Partager la publication "Karim Younis entre statut unitaire de la lutte palestinienne et mise à l’épreuve de la crédibilité des politiques"
Makram Khoury-Machool, 7 janvier 2023. Le fait que le prisonnier palestinien, Karim Younis, ait brisé le carcan des prisons de l’occupation israélienne après quatre décennies passées dans les conditions les plus dures non seulement alimente, avec la plus grande sincérité, le dossier des souffrances des prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne, mais met également en lumière une grande partie des Palestiniens qui, démographiquement, représentent environ 2 millions de personnes qui ont des « identités israéliennes ».
La grande majorité ne sait peut-être pas que Karim Younis est l’un d’entre eux, et il n’est en effet pas le seul. L’un des objectifs du sionisme était de déraciner ce segment de Palestiniens du reste du peuple palestinien et de les transformer en « bûcherons et porteurs d’eau » dépouillés de leur sentiment d’appartenance à leur patrie et à leur peuple et en « citoyens » de quatrième classe. qui sont soumis et intégrés selon les besoins du colonialisme de peuplement.
Cependant, nous rappelons aux colonialistes sionistes et à leurs collègues collaborateurs arabes qui ont tenté de déchiqueter la conscience du peuple palestinien depuis la Nakba, puis conçu des plans pour fragmenter, ignorer et effacer l’identité palestinienne, considérant que la moitié d’entre eux sont devenus des réfugiés dans la diaspora et l’autre moitié a été occupée en « Palestine occidentale en 1948 et en Palestine orientale en 1967 » en adoptant et en promouvant des résolutions « internationales » incomplètes (depuis la décision de partition, etc.), nous leur rappelons que Karim Younis, le prisonnier le plus ancien au monde (libéré le 5 janvier 2023), vient de Wadi ‘Ara dans le soi-disant « Triangle du Nord » à l’est de la Palestine occidentale qui a été occupée pendant la Nakba de 1948 – littéralement la catastrophe, et qui a différentes nomenclatures erronées et vient avec divers « ajouts » au nombre 48.
Nous leur rappelons également que le parcours de Karim Younis et de dizaines de prisonniers palestiniens (d’Al-Jalil, d’Al-Naqab, du « Triangle Nord », ou des villes de la côte palestinienne) doit être une source de honte et une occasion de repentance et demande de pardon de tous les autres collaborateurs arabes (dont certains Palestiniens, bien qu’ils soient peu nombreux) qui ont accepté d’être transformés en outils ou (peut-être victimes ?) de la guerre psychologique de l’occupation qui a classé ceux qu’elle appelle « Arabes israéliens » comme cinquième colonne, traîtres, etc. (comme si se cramponner à son propre peuple pouvait jamais être assimilé à trahir l’occupation ?!) et les a mis sur des listes noires après s’être emparés de leurs terres et leur avoir imposé un régime militaire en plus de « l’état d’urgence »… Ceci d’une part.
D’autre part, et dans le cadre de campagnes systématiques et de plans à long terme, on a implanté des termes péjoratifs, dans le « monde arabe », à l’égard de ce segment particulier de Palestiniens ; ils ont en fait été repris et adoptés par certains ignorants, traitant ces Palestiniens – c’est-à-dire ceux qui ont survécu à la Nakba (les Palestiniens qui ont réussi à rester dans leur patrie au sommet de la Nakba de 1948) de collaborateurs et de traîtres, alors que les vrais traîtres étaient au cœur de certaines capitales arabes… et le sont toujours !
En effet, pour ne pas parler de certains « régimes arabes » (du passé ?) et de quelques « élites » seulement… il faut faire la lumière sur le cercle palestinien intérieur : si vous voulez connaître la vérité et l’essence et les principes auxquels tout « dirigeant politique » palestinien croit et selon lesquels il agit, tout ce que vous avez à faire est de lui demander ce qui suit : soutiendrez-vous et travaillerez-vous sérieusement pour que Karim Younis et ses semblables (et les Palestiniens de l’ouest de la Palestine en général ) rejoignent les instances officielles de l’Organisation de Libération de la Palestine (Conseil National et Conseil Central notamment… sachant qu’il s’agit là de quelque chose de différent de l’appartenance à d’autres mouvements ou factions car cela peut n’être que formel et symbolique) puisque que l’OLP est la seule et légitime représentante du peuple palestinien dans tous les lieux de sa présence, où qu’il se trouve (quelle que soit sa nationalité) ?
S’il est possible pour un Allemand-Palestinien ou un Jordanien-Palestinien d’être membre des organes de l’Organisation de libération de la Palestine, qu’est-ce qui peut empêcher un Palestinien de l’ouest de la Palestine (détenteur du soi-disant document d’identité « bleu ») de devenir membre lui aussi ?
Les choses ne peuvent pas être plus claires en jetant simplement un coup d’œil sur le modus operandi du mouvement sioniste et sur la manière dont il utilise la présence juive partout.
Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR
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