Partager la publication "L’AP et Israël maintiennent leur coopération en matière de sécurité même dans les prisons"
Motasem A Dalloul, 20 mai 2022. Mardi 17 mai, les forces israéliennes en civil ont lancé un raid dans un parc populaire du village de Dura Al-Qara, au nord-est de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et ont arrêté sept étudiants palestiniens inscrits à l’université de Birzeit [il s’agit de Mohammad al-Fateh, Wisam Turki, Mohammad Arman, Abdul-Rahman Alawi, Mo’tasem Zalloum, Dia’ Zalloum et Abdul-Majid Hasan (source) ndt]
Tous ces étudiants sont membres du Bloc islamique, la branche étudiante du Mouvement de résistance islamique palestinien Hamas. Ils ont été arrêtés à la veille des élections étudiantes à l’université.
Leurs familles, leurs proches et leurs amis ont déclaré qu’ils pensaient avoir été arrêtés à la suite d’un débat électoral qui a eu du succès et qui s’est tenu à l’université quelques heures avant leur arrestation.
Lorsque les autorités d’occupation israéliennes ont placé Motasem Zalloum, membre du Bloc islamique, dans la prison d’Ofer avec des membres du Fatah, sa famille était certaine qu’il avait été arrêté en raison de ses convictions politiques. Motasem a été battu par les détenus qui appartiennent au bloc politique rival.
L’attaque contre Zalloum a été condamnée par la plupart des factions palestiniennes, y compris par de nombreux partisans du Fatah.
Le Hamas a déclaré que l’attaque contre Zalloum avait été planifiée à l’avance parce que les services pénitentiaires israéliens (IPS) l’ont séparé des six autres militants qui ont été arrêtés avec lui. L’IPS l’a envoyé au bloc où les membres du Fatah sont incarcérés seuls et lorsqu’il a refusé d’y aller, l’IPS a dit qu’il devrait y passer un certain temps pour des raisons administratives.
Ce récit a été confirmé par des prisonniers d’autres factions palestiniennes. Une source de la prison israélienne où Zalloum a été battu a déclaré à Quds Press qu’il avait été sciemment remis à des prisonniers du Fatah.
J’ai entendu un message enregistré envoyé par un prisonnier de la même prison disant : « Lorsque Zalloum est entré dans la pièce, il a été conduit dans la salle de bain où il a été battu par 10 à 15 prisonniers, certains l’ont frappé avec des bâtons et d’autres avec leurs mains jusqu’à ce qu’il souffre de douleurs sur tout le corps. »
Selon les médias israéliens et des sources de la famille de Zalloum, celui-ci a été admis à la clinique de la prison pour y être soigné en raison des blessures qu’il a subies sur tout le corps.
Avant, pendant et après les élections étudiantes, les services de sécurité de l’Autorité palestinienne – qui est dirigée par le Fatah – ont mené une campagne active contre les étudiants qui participent aux élections ainsi que leurs familles. Des membres du Bloc islamique ont été convoqués dans les bureaux de sécurité de l’AP et ont été menacés d’emprisonnement ou agressés en raison de leur activisme.
Des familles ont déclaré avoir reçu des SMS les avertissant que leurs fils seraient punis s’ils votaient pour le Bloc islamique.
Les agents de sécurité de l’AP, y compris des commandants de haut rang de différentes agences de sécurité, ont collaboré avec les étudiants du Fatah à l’intérieur et à l’extérieur de l’université, tandis que les autorités d’occupation israéliennes poursuivaient les membres et les dirigeants du Bloc islamique et les arrêtaient avant les élections.
Je me souviens que cela se produisait chaque année lorsque j’étudiais à l’Université islamique de Gaza entre 1997 et 2001, les membres et les candidats du Bloc islamique étaient régulièrement arrêtés avant les élections étudiantes.
Les événements de cette semaine confirment qu’il existe une coopération totale en matière de sécurité entre l’AP et les autorités d’occupation israéliennes pendant les élections. Cela était évident lors des élections parlementaires qui se sont tenues en 2006, et lors des élections municipales qui ont eu lieu plus tard.
Le Hamas n’a pas officiellement pris part aux élections municipales qui se sont tenues dans plusieurs villes de Cisjordanie en mars, mais nombre de ses membres et partisans se sont présentés aux élections sur des listes indépendantes. Reconnus par les services de sécurité de l’Autorité palestinienne et d’Israël, ils ont été arrêtés ou leurs déplacements ont été limités afin de ne pas leur permettre de rencontrer les électeurs.
Pendant ce temps, l’occupation israélienne a accordé toutes les libertés aux candidats du Fatah et leur a délivré des laissez-passer VIP leur permettant de se déplacer plus librement à travers les postes de contrôle. Le Comité central palestinien des élections a qualifié les mesures israéliennes de « dangereuses » ; il les a considérées comme une « ingérence explicite dans le processus électoral et une violation des libertés et des pratiques démocratiques. »
L’analyste politique de la Cisjordanie occupée, Fadi Salameen, a déclaré : « Il s’agit d’une coopération sécuritaire totale entre l’AP et l’occupation israélienne qui visait à compromettre la victoire de tout candidat du Hamas ou proche du Hamas. »
Pendant ce temps, Waleed Agha, un ancien prisonnier qui a passé 13 ans dans les prisons israéliennes, a décrit les restrictions israéliennes et l’arrestation des membres du Bloc islamique comme « un soutien clair à la liste du Fatah. » Agha s’est présenté pour le Bloc islamique à l’Université islamique de Gaza en 1998 et 1999, deux ans avant d’être arrêté par l’occupation israélienne.
Il a confirmé qu’il existe une coopération totale en matière de sécurité entre les dirigeants des prisonniers du Fatah et l’IPS. L’ancien responsable du Fatah de Gaza, qui a passé des années dans les prisons israéliennes, Khaled Abu Hilal, a réitéré cela, notant que les dirigeants du Fatah offrent leur coopération à l’IPS en échange de « gains insignifiants ».
S’exprimant sur Palestine TV après la victoire du Bloc islamique à l’Université de Birzeit, le secrétaire général du Comité central du Fatah, Jibril Rajoub, a déclaré que le Fatah paie le prix des erreurs de l’AP.
Au cours du débat électoral, quelques heures avant son arrestation, Zalloum a comparé l’agression israélienne lors des funérailles de la journaliste Shireen Abu Akleh à l’agression de l’AP lors des manifestations qui ont éclaté à la suite du meurtre du militant palestinien Nizar Banat. C’est peut-être la raison pour laquelle l’AP et Israël ont convenu de le soumettre à une peine commune.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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