Partager la publication "Les Palestiniens sont déjà libérés, c’est nous qui sommes prisonniers du sionisme"
Amira Abo el-Fetouh, 17 septembre 2021. La Palestine est toujours le berceau des peuples libres du monde. Les Palestiniens sont toujours la source d’inspiration et d’espoir des peuples arabes opprimés et retenus captifs à l’intérieur de leurs patries. Les dirigeants tyrans fascistes, nommés par les colonialistes avant leur départ, sont toujours sur leurs trônes. Les colonialistes les surveillent de près, pour s’assurer qu’ils restent leurs agents au Moyen-Orient et qu’ils méritent leurs postes éminents.
Cela signifie qu’ils doivent être injustes et humilier le peuple pour gagner l’approbation de leurs maîtres. Ainsi, le peuple devient faible, soumis, docile, frustré et accablé par le défaitisme.
Ceux qui disent qu’ils ne sont pas de taille face aux dirigeants et à leurs armées oublient que si la détermination est là, ils ont le pouvoir de renverser les tyrans les plus forts. Nous l’avons vu lors du printemps arabe, lorsque certains puissants dictateurs ont dû fuir. Eux et leurs partisans en Occident ne s’attendaient pas à cela, même dans leurs pires cauchemars.
Il était donc nécessaire que les tyrans travaillent ensemble pour réinsuffler la peur dans le cœur des gens. Les contre-révolutions ont réussi à briser la volonté des peuples et à écraser sa dignité.
Néanmoins, la flamme révolutionnaire brûle toujours dans le cœur des personnes à l’esprit libre qui rejettent l’esclavage et la tyrannie, et n’accepteront pas le statu quo. Cela se manifeste dans les réseaux sociaux par le soutien manifesté à la résistance palestinienne contre l’occupation sioniste chaque fois qu’Israël lance une offensive militaire. « Palestine libre, libre ! » est devenue le slogan qui compense l’humiliation infligée au peuple par les despotes arabes dans les capitales de la région. Nous avons vu en mai que les groupes de résistance ont établi de nouvelles règles d’engagement grâce à leur capacité à riposter aux attaques de l’ennemi. Cela a ravivé l’espoir dans le cœur et l’esprit des peuples arabes.
La Palestine reste la boussole morale dans toute la région. Depuis plus de 70 ans, elle unit les masses arabes, non seulement à cause de la mosquée Al-Aqsa, mais aussi parce que c’est une terre qui est toujours sous occupation coloniale. Les États arabes sont occupés indirectement, bien sûr, mais la Palestine est une occupation explicite.
Oui, certains Palestiniens sont tombés dans le « piège de la liberté » connu sous le nom d’accords d’Oslo et ont contribué à créer une « Autorité palestinienne », dont le seul but est de protéger l’État d’occupation qu’est Israël. Son chef complaisant est Mahmoud Abbas, pour qui la coordination sécuritaire avec les occupants brutaux est « sacrée ».
Néanmoins, la majorité du peuple palestinien est aux côtés de la résistance. La réponse à la bataille de « L’épée de Jérusalem » en mai l’a montré clairement, lorsque les Palestiniens de tous les territoires occupés, y compris ceux qui se trouvent à l’intérieur de l’État d’apartheid, ainsi que ceux de la diaspora, se sont rassemblés pour soutenir leurs frères et sœurs de Jérusalem occupée et de la bande de Gaza. Cela a eu l’effet d’un référendum public sur la direction de l’Autorité palestinienne, et celle-ci a été déshonorée. Les territoires palestiniens n’avaient pas connu une telle unité depuis 1938, et cela a fait trembler le sol sous les pieds des forces d’occupation qui craignent pour l’avenir de leur État usurpateur.
Piteusement, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) n’a pu en profiter car elle est souillée par la honte d’Oslo. Elle ne peut et ne veut pas se purifier de cette impureté et revenir à son objectif et à sa stratégie initiaux en tant que mouvement de libération nationale menant une lutte armée contre l’occupation.L’OLP a besoin d’une réforme sérieuse. Entre-temps, le peuple palestinien a choisi la voie de la résistance pour libérer sa terre et a abandonné toute prétention au faux « processus de paix ». En témoignent les actes de courage individuels, comme celui de l’homme qui a porté un coup au nom de la jeunesse de Gaza en tuant un sniper israélien responsable d’on ne sait combien de morts et de blessés. Et l’esprit et la détermination des six prisonniers qui se sont échappés de la prison de haute sécurité de Gilboa est un exemple pour toute la région, et pas seulement pour les habitants de la Palestine occupée. Le fait qu’ils aient pu creuser un tunnel d’évasion à l’aide d’une cuillère, sans être détectés par les mesures de sécurité sophistiquées, est à la fois étonnant et inspirant. Même les équipements de surveillance avancés ne les ont pas arrêtés.
Peu importe qu’ils aient été repris depuis, sans doute avec l’aide d’espions et d’informateurs au sein de la communauté palestinienne. Bien sûr, nous espérions que cela ne se produirait pas, mais cela ne diminue pas la valeur de ce que ces six captifs ont accompli par leur seule volonté. Le message adressé au monde a mis à nu les mythes de l’invincibilité sioniste, de la même manière que les roquettes de la résistance en provenance de Gaza ont mis à l’épreuve le légendaire système de défense antimissile Dôme de fer, qui a échoué, au grand embarras d’Israël.
La foi et la confiance en soi des Palestiniens ont été renforcées. Ils savent que leur ennemi n’est pas aussi fort que le monde le croit, que toutes les armes de pointe du monde ne peuvent vaincre la vérité et la détermination d’un peuple opprimé. En outre, ils savent que l’occupation ne durera pas éternellement.
Les six évadés ont creusé un tunnel hors de leur prison. Du coup, cela a ouvert des tunnels à travers les murs du désespoir et de la frustration, à travers lesquels le peuple arabe peut maintenant voir la lumière, malgré les soi-disant « accords d’Abraham ». Il est ironique que nous nous mobilisions pour « libérer la Palestine », car les faits suggèrent que ce sont les Palestiniens qui sont déjà libérés, et que c’est nous qui sommes retenus prisonniers par l’ennemi sioniste sur nos propres terres.
L’article original, en anglais, est paru sur Middle East Monitor / Traduction MR
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