Haaretz : « Israël » dissimule les archives des meurtres de civils de la Nakba

Al-Mayadeen, 22 août 2022. Le quotidien israélien Haaretz a révélé lundi que des membres du ministère de la Sécurité ont ordonné la mise sous scellés de documents historiques contenant des preuves du programme nucléaire d' »Israël » et des massacres de Palestiniens ainsi que de la destruction de leurs maisons, pendant la Nakba.

Selon le journal, le département de la sécurité du ministère « a ordonné le transfert dans des coffres-forts de documents relatifs au projet nucléaire et aux relations extérieures d’Israël. Mais ils ont également scellé des centaines de documents contenant des témoignages de généraux de l’armée sur le massacre de civils, la destruction de villages et l’expulsion de Bédouins. »

En outre, le rapport souligne que « les documents scellés dans les archives de Yad Ya’ari traitent principalement de 1948 et impliquent les villages arabes de Tantura, Al-Dawayima et Deir Yassin, ainsi que des élus. Il s’agit notamment de documents en polonais datant de la fin des années 1940 et du début des années 1950, dont la publication n’a pas été autorisée et qui appartiennent à Israël Barzilai, qui était ministre de la Santé et chef du parti Mapam. »

Le rapport ajoute que « ceux qui ont été à l’origine de l’opération [de dissimulation des archives] sont des membres du MALMAB (responsable de la sécurité au sein de l’établissement de sécurité), une agence secrète dont le travail et le budget sont secrets. »

L’enquête a révélé, selon le journal, que les membres de l’appareil « ont travaillé sans aucune autorité légale, et même, dans certains cas, ont caché des documents que l’autorité de censure militaire avait précédemment autorisé à être publiés, et parfois même les ont transférés dans des coffres dont le contenu a été rendu public. »

Après ces révélations, Haaretz a écrit que le président de la sous-commission, qui traite des questions relatives au ministère de la Sécurité et à ses unités, le député Michal Rozen, « a convoqué des réunions pour discuter de cette affaire au cours de l’année écoulée. » Le quotidien ajoute que lors de ces réunions, « il est apparu que des représentants du gouvernement se sont effectivement rendus dans des archives et ont mis sous clé des documents qui n’étaient pas classifiés, des documents que le département de la sécurité du ministère n’a pas le droit de dissimuler. »

Selon des informations rendues publiques par Haaretz, Rozen et le président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le député Ram Ben-Barak, ont demandé que les archives soient rendues publiques. Dans une déclaration au journal israélien, ils ont affirmé que « le ministère n’a jamais eu l’autorité légale de mettre les documents sous clé. […] Des pans de notre histoire ne peuvent être dissimulés simplement parce qu’il est désagréable de les révéler. Le public a le droit de connaître notre passé en toute transparence. »

En outre, le rapport israélien a montré que la demande des fonctionnaires a, en fait, été refusée par les responsables. Le rapport indique que

« Les fonctionnaires du ministère [de la sécurité] se sont opposés avec véhémence à la demande de Rozin et du président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le député Ram Ben-Barak, de divulguer les documents. Un compromis a finalement été trouvé, proposé par le député Eitan Ginzburg, selon lequel l’archiviste [du gouvernement] enverrait une lettre aux archives leur demandant de vérifier si les documents cachés pouvaient être publiés, en coordination avec les archives [du gouvernement]. »

Selon l’article de Haaretz, l’archiviste du gouvernement israélien Ruti Abromovich a envoyé une lettre à une série réduite d’archives publiques leur demandant de soumettre des documents de la période de l’établissement du régime qui étaient gardés enfermés dans des voûtes selon les ordres de MALMAB pour examen par les Archives du gouvernement.

Selon le rapport, Yaacov Lozowick, l’archiviste du gouvernement de 2011 à 2018, a fait valoir que « la compétence de répertorier les documents, y compris dans les archives de l’armée, relève uniquement des Archives d’État et non d’autres archives, qu’elles soient publiques ou privées », ajoutant que « le fait que la lettre n’ait été envoyée qu’à quelques archives soulève des questions car il pense que le ministère de la Défense a examiné des centaines d’archives. »

Le rapport du Haaretz conclut que si « Israël » a admis lors des séances « que les documents ont été cachés sans autorité, pourquoi n’a-t-il pas insisté sur leur divulgation immédiate ? Avec quelle autorité le [gouvernement] dit-il maintenant aux archives qu’elles doivent apporter les documents pour inspection, alors que le [gouvernement] n’avait pas l’autorité pour les cacher en premier lieu ? »

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR