Partager la publication "La société civile palestinienne condamne la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU établissant une occupation illégale conjointe américano-israélienne de Gaza"
Addameer, le 20 novembre 2025. – Le lundi 17 novembre 2025, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2803, normalisant l’occupation coloniale du territoire palestinien. Cette résolution a été imposée au peuple palestinien sans son consentement, ce qui constitue une violation flagrante de son droit inaliénable à l’autodétermination. Les États-Unis et leurs alliés ont clairement indiqué que ce plan devait être accepté, menaçant de « finir le travail » – une allusion explicite à la reprise du génocide à Gaza. En droit international, une telle menace de recours à la force invalide toute prétention de consentement.
La résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies, fondée sur le « Plan global pour mettre fin au conflit de Gaza » (le « plan en 20 points ») du président américain Donald Trump, annoncé fin septembre, a été rédigée sans la participation de représentants palestiniens. Au lieu de privilégier les droits fondamentaux du peuple palestinien et de promouvoir la responsabilité d’Israël pour ses crimes internationaux, le paragraphe 4 de la résolution 2803 instaure une nouvelle forme d’occupation étrangère en mettant en œuvre la création, prévue par le plan en 20 points, d’un prétendu Conseil de la paix (CdP) dirigé par le président Trump. Le CdP disposera d’une autorité indépendante lui permettant de contrôler les finances, l’immigration, l’administration civile et la reconstruction de Gaza, entre autres fonctions, sans aucun mécanisme de contrôle ni participation palestinienne légitime. Nous réaffirmons que la participation de Palestiniens au CdP ne remet pas en cause son caractère étranger et imposé.
Les informations disponibles confirment les risques d’instrumentalisation de l’aide par cette autorité administrative, notamment par une collaboration avec des organisations impliquées dans des actes de génocide, telles que la Fondation humanitaire pour Gaza (FHG). Il nous apparaît clairement que la Banque du Pakistan (BoP) entend coordonner son occupation de Gaza avec Israël, ce qui constitue une violation continue du droit de l’occupation.
Par conséquent, Gaza serait sous le contrôle d’une autorité internationale dirigée par les États-Unis qui, par l’intermédiaire de la BoP, administrerait une force d’occupation de facto connue sous le nom de Force internationale de stabilisation (FIS). La FIS a pour mandat de démilitariser Gaza, un objectif militaire dépourvu de tout fondement juridique au regard du droit international. Ce mandat contrevient également au Protocole additionnel I aux Conventions de Genève, qui stipule le droit des peuples à résister à la domination et à l’occupation coloniales. Des éléments indiquent que la FIS entend collaborer avec des milices locales dangereuses et radicales, qui ont apporté leur soutien à l’armée israélienne dans la perpétration du génocide à Gaza. Une telle collaboration encouragerait les comportements criminels et mettrait en danger la population locale. L’implication active de la FIS à Gaza, où sa priorité n’est pas la réalisation urgente de l’autodétermination palestinienne, constitue une grave erreur du Conseil de sécurité des Nations unies dans son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Israël, qui continue de violer les termes du plan en 20 points sur lequel reposait le prétendu « cessez-le-feu », maintiendra une présence dans un « périmètre de sécurité » le long de la bande de Gaza, normalisant ainsi son contrôle sur l’espace aérien et les eaux palestiniennes. Ce faisant, il facilitera l’annexion continue de la Palestine par Israël, perpétuant la Nakba et l’apartheid colonial israélien contre le peuple palestinien.
Par cette résolution, les Nations Unies se rendent complices des crimes internationaux d’Israël, en violation des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et des droits humains inaliénables et universels. La résolution 2803 vise à normaliser les crimes historiques d’Israël en excluant toute disposition relative à la responsabilité, ignorant ainsi l’illégalité et l’extrême brutalité de sa campagne génocidaire, de son régime d’apartheid colonial et de son occupation illégale qui dure depuis des décennies. La résolution omet même de reconnaître les atrocités de masse, y compris les actes génocidaires, commises par Israël et documentées, et encore moins de s’engager à y remédier. L’adoption de cette résolution témoigne de l’abandon honteux par le Conseil de sécurité de l’ONU de sa responsabilité historique envers le peuple palestinien et constitue une approbation flagrante de l’impunité qui a permis à Israël de poursuivre sans relâche l’effacement du peuple palestinien.
La société civile palestinienne avertit qu’une occupation étrangère de Gaza, fondée sur des critères vagues et indéfinis, contribuera à la fragmentation accrue de la Palestine et de son peuple en renforçant l’isolement géographique de Gaza. La fragmentation du territoire palestinien porte atteinte à l’intégrité territoriale de la Palestine, composante essentielle du droit à l’autodétermination. Les efforts de reconstruction étant contrôlés par des entreprises et des « donateurs » étrangers, les Palestiniens sont totalement exclus de toute participation significative à la reconstruction de Gaza.
Au lieu d’exiger des réparations, la résolution invite les institutions financières internationales à endetter Gaza jusqu’à la ruine, alors que de nombreux éléments démontrent les dangers que représentent de tels arrangements économiques de dépendance pour le développement. Une fois de plus, cela ne fait qu’institutionnaliser le contrôle étranger sur Gaza et compromet de plus en plus les conditions nécessaires à l’autodétermination du peuple palestinien. La résolution 2803 autorise l’exploitation sans restriction de Gaza par des groupes internationaux, sans aucune garantie ni protection des ressources économiques et naturelles du territoire, et viole de fait le droit du peuple palestinien à l’autodétermination économique et à la souveraineté sur ses propres ressources naturelles. Nous alertons tout particulièrement sur les dangers que cette résolution fait peser sur les ressources énergétiques inexploitées des eaux territoriales palestiniennes et de la zone économique exclusive au large des côtes de Gaza.
La résolution 2803 est intrinsèquement illégale et totalement incompatible avec les avis consultatifs et mesures conservatoires antérieurs de la Cour internationale de Justice (CIJ). En effet, l’avis consultatif de la CIJ d’octobre 2025 a réaffirmé l’obligation d’Israël de permettre l’entrée et la distribution sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza par l’intermédiaire des agences des Nations Unies, notamment l’UNRWA. La résolution compromet totalement cette décision en confiant le contrôle de l’entrée et de la distribution de l’aide humanitaire à la balance des paiements (BoP) et en autorisant des acteurs étrangers, par le biais de cette dernière, à imposer des conditions à la distribution de l’aide humanitaire à Gaza. La résolution ne prévoit par ailleurs aucune garantie quant au volume d’aide humanitaire entrant à Gaza, ce qui permet la poursuite de l’instrumentalisation de cette aide contre les Palestiniens et la perpétuation du génocide perpétré contre le peuple palestinien. La résolution omet également de reconnaître le droit au retour des réfugiés palestiniens, ignorant les résolutions antérieures de l’ONU sur le retour des réfugiés et faisant totalement abstraction du fait que la majorité des habitants de Gaza sont des réfugiés déplacés depuis 1948. Nous réaffirmons le principe, confirmé par la Commission du droit international, selon lequel les normes impératives du droit international – telles que le droit palestinien à l’autodétermination – prévalent sur toute résolution contradictoire du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette décision menace non seulement le peuple palestinien, mais aussi l’intégrité de l’ensemble du système juridique international.
Face à cet échec catastrophique du Conseil de sécurité de l’ONU à respecter le droit international et à reconnaître l’impératif crucial de donner la priorité au droit palestinien à l’autodétermination, tel que reconnu par la CIJ dans son avis consultatif historique de juillet 2024, nous appelons les États tiers à prendre des mesures immédiates, concrètes et efficaces. Cela implique de rejeter la mise en œuvre de la résolution 2803 et d’exiger, par des actions concrètes, une résolution juste et légitime qui :
* donne la priorité aux droits inaliénables du peuple palestinien, notamment le droit à l’autodétermination et le droit au retour des réfugiés et exilés palestiniens ;
* démantèle le régime d’apartheid colonial israélien de part et d’autre de la Ligne verte ;
* met fin à l’occupation illégale et à l’annexion croissante de la Palestine par Israël ;
* établisse la responsabilité d’Israël pour ses crimes d’atrocités de masse, passés et présents, et soutient notamment la création d’un mécanisme international, impartial et indépendant d’enquête sur les crimes commis contre le peuple palestinien ;
* demande la mise en place d’un mécanisme de contrôle, mandaté par l’ONU et soutenu par l’État palestinien, sur la reconstruction de Gaza, en consultation avec les représentants du peuple palestinien et avec notre consentement explicite ;
* impose des sanctions diplomatiques, militaires et économiques à Israël, notamment un embargo tripartite sur les armes et un embargo sur l’énergie. Conforme aux obligations des États tiers découlant des avis consultatifs de la Cour internationale de Justice sur les conséquences juridiques des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est (2024), et sur les conséquences juridiques de la construction d’un mur (2004) ;
* respecte les obligations juridiques des États tiers concernant le droit du peuple palestinien à la protection, qui découle du droit à l’autodétermination tel que consacré par le droit international, affirmé par l’avis consultatif de la CIJ de juillet 2024 sur l’illégalité de l’occupation et repris dans les résolutions pertinentes ultérieures de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Coalitions et institutions signataires : Réseau des ONG palestiniennes (PNGO) Conseil des organisations palestiniennes de défense des droits humains (PHROC)
Article original en anglais sur Addameer / Traduction MR
