Partager la publication "Le cas de Salah Hamouri est « un exemple de la politique israélienne envers les Palestiniens de Jérusalem »"
Qassam Muaddi, 17 novembre 2022. La présence palestinienne à Jérusalem est en danger, ont déclaré mercredi des militants palestiniens des droits de l’homme lors d’une conférence de presse organisée à Ramallah par une coalition d’organisations de défense des droits de l’homme.
La conférence de presse (photo ci-dessus), qui portait sur les droits de résidence des Palestiniens à Jérusalem, a mis en lumière le cas de l’avocat franco-palestinien des droits de l’homme, Salah Hamouri, détenu sans charges par les forces israéliennes depuis mars.
« L’ordre de détention actuel de Salah Hamouri expirera début décembre, après quoi il sera confronté à une réelle possibilité d’expulsion », a déclaré Saha Francis, directeur de l’association Addameer de soutien aux prisonniers, lors de la conférence.
« Les autorités israéliennes ont retiré à Hamouri ses droits de résidence à Jérusalem en octobre 2021, puis l’ont arrêté en vertu du système de détention administrative qui n’est utilisé que pour les Palestiniens de Cisjordanie, ce qui est une façon pour les autorités israéliennes de dire qu’elles décident qui est un Jérusalémite et qui ne l’est pas », a souligné Francis.
« L’expulsion de Hamouri ouvrirait la voie à l’expulsion ultérieure de Palestiniens jérusalémites, ce qui menacerait encore davantage la présence palestinienne dans la ville », a ajouté Francis.
Le cas de Salah Hamouri est « un exemple de la politique israélienne envers les Palestiniens de Jérusalem », selon Munir Nseibeh, directeur du Centre d’action communautaire de Jérusalem.
« Depuis son occupation de la partie orientale de Jérusalem en 1967, Israël a donné à tous les Palestiniens de la ville un statut de résident », a déclaré Nseibeh. « Au fil des années d’occupation, l’État occupant n’a cessé d’étendre ses lois pour dépouiller encore davantage les Palestiniens de leurs droits de résidence à Jérusalem, en réaménageant leur statut juridique. »
« Dans les années 1970, Israël a commencé à priver les Palestiniens de leur droit de résidence à Jérusalem s’ils quittaient le pays pendant sept ans ou obtenaient des droits de résidence dans un autre pays », a détaillé Nseibeh.
« Ces dernières années, Israël a adopté la loi ‘Centre de vie’, permettant de révoquer les résidences des Palestiniens à Jérusalem uniquement pour avoir vécu en dehors de Jérusalem, sans avoir quitté le pays », a-t-il souligné.
« Depuis 2018, Israël a rendu possible, par la loi, de révoquer les droits de résidence des Palestiniens à Jérusalem pour ‘manque d’allégeance à l’État d’Israël’, ce qui est le critère vaste et peu clair sur lequel la résidence de Hamouri a été révoquée », a encore noté Nseibeh.
« Si nous ne nous opposons pas à cette politique, davantage de Palestiniens perdront leur droit de vivre dans leur ville », a-t-il ajouté.
« Tous les efforts doivent se conjuguer pour soutenir Salah Hamouri et les droits des Palestiniens à vivre à Jérusalem, car ils sont les véritables habitants de la ville et les garants de son identité historique et culturelle », a déclaré Atallah Hanna, archevêque grec-orthodoxe et figure chrétienne palestinienne renommée, lors de la conférence de presse.
« Nous voulons que Salah soit libre, et nous le voulons à Jérusalem, sa ville », a souligné Atallah Hanna.
La prochaine audience de Salah Hamouri pour la révocation de sa résidence est prévue en février. En attendant, il reste en isolement à la prison israélienne de Hadarim.
Le mois dernier, Salah Hamouri et quelque 200 détenus administratifs palestiniens dans les prisons israéliennes ont mis fin à une grève de la faim de 19 jours, pour protester contre l’augmentation du recours d’Israël à la politique de détention administrative contre les Palestiniens.
Selon Addameer, plus de 800 Palestiniens sont actuellement détenus dans des prisons israéliennes sans inculpation en vertu d’ordonnances de détention administrative.
« Nous attendons de voir ce qui se passera à la fin de la détention actuelle de Salah », a déclaré la mère de Hamouri, présente à la conférence de presse, au New Arab.
« Il pourrait être libéré, sa détention pourrait être renouvelée comme cela a déjà été le cas plusieurs fois, et il pourrait être envoyé hors du pays », a-t-elle ajouté.
« Nous lui avons rendu visite il y a dix jours et nous avons vu que son moral est bon », a ajouté la mère de Hamouri. « En fait, c’est lui qui nous a remonté le moral ».
Depuis 1967, Israël a révoqué les droits de résidence à Jérusalem de plus de 14 000 Palestiniens, selon les groupes de défense des droits de l’homme.
« Ce nombre est bien plus important si l’on prend en compte les enfants de ces Palestiniens et leurs descendants », a déclaré Munir Nseibeh au New Arab. « Il s’agit d’une réduction effective et à long terme de la population palestinienne de la ville. »
Article original en anglais sur The New Arab / Traduction MR
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