Ehab Tahboub, 23 octobre 2022. Ahmad Manasra a été admis dans l’unité psychiatrique de l’hôpital pénitentiaire de Ramla, alors que sa santé mentale continue de se détériorer, selon une déclaration partagée hier sur les réseaux sociaux par la campagne pour la libération de Manasra.
Ses avocats, Khaled Zabarka et Nareman Shehadeh-Zoabi, affirment qu’ils n’ont pas été informés de son transfert et ne l’ont appris que lorsqu’ils ont déposé une demande de visite à Manasra. Selon la déclaration, le transfert a eu lieu la semaine dernière.
Manasra, âgé de 21 ans, est détenu par Israël depuis l’âge de 13 ans et il est sur le point de commencer sa deuxième année consécutive d’isolement.
Le 3 octobre, Adalah, le centre juridique pour les droits des minorités arabes en Israël, a déposé une requête auprès de la Cour suprême israélienne afin d’obtenir l’autorisation de faire appel de la décision d’un tribunal israélien inférieur, le 1er septembre, qui a refusé la libération anticipée d’Ahmad Manasra. La Cour suprême a stipulé que l’État devait répondre avant le 6 novembre.
En juin de cette année, un comité spécial israélien a rendu une décision classant le cas de Manasra sous la « loi sur le terrorisme », l’empêchant de demander une libération anticipée.
L’équipe de défense de Manasra a publié à l’époque une déclaration demandant au tribunal de modifier « la classification illégitime du cas d’Ahmad et de le libérer immédiatement ».
Le Réseau Palestine-Global pour la santé mentale et l’équipe de défense de Manasra ont réussi à obtenir une visite unique d’un thérapeute pour Manasra à la fin du mois d’août. Après la séance, le thérapeute a conclu qu’Ahmad souffre de profondes répercussions psychologiques qui ont commencé avec la blessure à la tête qu’il a subie lorsqu’il a été arrêté à l’âge de 13 ans, et qui, selon le thérapeute, se sont aggravées en raison de sa captivité et de la torture.
Manasra a été arrêté à l’âge de 13 ans en 2015 pour avoir perpétré une attaque à l’arme blanche dans laquelle deux Israéliens ont été blessés. Son cousin Hassan Manasra, âgé de 15 ans, a été abattu par la police israélienne lors de la même attaque. Ahmad Manasra a été condamné en 2016 à 12 ans de prison, peine réduite par la suite à neuf ans et demi, bien que le tribunal ait estimé qu’il n’avait pas participé à l’attaque à l’arme blanche.
Après l’attaque, Manasra a été renversé par une voiture et a subi de graves blessures à la tête alors qu’un groupe d’Israéliens le huait. Après son arrestation, des séquences vidéo, largement diffusées sur les médias, ont montré un jeune Ahmad en détresse, traité durement et soumis à un interrogatoire sévère sans la présence de ses parents ou de son représentant légal.
Les médecins et les avocats de Manasra ont évoqué la possibilité qu’il ait subi un traumatisme cérébral grave lors de l’attaque de 2015 et de sa détention ultérieure, aggravant encore son état de santé mentale.
Article original en anglais sur Jerusalem.24 / Traduction MR