Partager la publication "Pourquoi les affirmations israéliennes n’ont aucune crédibilité en dehors de l’Occident"
Joseph Massad, 30 novembre 2023. Peu de temps après l’offensive du Hamas contre Israël le 7 octobre, la machine de propagande israélienne est passée à la vitesse supérieure pour mettre en œuvre sa guerre génocidaire à Gaza.
Des allégations macabres de bébés décapités et brûlés, de viols massifs de femmes et autres crimes non confirmés ont été largement diffusées dans un monde occidental suprémaciste blanc prêt à croire toute affirmation israélienne sur les Palestiniens racialement inférieurs.
Agissant comme des employés du gouvernement israélien, les grands médias occidentaux ont immédiatement commencé à présenter des affirmations non fondées comme étant une vérité incontestable avant de retirer discrètement bon nombre d’entre elles. Pendant ce temps, le président Joe Biden continue de propager sans vergogne ces diffamations comme étant des faits.
Des témoins israéliens des événements du 7 octobre ont déclaré que les forces israéliennes ont ciblé et tué aussi bien des civils israéliens que des combattants du Hamas. Israël a admis plus tard avoir brûlé des centaines de personnes alors qu’il réduisait son bilan initial de morts. Des rapports indiquent également que les bombardements israéliens contre des maisons et des bases militaires israéliennes ont causé la mort de militaires israéliens, des incendies de maisons et autres destructions.
Pourtant, de telles révélations n’ont pas dissuadé les médias et les gouvernements occidentaux de répéter les inventions racistes d’Israël.
Tous les « vaccins » (y compris les universitaires occidentaux, arabes et israéliens) disponibles depuis le milieu des années 1950 pour prémunir les responsables occidentaux et les grands journalistes contre le racisme qu’ils entretiennent à l’égard des Palestiniens et autres Arabes se sont révélés inefficaces et n’ont pas réussi à résister aux profondeurs de leur haine.
Alors que beaucoup acceptaient le prétendu bilan des morts d’Israël, le sentiment dominant dans le monde arabe trouvait les affirmations les plus farfelues d’Israël difficiles à croire et la plupart doutaient de leur authenticité dès le début. Le Hamas lui-même a nié avoir pris pour cible des civils israéliens.
Mais le scepticisme des Arabes n’a rien à voir avec un préjugé conscient ou inconscient contre l’État « juif ». Le manque notoire de crédibilité d’Israël est la raison pour laquelle la plupart ne croient pas à ses affirmations.
Un bilan « stupéfiant » de mensonges
Depuis 1948, Israël a accumulé un nombre impressionnant de mensonges, de mythes et d’inventions – tout comme le mouvement sioniste l’a fait depuis sa naissance. Au cours des 75 dernières années, des chercheurs arabes et européens ont travaillé sans relâche pour démystifier ces mensonges. Depuis le milieu des années 1980, les historiens israéliens ont également exposé les fabrications israéliennes à travers leurs propres archives officielles et militaires.
Le plus grand mensonge d’Israël réside dans ses fondements mêmes, qui reposaient sur le crime sioniste majeur de nettoyage ethnique. Entre le 30 novembre 1947 et le 14 mai 1948, lorsque les colons ont déclaré la création de l’État d’Israël, les sionistes ont expulsé 400.000 Palestiniens de leurs foyers et 350.000 autres en décembre 1948.
Au cours de leur guerre de nettoyage ethnique, les gangs sionistes ont commis des dizaines de massacres et de nombreux crimes violents, notamment le viol de femmes et de filles palestiniennes. Pourtant, malgré toutes les preuves du contraire, Israël et ses propagandistes continuent d’insister sur le fait que les Palestiniens n’ont pas été expulsés et sont partis de leur propre gré.
Dans les années 1950 et 1960, le gouvernement israélien a en outre affirmé que les Palestiniens s’étaient auto-expulsés en réponse aux émissions de radio et aux ordres des dirigeants arabes voisins. Les Palestiniens auraient reçu pour instruction de quitter la Palestine afin que les armées arabes puissent intervenir et chasser les Juifs colonisateurs.
Cependant, des recherches importantes menées à cette époque ont montré qu’aucune émission de radio de ce type n’a jamais été diffusée, alors que de véritables émissions appelaient les Palestiniens à rester fermes sur leurs terres plutôt que de les quitter. Les fabricants israéliens ont finalement été incapables de produire une seule émission pour prouver leur propagande, dont ils espéraient qu’elle les exonérerait du crime de guerre qu’est le nettoyage ethnique.
En effet, ce sont les émissions de radio sionistes qui ont exhorté les Palestiniens à partir par le biais de mensonges et de manipulations, y compris par une guerre psychologique visant à semer la panique parmi les Palestiniens avec des histoires de propagation de maladies.
Le mensonge officiel israélien persistant selon lequel les sionistes n’avaient aucune intention d’expulser les Palestiniens de leurs terres commence aux premières années du mouvement sioniste.
En 1923, les Palestiniens ont protesté auprès des Britanniques, affirmant que les sionistes voulaient voler leur pays et les expulser, une préoccupation que Herbert Samuel, le haut-commissaire juif britannique en Palestine, a rejetée comme étant sans fondement. Lors de ses rencontres avec le gouvernement britannique, Samuel a insinué que l’opposition arabe au sionisme était basée sur une « incompréhension » de ses objectifs et que les dirigeants sionistes responsables n’avaient pas l’intention de confisquer les terres arabes ou d’inonder le pays d’immigrants juifs.
Le fait que la majorité de ceux qui vivent aujourd’hui à Gaza soient eux-mêmes, ou les descendants, des Palestiniens expulsés en 1948, est cohérent avec la demande que leur fait Israël actuellement de s’auto-expulser vers le Sinaï égyptien sous peine d’être anéantis.
L’ironie de ce récent projet de nettoyage ethnique est que l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 194 (III) en décembre 1948, exigeant qu’Israël rapatrie les Palestiniens qu’il a expulsés. La résolution est réaffirmée chaque année et fait partie des dizaines de résolutions qu’Israël continue de violer.
C’est là le nœud du massacre actuel d’Israël à Gaza et en Cisjordanie.
Les Nations Unies et leurs responsables, soumis au contrôle et au diktat américains, n’ont pas osé exiger que si les Palestiniens de Gaza doivent aller quelque part, ils soient autorisés à retourner sur leurs terres et chez eux en Israël, comme l’exigent le droit international et les résolutions de l’ONU.
Ni Antonio Guterres ni aucun de ses acolytes n’ont osé formuler une telle demande ou demander des comptes à Israël vis-à-vis des résolutions de l’ONU. Ce n’est que le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi qui, en réponse aux pressions israéliennes, européennes et américaines pour autoriser Israël à expulser les Palestiniens vers l’Égypte, a suggéré qu’Israël devrait les déplacer sur son propre territoire, dans le désert du Naqab.
Prendre des otages
L’un des nombreux mensonges d’Israël après 1967 était qu’il tenait en otage les territoires palestiniens occupés et leur population palestinienne jusqu’à ce que les « Arabes » acceptent de le reconnaître et de conclure des accords de paix avec lui. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il restituerait les territoires et libérerait la population palestinienne qu’il tenait en otage.
Cela a été résumé dans la formule israélienne et américaine « terre contre paix ». Compte tenu des mensonges spectaculaires qu’Israël colporte régulièrement, presque personne (y compris l’Autorité palestinienne et d’autres dirigeants arabes qui font semblant de les croire), à l’exception des véritables crédules, n’a jamais cru à ces affirmations.
La pratique consistant à prendre des civils en otages pour négocier la libération des prisonniers est en effet une innovation israélienne. En décembre 1954, des avions de combat israéliens ont détourné un avion de ligne civil syrien afin de capturer des otages pour les échanger contre quatre soldats israéliens capturés en Syrie après avoir infiltré la frontière quelques jours plus tôt.
Dans son journal, Moshe Sharett, alors Premier ministre israélien, a déclaré que le Département d’État américain l’avait informé que « notre action était sans précédent dans l’histoire de la pratique internationale ».
Face au refus syrien et à la condamnation internationale d’Israël empêchant tout échange, Israël a lancé un raid sur la Syrie un an plus tard, en décembre 1955, tuant 56 Syriens, dont trois femmes, et enlevant 30 Syriens comme otages pour les échanger contre les quatre soldats israéliens.
Les États-Unis ont été « choqués » par la criminalité d’Israël et ont soutenu une résolution ferme de l’ONU condamnant la violation par Israël de la ligne d’armistice. Les Syriens acceptèrent finalement l’échange en mars 1956.
Alors que la prise d’otages de civils est un acte illégal, les tentatives occidentales de qualifier les Palestiniens de « barbares » pour l’avoir commise tout en ignorant les crimes israéliens font partie intégrante de la propagande en cours.
Les Israéliens « civilisés » ont non seulement introduit cette pratique, mais ont également séquestré dans leurs cachots plus de 9.000 Palestiniens (dont 85 femmes et 350 enfants, dont 180 viennent d’être libérés lors du dernier échange). Plus de 3.290 d’entre eux, dont des centaines de femmes et d’enfants, ont été enlevés par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est rien que depuis le 7 octobre.
Depuis 1967, Israël tient en otage l’ensemble du peuple palestinien vivant en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est. Depuis 2006, il a incarcéré les habitants de Gaza dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde et les massacre désormais à moins qu’ils n’acceptent de s’auto-expulser.
La condamnation par l’Occident du Hamas, désigné comme organisation terroriste par Israël et la plupart des puissances occidentales pour avoir pris en otage des civils israéliens (dont le nombre est infime comparé aux civils palestiniens enlevés par Israël avant et depuis le 7 octobre) réaffirme l’hypocrisie totale des valeurs « universelles » de cet Occident libéral et raciste.
Exigences raisonnables
Au contraire, ce sont les Américains, les Britanniques et les Européens qui devraient ordonner à leurs propres ressortissants, en tant que colons illégaux en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, de quitter les territoires occupés et de rentrer dans leur mère patrie.
En 2017, on estimait qu’environ 65.000 citoyens américains étaient des colons rien qu’en Cisjordanie (15 % de la population totale des colons à l’époque), sans compter Jérusalem-Est. Ils constituent près d’un tiers des 200.000 colons américains vivant en Israël et dans les territoires occupés. Beaucoup d’entre eux se considèrent comme « libéraux » et « de gauche » et sont des professionnels instruits.
Le fait qu’au moins un million d’Israéliens juifs possèdent les nationalités européenne et américaine devrait inciter les États-Unis et les pays européens à les inviter à revenir dans leur pays d’origine pour assurer leur sécurité et pour qu’ils puissent faire de la place aux Palestiniens indigènes de Gaza, que leur colonisation avait déplacés en premier lieu, pour qu’ils reviennent dans leurs foyers et leurs terres d’origine, conformément au droit international et aux résolutions de l’ONU.
Aucun dirigeant arabe, et encore moins l’Autorité palestinienne, n’oserait adresser de telles exigences, que ce soit en public ou en privé, aux Américains et aux Européens. Pourtant, ces demandes raisonnables, qui sont conformes à la légitimité internationale, pourraient contribuer à mettre fin à l’insistance belliqueuse d’Israël à maintenir la suprématie juive et le colonialisme de peuplement sur la terre des Palestiniens.
L’ampleur de la sauvagerie d’Israël depuis le 7 octobre a dépassé les guerres barbares précédentes. L’attaque sioniste de 1947-1948 pour conquérir la Palestine a tué plus de 13.000 Palestiniens, dont plus de 11.000 civils (sans compter les 3.700 soldats et guérilleros arabes tués). L’invasion israélienne du Liban en 1982 a tué plus de 18.000 civils palestiniens et libanais.
La guerre génocidaire en cours contre Gaza par Israël a tué jusqu’à présent plus de 20.000 civils palestiniens (plus de 15.000 morts confirmés, dont 6.150 enfants et 4.000 femmes, et plus de 7.000 disparus sous les décombres), dépassant de loin le carnage précédent.
Le gouvernement israélien a colporté un flot de mensonges à la fois sur le peuple palestinien et sur la nature « démocratique » de son propre État colonial suprémaciste juif depuis 1948.
Pourtant, peu importe à quel point ses mensonges sont régulièrement dévoilés, Israël poursuit sa propagande sans être gêné par les faits, certain que ses inventions sont toujours crédibles aux yeux des Israéliens et des Occidentaux parce qu’elles sont soutenues par un racisme anti-palestinien, anti-arabe et anti-musulman.
C’est en dehors de l’Occident et en particulier dans les mondes arabe et musulman que la propagande raciste d’Israël n’a et ne devrait avoir aucune crédibilité.
Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR
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