Partager la publication "Enfer ininterrompu : Les détenus de Gaza confrontés à de graves tortures et à la terreur israéliennes derrière les barreaux – Point de presse de la Commission des affaires des détenus et de l’Association des prisonniers palestiniens"
Wafa, 21 août 2025 – Près de deux ans après le début du génocide de Gaza, les crimes graves contre les prisonniers politiques palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes se poursuivent. Les personnes enlevées dans la bande de Gaza occupée subissent des tortures et des abus d’une intensité extrême, comparées à tous les autres détenus.
La Commission des affaires des détenus et l’Association des prisonniers palestiniens publient ce nouveau point de presse basé sur des témoignages recueillis – dans des conditions strictes – par des avocats lors de visites de détenus effectuées entre fin juillet et mi-août.
Les visites ont été menées spécifiquement dans la section souterraine Rakevet de la prison de Ramla et dans le camp militaire Sde Teiman, tous deux connus pour la torture systématique des Palestiniens arrêtés dans la bande de Gaza occupée.
Dans le quartier souterrain « Rakevet » de la prison de Ramla, les détenus se rendaient aux visites de leurs avocats en pleurs, terrorisés.
Tous les détenus avaient été menacés et battus avant de voir leurs avocats. Les gardiens de prison ont tenté de les forcer à mentir à leurs avocats en leur affirmant que tout était « excellent ». Il était interdit aux avocats de partager la moindre information concernant les familles des détenus – restées à Gaza – ou le génocide en cours.

Premier dessin : Position de la banane : les jambes du détenu sont menottées au bas d’une chaise (le dossier est placé sur le côté) et ses mains sont menottées l’une à l’autre et pressées contre le bas de la chaise par les interrogateurs. Second dessin : Cette position implique que le corps du détenu forme une voûte, ce qui blesse considérablement sa poitrine et son ventre. Le détenu est contraint de maintenir cette position plus longtemps que son corps ne peut le supporter, ce qui le fait tomber sur le dos, au sol ou sur les genoux de l’interrogateur assis derrière la chaise.

Position de la chaise bébé : c’est la position de stress la plus courante utilisée contre les détenus palestiniens dans les centres d’interrogatoire israéliens. Les jambes du détenu sont menottées au bas de la chaise et les mains sont menottées l’une à l’autre derrière/au dossier de la chaise.

Position des mains sur une table : assis sur une chaise, les mains menottées au dos, les mains posées sur la table derrière la chaise du détenu.
Des témoignages clés ont révélé la pratique continue des coups et des fractures de doigts, ainsi qu’un isolement total : les détenus sont privés de lumière du soleil et autorisés à sortir dans la cour un jour sur deux pendant 20 minutes, menottés et contraints de garder la tête baissée. Des matelas sont distribués le soir et retirés le matin, obligeant les prisonniers à rester assis sur des lits métalliques toute la journée.
Les gardiens les humilient délibérément par des insultes, les forçent notamment à maudire leur mère et leur famille, ainsi que par des menaces constantes et une terreur psychologique. Plusieurs prisonniers se sont présentés à leurs visites en pleurs et terrorisés. L’un d’eux semblait avoir été violemment battu ; en larmes, les poignets marqués par les menottes. Il était incapable de parler de ce qui lui était arrivé, essayant seulement de signaler son comportement à l’avocat du regard.
Son cas n’est pas isolé ; tous les détenus présentaient une détresse psychologique grave, la peur régnant tout au long de la visite des avocats. La période d’interrogatoire est l’un des reflets les plus clairs du niveau de torture et des graves violations infligées par les interrogateurs aux détenus enlevés dans la bande de Gaza occupée.
Détenu (A.Y.) :
« J’ai été arrêté en décembre 2023 et emmené à la caserne, où je suis resté huit jours. Durant cette période, j’ai subi quatre jours d’interrogatoires dits « disco ». Plus tard, j’ai subi de nouveaux interrogatoires de la part des services de renseignement et de l’armée, puis j’ai été transféré à la prison d’Asqalan, où j’ai été détenu en cellule pendant un mois, sans pouvoir distinguer le jour de la nuit, et soumis à des interrogatoires militaires très durs.
Ils m’attachaient à une chaise, puis me jetaient à terre, pieds et poings liés. J’ai été battu quotidiennement pendant 30 jours. Je souffre actuellement de déchirures musculaires à la poitrine et de fortes douleurs dues à l’enchaînement prolongé de mes bras dans le dos. Après Asqalan, j’ai été transféré à la prison d’Ofer, où on m’a montré un écran avec une carte pour localiser mon domicile et j’ai été interrogé sur plusieurs endroits de Gaza. »
Détenu (Y.D.) :
« J’ai été interrogé sur le terrain pendant une heure, puis transféré à la caserne, où j’ai été battu, puis soumis à la méthode d’interrogatoire dite « disco ». J’ai été violemment battu, suspendu dans des positions douloureuses et j’ai perdu connaissance à plusieurs reprises. Ils m’ont aspergé d’eau pour me réveiller. Les coups étaient si violents que mes menottes se sont détachées à deux reprises. J’ai reçu de violents coups à la tête et on m’a arraché les cheveux. Je souffre maintenant de fractures des côtes et je n’arrive pas à dormir. La torture a également provoqué une déchirure de l’oreille gauche, des troubles de la vue et des douleurs rénales. »
Détenu (A.B.) :
« J’ai été arrêté le deuxième jour de la guerre. Je souffrais déjà d’une blessure à la mâchoire et j’avais subi une intervention chirurgicale. Après mon arrestation, j’ai été transféré à la prison d’Asqalan, où j’ai été détenu pendant un mois et demi et soumis à un interrogatoire militaire. Ils m’ont soumis à des positions douloureuses, dont la position de la banane (mozeh), au cours desquelles j’ai été battu. Cela a duré 17 jours, dont une fois pendant 5 jours consécutifs. Les interrogateurs m’attrapaient les testicules et les frappaient, essayant de me forcer à avouer. Ils m’ont également bandé les yeux et m’ont jeté de ma chaise à terre. Après mon transfert à la prison de Ramla, j’ai subi un nouvel interrogatoire, au cours duquel les gardiens m’ont cassé les doigts. »
La faim et la maladie dominent les témoignages
Tous les détenus visités ont confirmé souffrir d’une faim extrême – l’un d’eux a qualifié la situation de « famine ». On leur donne des portions extrêmement réduites, souvent immangeables. Les détenus récupèrent ces restes pour constituer un unique repas du soir. La quantité de nourriture distribuée à une cellule entière suffit à peine à nourrir une personne. La plupart souffrent d’une perte de poids importante, d’émaciation et d’un épuisement extrême, ainsi que d’une aggravation de leurs maladies et de leur état de santé.
Outre la famine délibérée, les maladies et les infections continuent de se propager, notamment la gale, une maladie cutanée qui est devenue l’un des problèmes de santé les plus urgents pour les détenus. Le système pénitentiaire a activement poursuivi sa propagation en privant les détenus d’hygiène et de soins médicaux de base, et en refusant de l’éradiquer.
Principaux faits concernant les Palestiniens détenus à Gaza
Depuis le début du génocide, les forces d’occupation israéliennes ont arrêté des milliers de civils dans toute la bande de Gaza, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées, des blessés, ainsi que des membres du personnel médical et des journalistes.
Outre les exactions mentionnées dans ce document, les forces d’occupation israéliennes ont commis d’autres actes graves, tels que des viols, notamment à mort, ainsi que des actes de torture et de famine.
L’occupation continue également de commettre le crime de disparition forcée contre des centaines de détenus enlevés à Gaza, refusant de divulguer leur identité ou leur lieu de détention. À ce jour, le Comité international de la Croix-Rouge se voit refuser l’accès à ces lieux.
Grâce à de récentes modifications législatives, les organisations de défense des droits humains ont pu élucider le sort de centaines de détenus et accéder à la plupart des prisons et camps de détention, notamment Sde Teiman, un lieu clé de torture et de maltraitance médicale documentés, et au quartier souterrain de Rakevet de la prison de Ramla.
Au milieu de ces graves exactions, des dizaines de détenus ont été tués en détention, et d’autres ont été exécutés extrajudiciairement dès leur arrestation. Sur les 76 prisonniers politiques morts en martyre identifiés depuis le début du génocide, 46 étaient des personnes arrêtées à Gaza.
Article original en anglais sur Wafa.ps / Traduction MR
Source des illustrations : compte X de Drop Site News.