Il n’y a pas de cessez-le-feu, mais la poursuite de la Nakba et du génocide

Ramona Wadi, 26 novembre 2025.- Un reportage d’Al Jazeera cette semaine indique qu’Israël a violé le cessez-le-feu 497 fois en 44 jours depuis le 10 octobre. Salué par la communauté internationale, ce cessez-le-feu était censé mettre fin aux frappes aériennes et à la famine, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour des Palestiniens dans les ruines de leurs maisons à Gaza. Mais, dans le discours diplomatique, ce cessez-le-feu ne tient pas la route, car Israël poursuit son génocide, certes à un rythme plus lent.

À Jabalia, dans le nord de Gaza, des familles palestiniennes dépendent des feux de bois pour se réchauffer. Malgré les conditions extrêmes et le froid, les habitants continuent de lutter au quotidien avec les maigres moyens dont ils disposent. (source Quds News Network)

Israël peut violer davantage le cessez-le-feu grâce à la résolution 2803 de l’ONU, qui place les États-Unis sous le contrôle de Gaza pour servir ses visées expansionnistes. Israël, entité génocidaire qui a violé le cessez-le-feu des centaines de fois, orchestre la mise en œuvre du plan américain. Ce qui signifie qu’en guise de récompense pour avoir commis un génocide, Israël a désormais la liberté de déterminer le rythme de ce génocide, puisque le pire est désormais normalisé.

Même les grands médias font état des violations du cessez-le-feu par Israël. Il y a deux semaines, la BBC a noté qu’Israël avait détruit plus de 1.500 bâtiments à Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, tout en prenant soin de citer les propos d’un porte-parole militaire israélien anonyme affirmant qu’Israël agissait « conformément au cadre du cessez-le-feu ».

Selon les États-Unis, il n’y a pas eu de génocide à Gaza. Selon le peuple palestinien et la majorité des populations du monde, il y a un génocide à Gaza et il n’y a pas de cessez-le-feu à Gaza. Comment qualifier un cessez-le-feu inexistant ? Ou un cessez-le-feu qui n’existe que dans des accords diplomatiques garantissant l’impunité au génocide israélien ?

Quelles seront les conséquences de ce cessez-le-feu inexistant sur la reconstruction de Gaza et l’occupation militaire, dans un contexte de génocide normalisé et latent ? On parle de partition de Gaza, mais le risque d’expansion coloniale est encore plus grand. Et tout cela se déroule sous couvert d’un cessez-le-feu illusoire et inapplicable.

Le seul moment où l’on devrait prononcer le mot cessez-le-feu, c’est pour souligner son absence. Autrement, le monde entier devrait dénoncer la poursuite de l’expansion coloniale israélienne par le génocide. La rhétorique du cessez-le-feu est imposée aux Palestiniens. Elle les rend aussi vulnérables que le génocide lui-même. L’armée israélienne contrôle désormais 53 % de Gaza. Qu’ont fait les dirigeants sionistes lorsqu’ils ont obtenu 55 % de la Palestine ? L’histoire se répète et la communauté internationale dissimule des liens évidents sous couvert de cessez-le-feu.

Alors que la communauté internationale s’efforce d’effacer le génocide israélien, Gaza se videra de sa population. L’ONU continuera de compiler ses données statistiques, peut-être même depuis le « cessez-le-feu », marquant ainsi la fin de ce qui n’est en réalité qu’une continuation. Et la terminologie habituelle, liée à ce cessez-le-feu illusoire, comme l’aide humanitaire, la nourriture, les déplacements de population, l’éducation, les meurtres de Palestiniens par Israël, sera une fois de plus qualifiée de violations individuelles du droit international, au lieu d’être considérée comme une contribution au nettoyage ethnique en cours des Palestiniens chassés de leurs terres. Le cessez-le-feu n’existe pas, la Nakba n’a jamais pris fin, et il incombe à l’ONU, compte tenu notamment de sa complicité avec le colonialisme, de faire la lumière sur cette affaire pour le reste du monde et de révéler enfin la parodie de justice qu’elle a infligée aux droits humains et au droit international.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR