Partager la publication "Une plaie ouverte : 9.100 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dans le silence occidental"
Adnan Hmidan, 18 octobre 2025. – Dans le silence du monde, les prisons israéliennes consument des vies comme des trous noirs, dévorant les vivants et ne libérant que des corps brisés et des âmes hantées.
Derrière ces murs se trouvent plus de 9.100 Palestiniens : environ 400 enfants et 75 femmes, ainsi que des médecins, des enseignants et des journalistes dont le seul acte a été de servir leur peuple avec un stéthoscope, un stylo ou un appareil photo, révélant la cruauté de l’occupation.
Parmi eux figurent le Dr Husam Abu Safiya et le Dr Marwan al-Hams, personnalités médicales et humanitaires respectées, tous deux extraits de leurs hôpitaux sans procès ni inculpation. La même puissance occupante qui a longtemps confisqué des terres confisque désormais des êtres humains – une réalité grotesque qui se joue au XXIe siècle, tandis que les capitales occidentales continuent de prêcher le langage de la « liberté » et du « droit international ». Les Palestiniens ont depuis longtemps perdu confiance dans le prétendu système judiciaire israélien, un système qui s’inscrit dans le même appareil répressif. Il s’agit de tribunaux militaires où un civil comparaît devant un juge, un officier et des soldats de l’armée qui occupe ses terres. Grâce à la détention administrative, les autorités israéliennes peuvent emprisonner n’importe qui indéfiniment, sans inculpation ni preuve – une pratique qui viole tous les principes de justice et de dignité humaine.
Ce qui est plus douloureux que les barreaux eux-mêmes, c’est le silence volontaire des médias occidentaux. Ces mêmes médias qui remplissent leurs écrans d’histoires de prisonniers ailleurs ont transformé les Palestiniens en statistiques anonymes.
On ne trouve aucun rapport d’enfants privés de leur enfance derrière les barreaux, aucun entretien avec des mères attendant des années de nouvelles de leurs fils, aucune image de ceux libérés – les yeux cernés, le corps ravagé par la maladie après des mois de négligence.
Les médecins qui ont examiné les détenus récemment libérés décrivent des infections cutanées rampantes, une malnutrition sévère et des mains tremblantes – non seulement dues au froid, mais aussi aux cicatrices persistantes de mois passés enchaînés. Si un autre État était responsable de tels abus, les rédactions occidentales exploseraient d’indignation. Des journalistes se tiendraient devant les prisons pour exiger des comptes. Mais lorsque la victime est palestinienne et l’auteur israélien, la morale se déforme : la condamnation se mue en silence, et l’oppresseur se voit offrir le vocabulaire de la « légitime défense » tandis que la victime est accusée d’exagération.
L’emprisonnement de milliers de Palestiniens constitue un crime contre l’humanité. La communauté internationale, et en premier lieu le Comité international de la Croix-Rouge, doit agir sans délai : visiter chaque centre de détention israélien, documenter les conditions de détention, garantir des soins médicaux et autoriser l’accès à des avocats et à des observateurs indépendants.
Tous les détenus palestiniens – hommes, femmes et enfants – doivent être libérés sans délai, et les responsables de torture, d’abus et de disparitions forcées doivent être traduits en justice. La politique de détention administrative doit cesser, une fois pour toutes.
Quiconque a été témoin du génocide et de la famine délibérée à Gaza ne sera pas choqué par ce qui se passe dans ces prisons. La même main qui appuie sur la gâchette d’une bombe resserre les chaînes autour des poignets d’un prisonnier. Et pourtant, même dans l’obscurité, ces détenus persistent, témoins vivants de la brutalité de l’occupation et de l’effondrement moral d’un monde qui a perdu toute conscience. Seuls quelques-uns osent encore dire haut et fort : la liberté est un droit et la dignité n’est pas négociable.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR