À Paris, une réunion qui protégera la violence coloniale d’Israël

Ramona Wadi, le 9 octobre 2025. Aujourd’hui, des diplomates d’Europe et du Moyen-Orient se réuniront en France pour discuter de la transition à Gaza. Si la réunion approuve le plan américain pour Gaza, ou peut-être devrait-on dire pour Israël, car la sécurité des Palestiniens est menacée par le colonialisme et le génocide en cours, les responsables israéliens maintiennent que la réunion de Paris compromettra les efforts de négociation américains.

Les États-Unis ont annoncé l’accord sur la première phase du cessez-le-feu, qui prévoit l’échange des otages israéliens restants à Gaza contre la libération par Israël des prisonniers palestiniens, ainsi qu’un retrait partiel de l’armée israélienne.

En France, les diplomates discuteront de la gouvernance transitoire pour Gaza, de l’aide humanitaire et de la reconstruction, de la création d’une force internationale de stabilisation et du désarmement du Hamas. Comme on pouvait s’y attendre, la réunion portera également sur les moyens de renforcer l’Autorité palestinienne et ses services de sécurité. En résumé, les diplomates occidentaux et moyen-orientaux chercheront des moyens de maintenir le statu quo sur un territoire marqué par le génocide israélien, sans reconnaître les causes de ces deux années de génocide.

N’oublions pas non plus qu’Israël a réussi à normaliser le génocide au point de l’inclure désormais dans le spectre des « conflits ». Cette logique tortueuse veut que, depuis la Nakba de 1948 et même avant, les déplacements forcés, le nettoyage ethnique, la torture et les massacres de Palestiniens perpétrés par les sionistes dans toute la Palestine colonisée aient été qualifiés de « conflit » par l’ONU. Le génocide israélien à Gaza a déclenché toutes les atrocités précédentes, accompagnées d’une force militaire débridée, soutenue par l’Occident. Quel aspect du génocide l’Occident considérera-t-il désormais comme s’éloignant du vaste champ d’application du terme « conflit » ? Il faut décortiquer et exposer le discours colonial qui sous-tend le discours sécuritaire d’Israël pour ce qu’il est et pour ce qu’il a fait contre le peuple palestinien.

Les Palestiniens de Gaza ont subi des pertes dévastatrices. Les efforts diplomatiques rendent ces pertes insignifiantes en éliminant la participation palestinienne. La reconnaissance symbolique d’un État palestinien inexistant, ainsi que le paradigme des deux États, sous-tendront ces discussions. Mais la Palestine n’appartient pas aux dirigeants mondiaux qui ne peuvent en disposer comme ils l’entendent pour l’expansion coloniale d’Israël.

Le paradigme des deux États est obsolète. Si l’Occident, à l’instar du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, maintient qu’il n’existe pas de plan B, il peut envisager le génocide, qui a eu deux ans pour détruire les Palestiniens de Gaza. La décolonisation, réclamée par de nombreux Palestiniens, n’aurait pas impliqué de génocide, mais l’ONU est opposée au démantèlement de la structure coloniale sioniste qu’elle a contribué à créer. C’est pourquoi elle a permis le génocide et pourquoi les dirigeants mondiaux souhaitent vivement revenir à la sécurité diplomatique du paradigme des deux États, qui s’est avéré périlleux pour le peuple palestinien.

Le minimum que la réunion de Paris devrait obtenir est la reconnaissance de la lutte anticoloniale légitime du peuple palestinien. Israël n’est pas la victime ici ; il ne l’a jamais été. Toute tentative de marginalisation des Palestiniens par le biais du discours sur les deux États, surtout après avoir constaté les conséquences de paradigmes obsolètes dans la politique coloniale, favorise l’extension du génocide israélien à Gaza.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR