Le génocide est encore loin d’être condamné dans la rhétorique occidentale

Ramona Wadi, 3 juillet 2025.– Alors que les discours se multiplient, mais que la pression est quasi inexistante, contre le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF) et l’utilisation par Israël des plateformes de distribution comme zones de massacre, le génocide à Gaza reflète une tendance antérieure consistant à identifier les violations comme des troubles gérables. Ainsi, la violence israélienne peut rester incontrôlée et le génocide à Gaza devient tout aussi normalisé que d’autres violations du droit international l’ont été auparavant.

Israël a tué plus de 57.000 Palestiniens à Gaza, et la majorité d’entre eux ne sont pas reconnus, sauf à des fins statistiques. Cependant, si des fosses communes sont découvertes, ou, comme c’est le cas plus récemment, si des Palestiniens sont tués alors qu’ils tentaient d’accéder à la nourriture, la communauté internationale émet des avertissements concernant les violations spécifiques. Le génocide lui-même, en revanche, est normalisé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les opérations humanitaires à Gaza sont « intrinsèquement dangereuses ». Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé que l’armée « ne cible jamais les civils ». Plus de 165 organisations caritatives et de défense des droits humains internationales ont appelé à ce que le GHF mette fin à ses opérations. Le coordinateur politique du Royaume-Uni auprès de l’ONU, Fergus Eckers, a qualifié les opérations du GHF d’« inhumaines ». Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a adouci le ton en déclarant : « Nous ne disons pas que le GHF ne devrait pas opérer. Ce que nous disons, c’est que, qu’il s’agisse du GHF ou d’autres, ils doivent opérer en toute sécurité. »

Le ton de Dujarric reflète la position adoptée par l’ONU tout au long du processus colonial sioniste. Légitimer la colonisation tout en soulignant des violations spécifiques comme contraires au droit international fait partie intégrante de la structure qui a protégé Israël pendant des décennies. Les violations israéliennes n’ont jamais été considérées comme relevant du colonialisme, car Israël n’est pas reconnu comme une entité coloniale par l’ONU. Et cela n’est nulle part plus évident que dans la formulation de la résolution 194 de l’ONU, qui qualifie l’entité coloniale de peuplement de « voisins » et fait peser l’intégralité du fardeau de la Nakba sur le peuple palestinien. Non seulement cette résolution n’a pas été contestée, mais elle est également défendue comme un droit, alors qu’elle n’existe que pour protéger les intérêts coloniaux d’Israël.

Il en va de même pour le génocide israélien à Gaza. Il est plus facile de déplorer le GHF, les fosses communes, les Palestiniens brûlés vifs dans des tentes par Israël, mais pas l’ensemble de la structure génocidaire qui a conduit à ces complots et à ces atrocités. Qu’a fait la communauté internationale pour alléger les souffrances humanitaires à Gaza ? Pour empêcher Israël de brûler vifs des personnes ou de les projeter en l’air lors de l’explosion de ses bombes ? Qu’a fait la communauté internationale pour mettre fin au génocide israélien ? Rien. Elle fournit cependant à Israël divers outils pour commettre un génocide. Tout comme elle lui a fourni les moyens – résolutions comprises – de maintenir sa présence coloniale en Palestine.

Pendant ce temps, toute atrocité qui devient médiatisée est relayée par Israël qui déclare qu’il va enquêter, et par des experts en droit international qui affirment que l’attaque était « presque certainement illégale et pourrait constituer un crime de guerre », comme cela a été récemment rapporté à propos du café al-Baqa à Gaza, sur lequel Israël a largué une bombe de 230 kg, tuant et blessant les Palestiniens sur place.

L’Occident adore commenter et partager son expertise hésitante avec le public, tout comme Israël est déterminé à commettre son génocide à Gaza.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR