Motasem A Dalloul, 18 novembre 2022. La nuit dernière, 21 personnes, dont des femmes et sept enfants, sont mortes après qu’un énorme incendie a ravagé le troisième étage de leur immeuble résidentiel de trois étages à Tel Al-Zaatar, dans le plus grand camp de réfugiés de la bande de Gaza assiégée.
Toutes les victimes appartenaient à la famille Abu Rayya, qui s’était réunie pour célébrer le retour du Dr Maher Abu Rayya, qui venait d’obtenir un doctorat en Égypte. Maher est un ancien ministre adjoint du ministère du Travail à Gaza. La famille célébrait également l’anniversaire de l’un des fils de Maher.Les enquêtes sur la cause de l’incendie sont en cours, mais un porte-parole des services de défense civile de Gaza a déclaré que des feux d’artifice avaient été utilisés dans une zone où était stockée une grande quantité d’essence, ce qui a contribué à la propagation du feu dans l’appartement.
Toute la famille a été tuée dans cet incident, qui est le plus tragique depuis la dernière offensive israélienne sur Gaza en mai 2021, lorsque 14 membres de la famille Abu Al Ouf ont été tués, avec 30 autres personnes, dans des frappes aériennes israéliennes.
À Gaza, le gouvernement administré par le Hamas a déclaré qu’il avait ordonné aux services de la défense civile de mobiliser tous leurs équipements pour éteindre le feu aussi vite que possible afin de secourir les personnes piégées, mais le manque d’équipement nécessaire a fait échouer leurs efforts.
Selon le porte-parole des services de la défense civile, les pompiers ont réagi immédiatement à l’incendie, mais ils ont constaté qu’il s’était rapidement propagé dans l’appartement avant leur arrivée.
Le Hamas, le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas et toutes les factions palestiniennes ont déclaré qu’aujourd’hui était un jour de deuil. M. Abbas a ordonné que le drapeau palestinien soit mis en berne pendant trois jours et a ordonné que toutes les formes d’assistance soient offertes aux blessés. Mais il n’y avait pas de blessés, car tous les occupants de l’appartement avaient péri.
Tor Wennesland, l’envoyé des Nations unies pour la paix au Moyen-Orient, a exprimé « ses sincères condoléances aux familles endeuillées, aux parents et amis de ceux qui ont péri dans l’accident, au gouvernement et au peuple palestinien. »
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré, selon les médias israéliens, que le service de liaison militaire israélienne avec les Palestiniens, connue sous le nom de COGAT, avait transmis une offre d’assistance pour l’évacuation humanitaire des victimes vers les hôpitaux israéliens.
« Nous avons offert notre aide pour évacuer les civils blessés vers les hôpitaux via le COGAT. L’État d’Israël est prêt à fournir une aide médicale vitale aux habitants de Gaza », a déclaré Gantz.
Mais c’est Israël qui est responsable de cette tragédie. Israël soumet Gaza à un strict siège maritime, aérien et terrestre depuis 2006, date à laquelle les Palestiniens ont librement élu le Hamas au pouvoir.
Depuis lors, l’État d’occupation a mis en place des restrictions à l’entrée de la plupart des marchandises et des produits de base dans l’enclave assiégée. Il a également empêché l’entrée de nombreux équipements destinés aux hôpitaux, à la police et aux équipes de défense civile.
Dans le cadre de la pression qu’il exerce sur les habitants de Gaza, Israël accroît les souffrances et exploite les besoins fondamentaux des habitants de la bande. De nombreux équipements médicaux et de lutte contre l’incendie, dont le besoin est urgent, doivent être approuvés par Israël avant d’être autorisés à entrer dans la bande de Gaza, qui attend toujours cette autorisation.
Au début de l’année, les services de la défense civile ont mis en service le premier camion de pompiers fabriqué localement en coopération avec un atelier local de réparation de camions, mais ce n’était pas une solution efficace car il s’agissait d’un camion auquel étaient fixés un tuyau et une pompe. La pompe avait été prélevée sur un vieux camion de pompiers hors service.En décembre 2019, Israël a autorisé l’entrée d’une vingtaine de véhicules de secours et de lutte contre les incendies dans la bande de Gaza. Donnés par le Qatar, ils comprenaient plusieurs SUV équipés de pompes à eau. Avant ce don, les services de défense civile ne disposaient que de 33 véhicules pour servir les deux millions de personnes vivant dans l’enclave assiégée, dont un seul camion de pompiers équipé d’une plateforme hydraulique.
L’ONU et la communauté internationale sont également responsables de cette tragédie en raison de leur manque d’efforts sérieux et concrets pour mettre fin au siège israélo-égyptien de Gaza. Lorsqu’ils ont décidé d’aider l’Ukraine, ils ont immédiatement envoyé des équipes, des armes, ouvert les frontières aux réfugiés, etc… Ils ont également sanctionné l’agresseur, la Russie.
Pourtant, depuis 70 ans, Israël fait l’objet de nombreuses résolutions de l’ONU, de déclarations de condamnation et de jugements sur l’illégalité de sa politique à l’égard des Palestiniens et pourtant, aucune sanction n’a été prise à son encontre et les Palestiniens n’ont pas reçu d’aide pour combattre son agression.
Hundreds of thousands of Palestinians mourn the 21 victims of yesterday's tragic fire incident in Jabalia 💔🇵🇸 pic.twitter.com/Wi27BndRWs
— Quds News Network (@QudsNen) November 18, 2022
La communauté internationale devrait au moins obliger Israël à mettre fin à son siège de Gaza et à autoriser l’entrée des besoins fondamentaux de la population, du matériel médical et des équipements de lutte contre l’incendie.
Leur inaction les rend complices des crimes d’Israël contre les Palestiniens et de la souffrance prolongée de la population de Gaza.
L’offre d’aide d’Israël aux victimes est un autre exemple de son hypocrisie. Si l’État d’occupation voulait aider la population de Gaza, il mettrait fin au siège et à l’occupation et permettrait aux Palestiniens de circuler librement.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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