Partager la publication "PALESTINE – COMMÉMORATION DE LA NAKBA ET SOUTIEN A LA RÉSISTANCE 1948 / 2023"
Paris, le 13 mai 2023. Pour nous Palestiniens, commémorer la Nakba, la catastrophe que représente la spoliation de notre terre et la création de l’Etat colonial Israël en 1948, c’est d’abord se souvenir de nos martyrs tombés hier et aujourd’hui suite à cette occupation.Aujourd’hui, la nouvelle guerre que mène l’entité coloniale contre notre peuple sur le territoire de Gaza ou en CisJordanie montre à l’évidence sa volonté d’éradiquer la résistance palestinienne.
Il est un fait que 75 ans après la Nakba, l’Etat colonial n’a toujours pas réussi à imposer son contrôle sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique. De Gaza en passant par les villes occupées en 1967 comme Naplouse, Jénine, Tulkarem, Qalqilia, Jéricho, Ramallah, Jérusalem, Beithléem, Hébron, Jaffa, Haïfa, Aka, Al Lid, Israël n’arrive pas et n’arrivera pas à mettre fin à la résistance palestinienne.
Rappelons aussi depuis 1948, la création en 1964 de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ainsi que de multiples organisations qui ont mené ou mènent jusqu’à maintenant la résistance contre l’occupation israélienne.
La Nakba commence avec la spoliation par l’ONU de la terre de Palestine lors du partage injuste, institué par la Résolution n° 181 afin de donner une partie de notre territoire aux colons sionistes. Beaucoup nous disent que c’est le droit international. Mais quel est ce droit international qui permet le partage d’une terre ? Nous demandons où est écrit ce droit international qui permet à l’ONU le partage d’un territoire dans le monde ?
La charte de l’ONU, ou autre droit international, ne permet absolument pas le partage d’une terre et si c’était le cas, ce serait monstrueux car n’importe quel pays pourrait un jour voir sa terre partagée et donnée à n’importe quel groupe paramilitaire fasciste.
Au sujet de cette fameuse Résolution n° 181 de l’ONU qui instaure ce partage, nous disons qu’elle n’est pas conforme au droit international et en l’occurrence à la charte de l’ONU qui précise dans son Article 2 qu’elle doit accompagner les populations autochtones vers leur indépendance. Or, les Palestiniens, population originelle de cette terre, n’ont jamais été consultés et pour cause, ils subissaient déjà l’occupation anglaise qui a transmis le relais à l’occupation israélienne en 1948.
La Résolution n° 181 du 29 novembre 1947 qui partage de la Palestine n’est que le produit du rapport de force et de la concurrence entre les grandes puissances de l’époque (Grande-Bretagne, USA, France, URSS), voulant utiliser la région du Moyen-Orient comme l’une de leur base avancée.
De plus, cette résolution institue une ségrégation, un Apartheid sur la base de la séparation ethnique et religieuse puisqu’elle préconise la création de deux Etats l’un « juif » et l’autre « Arabe », comme si un juif ne pouvait pas être Arabe. Cette résolution a institué la religion juive en nationalité et a séparé de fait la population arabe palestinienne sur la base de la religion.
C’est comme si l’ONU partageait par exemple, avec la résolution n° xxx, la France en deux ou trois ou quatre Etats sur la base de l’appartenance religieuse de sa population qui serait un Etat chrétien, un Etat protestant, un Etat juif, un Etat musulman, un Etat bouddhiste, et aussi un Etat pour les agnostiques.
Evidemment que c’est monstrueux et la conséquence en serait que chaque Etat voudrait pratiquer un nettoyage ethnique, donc expulser certaines populations, afin d’avoir une population « homogène » d’un point de vue religieux.
C’est exactement ce qui s’est passé en Palestine occupée ; l’ONU ayant décidé du partage a donné le feu vert aux milices coloniales sioniste afin d’expulser les Palestiniens non juifs du territoire attribué à l’Etat « juif » mais qui est en réalité l’Etat « colonial ».
Voilà ce qu’a créé l’ONU le 29 novembre 1947 sur la terre de Palestine, un Etat colonial basé sur l’appartenance à la religion juive.
Dès ce moment, la Palestine disparaît sous Israël et le nettoyage ethnique commence avec l’expulsion ou le massacre de la population palestinienne non juive ou qui refuse le partage.
C’est ainsi que 531 villages et environ 300 hameaux palestiniens furent vidés de leur population et finalement complètement rasés afin d’empêcher tout retour. C’est au total environ 900.000 Palestiniens qui seront expulsés ou certains massacrés, comme dans le village de Tantura près de la ville de Haïfa, où près de 300 villageois massacrés par la brigade Alexandroni sont toujours enfouis dans une fosse commune sous le parking de la plage de Dor.
Voilà la réalité de la Nakba pour le peuple palestinien en 1948 avec son lot d’expulsion, de massacres, mais aussi de résistance comme aujourd’hui.
Ce qui imprime la vie du peuple palestinien depuis l’occupation des territoires en 1948, renforcée après l’occupation du reste de la Palestine 1967, c’est le refus du fait colonial israélien en terre de Palestine, c’est la volonté de résistance par tous les moyens, comme l’a fait la journaliste Shirine abou Aqleh, assassinée par un soldat israélien, ou de Khader Adnan mort en prison des suites d’une grève de la faim de plus de 80 jours pour protester contre sa détention sans jugement. Son corps est toujours prisonnier, comme plus de 120 martyrs, retenus en otages afin de négocier avec leurs familles.
Depuis 1948, les Palestiniens subissent l’occupation, la colonisation, la prison, la torture, les assassinats ciblés, les massacres de Kafar Qassem ou Sabra et Chatila, la destruction des maisons des résistants, les bombardements à Gaza ou au Liban, en Jordanie ou en Syrie. Tout ceci constitue des crimes de guerre commis par l’entité coloniale Israël.
Tous ceux qui parlent d’Israël comme d’un « Etat légitime reconnu par le droit international » sont complices du fait colonial. Pour nous Palestiniens, cette entité est et restera illégitime et la résistance par tous les moyens reste la seule manière d’en finir avec cet Etat.
Nous ne sommes pas responsables de la création de ce dernier et nous ne sommes pas responsables de l’avenir de la population coloniale israélienne qui occupe notre terre. La France est responsable parce qu’elle a voté le plan de partage, ce sont les partis et organisations de droite et de gauche qui ont soutenus la création de cet Etat, c’est vous aujourd’hui qui en avaient la responsabilité.
On nous dit toujours, « Mais regardez, Israël est un Etat démocratique et nous Palestiniens devrions être heureux de cette « occupation démocratique » pratiquée par des laïques ».
Aujourd’hui Israël apparaît sous son vrai jour d’Etat qui se revendique en nation juive pour ses seuls citoyens juifs, colonial fasciste d’extrême-droite soutenu par l’Etat français mais aussi par l’extrême-droite française, ainsi que par les partis socialiste et communiste depuis 1948 et on nous dit encore aujourd’hui qu’Israël est un Etat d’Apartheid mais à vous, les Palestiniens, de vivre dans votre Etat à côté de cet Etat d’Apartheid.
Quelle leçon de démocratie, Messieurs de la coloniale !
75 ans après la catastrophe que représente pour nous la création de l’Etat d’Israël et au moment où ce dernier mène un blocus et une guerre contre notre peuple à Gaza et ailleurs en Palestine, nous souhaitons que la France et le mouvement de solidarité avec la cause palestinienne – associations, partis politiques, syndicats – déclare clairement l’illégitimité de cet Etat colonial et d’Apartheid, qu’il rompe tout lien avec lui et rompe aussi tout lien avec l’autorité palestinienne qui n’est qu’une force de collaboration qui arrête, torture et parfois exécute les résistants palestiniens dans ces prisons. Rappelons que le prisonnier Khader Adnan, mort d’une grève de la faim dans une prison israélienne, a aussi été prisonnier de cette autorité palestinienne.
Nous voulons aussi dénoncer et condamner les accords dits de « coopération » entre certaines institutions françaises comme des municipalités, associations qui financent l’autorité palestinienne corrompue et collabo d’Israël. Nous vous demandons de rompre ces accords et de boycotter (par la campagne BDS) autant l’Etat d’Israël que ses suppléants de l’autorité palestinienne.
Nous voulons condamner tous ceux, politiques comme députés ou institutions comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui soutiennent l’Etat colonial et par là même font l’apologie de crimes de guerre.
En tant que Palestiniens, musulmans, chrétiens et juifs, forts de nos traditions de coexistence pacifique entre nos religions, nous voulons exprimer en ce jour du souvenir de nos martyrs, de nos disparus, de ceux qui vivent l’occupation ou l’exil, le vœu et l’espoir de libérer notre terre de l’occupation israélienne, pour le retour de tous les réfugiés palestiniens exilés depuis 1948, pour la libération des prisonniers et pour l’instauration d’un Etat laïque et démocratique pour tous ses citoyens avec comme capitale Jérusalem sur la terre historique de Palestine de la mer Méditerranée jusqu’au fleuve Jourdain.
Gloire à nos martyrs
Liberté pour nos prisonniers
Palestine Vivra, Palestine Vaincra
Association de Palestiniens en Ile de France,
Paris, le 13 mai 2023.