « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine ». Et d’un autre côté, nous dénonçons aussi les actions qui visent à criminaliser le soutien à la Palestine en France. Nous sommes pour le moment épargnés en Guyane, mais en France hexagonale, plusieurs actions visent à empêcher ce soutien nécessaire de s’exprimer : accusation d’apologie du terrorisme, interdiction de conférences ou de manifestations, arrestation de militants ou de leader de la lutte, etc. Nous dénonçons ces méthodes en affirmant sur nos affiches que le soutien à la Palestine n’est pas un crime. Pour nous, c’est même un devoir moral.

Vous parlez de devoir moral, pourquoi mener cette campagne en Guyane ?

Vous avez raison, beaucoup de personne nous posent cette question : pourquoi mener ce combat alors que tout cela se passe à plus de 9.000 km et qu’il y a des problèmes non résolus ici. D’abord parce que nous sommes des militants de la liberté des peuples, de la justice et de l’anticolonialisme partout où il le faut. Nous rejoignons les organisations internationales qui parlent de « génocide » dans ce qui se passe à Gaza.
Deux choses nous animent face à cela : en tant qu’être humain, on ne peut laisser faire un massacre qui se déroule sous nos yeux. Nous voyons les images, les crimes, il y a chez nous un refus viscéral de ne rien faire face à ce massacre de masse. L’autre chose, c’est que ce qui se passe actuellement à Gaza nous situe en tant que citoyen du monde. Nous avons le devoir de demander le respect des droits humains partout sur la planète plutôt que le règne de la loi du plus fort et de la guerre. La mort de 14.000 enfants, cela doit questionner notre humanité : voulons-nous vivre dans un monde qui permet cela ? Non. Nous voulons que les droits humains soient respectés partout et en toutes circonstances. Si on laisse faire le massacre à Gaza, on laissera faire d’autres massacres ailleurs.

Le collectif Free Palestine Guyane envisage-t-il de nouvelles actions ou mobilisations ?

Bien sûr. Nous réfléchissons à l’organisation d’un nouveau ciné-Palestine sur la nouvelle attaque qui est en cours à Rafah. Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, car nous devons nous réunir très prochainement pour en discuter, nous prenons les décisions collectivement. Mais évidemment nous allons poursuivre la mobilisation en Guyane. Il y aura de nouvelles actions.

Article paru sur franceguyane.fr le 16 mai 2024 sous le titre « Affiches en Guyane pour la paix en Palestine : d’où viennent-elles ? ». Propos recueillis par Mathurin LEVIS.