Partager la publication "Déplacements forcés en Cisjordanie occupée – Trois communautés de Bethléem, Ramallah et Jéricho attaquées"
Stop the Wall, 17 août 2025.
BETHLÉEM
Le 2 août, des milices de colons ont établi un nouvel avant-poste près du village de Kisan, dans la province de Bethléem, au sud de la Cisjordanie. Il s’agit du huitième avant-poste établi par des colons israéliens dans la région de Deir Alla, adjacente à la communauté palestinienne de Wadi Ebyan, au cours des deux derniers mois.
Kisan et ses environs continuent de subir des attaques répétées de la part des colons israéliens. La multiplication des avant-postes a créé un cercle de plus en plus serré autour du village, restreignant la circulation des habitants et menaçant leurs moyens de subsistance et leur sécurité.
Lors d’un raid organisé, des colons israéliens ont installé de nouvelles tentes dans la zone ciblée, puis ont lancé une attaque directe contre les habitations de 15 familles palestiniennes vivant dans la communauté de Wadi Ubayyan. Les attaques des colons comprenaient le vol de biens privés, notamment de panneaux solaires et de panneaux métalliques utilisés pour clôturer les terrains des familles. Le mobilier et autres objets des maisons ont également été délibérément détruits et vandalisés. Cette attaque a été précédée d’une menace directe de contraindre les habitants à quitter volontairement la zone, reflétant une politique planifiée d’intimidation et de déplacement forcé.
L’eau comme outil de déplacement : le 24 juillet, des colons ont détruit le réseau d’eau alimentant la communauté et bloqué la seule route d’accès reliant la communauté au village de Kisan, laissant les 17 familles sans accès à l’eau ni aux services de base.
En février de cette année, un colon a détruit le réseau d’eau potable dans la région de Deir Alla, dans le désert de Tekoa, dans le village de Kisan, qui dessert 15 familles
RAMALLAH
Le mardi 13 août, la communauté bédouine Jahalin de Deir Ammar, à l’ouest de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie occupée, a été déplacée suite à l’escalade des violences des colons. Cette expulsion forcée est intervenue après plusieurs jours d’attaques incessantes depuis le 9 août, qui ont poussé les familles à déplacer leur bétail et à évacuer femmes et enfants pour les mettre en sécurité.
Ce déplacement a dispersé 19 familles bédouines, soit environ 130 personnes. Certaines ont tenté de rester à proximité de Deir Ammar pour conserver leur mode de vie traditionnel basé sur l’élevage, tandis que d’autres ont été contraintes de chercher refuge dans des maisons louées dans les villages environnants.
Une quinzaine de jours avant le déplacement, les colons avaient érigé un nouvel avant-poste sur la colline, installant des tentes et hissant un drapeau israélien. Depuis, les incidents violents se sont intensifiés, notamment un incendie allumé par des colons dans une tente en bordure de la communauté, qui a brûlé toute la nuit en raison de l’absence de routes accessibles pour les secours d’urgence.
Au cours du mois dernier, des colons ont commencé à construire une route autour d’une colline voisine, déclenchant une campagne de harcèlement. Celle-ci comprenait des agressions physiques, des fermetures de routes, des coupures d’eau et des interdictions de pâturage, ce qui a anéanti la capacité de survie de la communauté. La nouvelle route de colonisation coupe le village de près de 3.000 dunams de terres, soit la moitié de son territoire. Si les tentatives d’expulsion officielles ont échoué par le passé en raison de la résistance populaire, Israël semble changer de tactique en autorisant les avant-postes de colons à procéder à des déplacements forcés. De nombreux Bédouins Jahalin sont, à l’origine, des réfugiés de la Nakba de 1948 et sont reconnus comme autochtones du Néguev (Naqab) et de Jérusalem-Est (Al-Qods) par l’ONU.
JÉRICHO
Fin juin 2025, les attaques se sont intensifiées. Les colons ont pillé des maisons, libéré du bétail pour détruire les récoltes et volé des moutons. Six avant-postes de colonisation illégaux ont été établis près des habitations bédouines, poussant les habitants plus près du déplacement forcé. Les 3 et 4 juillet, plus de 50 familles bédouines ont été déplacées de force d’Arab Al-Mleihat après des menaces et des attaques. Les colons ont célébré ces expulsions et ont renforcé leur présence avec de nouvelles tentes, sous la protection de l’armée.
De nombreuses familles déplacées ont tenté de rentrer à la fin juillet, mais ont rapidement été confrontées à un regain de violence. Les colons ont attaqué les familles qui revenaient, tandis que les forces israéliennes ont bloqué l’aide humanitaire et saisi les matériaux de construction pour empêcher la reconstruction.
Le lendemain, le 1er août, des colons ont incendié six maisons, forçant 20 familles à fuir à nouveau.
Ces événements reflètent une campagne plus vaste et systématique visant à expulser les Bédouins palestiniens de la vallée du Jourdain par la violence et la peur.
Article original en anglais sur Stop The Wall / Traduction MR