F.M. Shakil, 5 novembre 2023. L’urgence de remplacer le système mondial actuel par un cadre multipolaire équitable, juste et non discriminatoire s’est considérablement accrue depuis que les États-Unis ont mis tout leur poids derrière « Israël » dans sa tentative barbare d’occuper Gaza par la force.

Selon les médias, il existe de plus en plus de preuves selon lesquelles « Israël » pourrait envisager de mener une opération de nettoyage ethnique à grande échelle à Gaza. Ce n’est cependant pas la première fois qu’une telle opération est envisagé.

En réalité, « Israël » a un tel plan pour Gaza depuis 2007, avec le feu vert des États-Unis. Le plan vise à donner un coup de pouce et à envoyer tout le matériel et les affaires de la population de Gaza vers le territoire égyptien voisin du Sinaï. Ce plan a été critiqué comme un cas d’histoire qui se répète, rappelant l’expulsion massive par « Israël » des Palestiniens de leur patrie lors de la création d’« Israël » en 1948. Cependant, le protocole mondial existant ne dispose pas d’un système judiciaire intégré pour empêcher l’agression israélienne contre la Palestine.

Il faut condamner fermement les hostilités en cours en Palestine, en particulier le nettoyage ethnique perpétré par les forces d’occupation à Gaza. Néanmoins, en violation de leurs propres protocoles, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont négligé de condamner les actes odieux perpétrés par « Israël » à Gaza et n’ont fait aucun effort pour promouvoir la paix dans la région. Les États-Unis et l’Union européenne, dans le but d’atteindre leurs objectifs politiques égoïstes, ont en fait soutenu et protègent les forces d’occupation dans leurs attaques brutales contre les civils, les femmes et les enfants palestiniens pour les atteindre.

Faire pression pour un nouveau système

Il semble qu’un nouvel ordre mondial, qui remplacera le système soutenu par les États-Unis, gagne du terrain, et les dirigeants du monde ont commencé à réclamer un protocole international équitable pour mettre fin aux injustices commises par les nations puissantes à l’encontre des faibles.

En raison de la barbarie de « Tel Aviv » à Gaza, qui a souligné les failles du système actuel à l’échelle mondiale, l’idée a récemment reçu davantage d’attention. Plusieurs pays, y compris les Palestiniens, connaissent la marginalisation et l’oppression en raison de l’approche partiale des États-Unis et de leurs alliés dans les affaires internationales.

La situation actuelle à Gaza, où l’on a vu les États-Unis apporter leur soutien à l’occupation israélienne, a encore accru l’impératif de réforme. L’appel du président Biden en faveur d’un monde unifié et d’un nouvel ordre le mois dernier a été un développement positif. Néanmoins, la réponse russe a mis en lumière le caractère impératif d’un cadre multipolaire. La perspective américano-centrée n’est plus viable. Il est temps d’établir un système impartial, équitable et exempt de préjugés. Les violations prolongées des droits de l’homme à Gaza, associées à l’acquiescement hypocrite de nations influentes, ont propulsé l’émergence d’un nouvel ordre mondial.

Réaction russe à la proposition de Biden

La Russie a vivement réagi au discours du président américain Joe Biden lors d’une réception de campagne le mois dernier, discours qui évoque l’engagement américain dans les crises étrangères en Ukraine, à Taiwan et en « Israël », et qui affirme que « l’ordre mondial » des cinquante dernières années est « à bout de souffle » et que l’Amérique doit « unir le monde » dans un nouvel ordre pour forger la paix. Biden a affirmé que les États-Unis possèdent une véritable opportunité de favoriser l’unité mondiale d’une manière jamais vue depuis longtemps et d’augmenter la probabilité de paix plutôt que la probabilité de guerre.

En réponse au discours du président Biden, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré aux journalistes que la vision « américano-centrée » était devenue obsolète et que Washington ne pouvait plus servir de centre d’un nouvel ordre mondial.

« Nous avons un point de vue différent sur ce point, car les États-Unis, quel que soit le système mondial auquel ils font référence, représentent un ordre mondial centré sur les États-Unis, c’est-à-dire un système mondial centré sur les États-Unis. Il n’en sera plus ainsi. » a observé Peskov.

La guerre des mots

La guerre des mots entre les États-Unis et la Russie reflète un fossé grandissant entre les deux géants mondiaux, qui sont en désaccord sur les actions de la Russie en Ukraine et sur les liens croissants de Moscou avec les ennemis de l’Amérique comme l’Iran et la Corée du Nord, sans compter le soutien inébranlable de Washington à « Tel Aviv ». sur la question de Gaza.

Depuis que la Russie a pris des mesures à l’égard de l’Ukraine en février 2022, les États-Unis ont sévèrement réprimé les organisations associées au Kremlin en leur imposant une série de sanctions. En plus de cela, ils ont distribué des milliards de dollars en soutien humanitaire, financier et militaire à l’Ukraine et à « Israël ».

Biden a récemment établi des parallèles entre le président russe Vladimir Poutine et le groupe palestinien qui prend les décisions dans la bande de Gaza, le Hamas, que les États-Unis ont qualifié d’organisation « terroriste ». Biden affirme que Poutine et le Hamas sont deux pois dans une cosse, représentant de sérieuses menaces pour les démocraties voisines.

« Le Hamas et Poutine sont peut-être des entités distinctes, mais ils sont faits de la même étoffe : tous deux ont pour objectif d’anéantir les démocraties voisines », a déclaré Biden dans un discours prononcé dans le Bureau ovale le mois dernier.

L’Iran plaide pour un nouveau système

La communication en provenance de Téhéran est ferme sur ce sujet précis. L’Iran perçoit des signes de déclin civilisationnel dans le monde occidental. La prévalence des troubles civils, du chômage et des sans-abri est répandue. Sur le plan international, les États-Unis ont été confrontés à de nombreux échecs en Irak, en Afghanistan et en Syrie.

D’un point de vue politique, cela signifie l’ascension des pays BRICS, l’établissement de nouvelles voies commerciales et la redistribution de l’influence économique vers les pays du Sud. Selon Khamenei, la trajectoire actuelle des événements historiques conduit à l’émergence d’un nouvel ordre mondial caractérisé par l’interaction de trois civilisations distinctes. Ces civilisations comprennent la civilisation chinoise Han, une civilisation islamique sous la direction de l’Iran et une civilisation russo-slave. On s’attend notamment à ce que ces civilisations soient engagées dans des conflits avec une culture occidentale en déclin.

Un cadre idéologique plus large qui englobe des idées telles que le choc des civilisations, le désir de renverser le monde occidental et la poursuite d’un ordre mondial multipolaire façonne principalement les perspectives géopolitiques de la Russie et de l’Iran. L’importance des conflits à Gaza et en Ukraine s’étend au-delà de leurs contextes immédiats.

Téhéran et Moscou ont identifié l’Ukraine et « Israël » comme deux arènes dans un conflit plus large entre les puissances orientales et occidentales. Au cours des cinquante dernières années, les États-Unis ont investi des ressources financières et une influence politique considérables pour soutenir la défense d’« Israël ». En conséquence, tout revers subi par « Tel Aviv » met non seulement en évidence sa propre vulnérabilité, mais met également en évidence la diminution de la force de son principal partenaire. Chaque roquette tirée par le Hamas qui parvient à atteindre une cible militaire est à la fois un acte de patriotisme et un défi supplémentaire à l’ordre occidental établi.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR