Partager la publication "Démystifier le discours de Netanyahou selon lequel Israël n’a pas le choix"
Ramona Wadi, 22 avril 2025.- Selon le Premier ministre Benjamin Netanyahou, Israël n’a d’autre choix que de poursuivre les combats à Gaza. Il existe une autre définition du génocide, issue de l’entreprise coloniale de peuplement en Palestine : le génocide en dernier recours. Car, selon Israël, financé par les États-Unis à hauteur de 3,2 milliards de dollars par an, et bénéficiant en plus de l’avantage militaire qualitatif, il est trop vulnérable pour affronter la résistance d’une population palestinienne colonisée, soumise à un nettoyage ethnique et déplacée de force.
Personne ne croit Netanyahou. Mais personne ne l’arrêtera non plus. Le génocide, selon les médias, ne cessera que si Israël détruit le Hamas, si les otages sont libérés et si Gaza ne représente plus de menace pour Israël. L’inclusion de l’Iran dans l’équation scelle bien sûr l’affaire. La communauté internationale est toujours à la recherche du prochain ennemi à intimider.
Les médias israéliens ont également rapporté les propos du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a déclaré : « il faut dire la vérité : ramener les otages n’est pas le but le plus important. »
Pour le gouvernement israélien, l’essentiel est un génocide qui vide Gaza et la colonise. Netanyahou et le ministre de la Défense, Israël Katz, prônent une escalade de la pression militaire à Gaza afin de permettre un accord supplémentaire, tandis que Smotrich voit dans une agression accrue une chance de vaincre le Hamas.
Israël n’a toujours pas compris que, partout où la colonisation existe, la résistance ne sera pas anéantie.
Bien sûr, Israël n’est pas seul sur cette trajectoire. L’Occident, en particulier, ne prend pas en compte la réalité coloniale qui opprime et massacre les Palestiniens depuis des décennies. Avec un langage qui déforme la réalité du sort des Palestiniens et qui les prive de la possibilité d’exprimer leurs objectifs politiques, un seul récit règne en maître. Et ce récit peut orienter la politique étrangère, détruire les principes de l’aide humanitaire ainsi que son acheminement, et évoquer l’image d’une enclave qui se présente principalement comme un ennemi majeur d’Israël.
Si la communauté internationale écarte le colonialisme de l’équation, Netanyahou ne rencontrera aucune opposition à son discours sécuritaire inventé de toutes pièces. Les statistiques mises à jour au moment de la rédaction de cet article montrent qu’Israël a tué 51.266 Palestiniens et en a blessé plus de 116.991. Israël a normalisé le massacre de civils palestiniens et le monde a suivi son exemple, oubliant commodément que les Palestiniens ont le droit de résister au colonialisme par tous les moyens. Se rappeler que le droit international confère des droits aux colonisés n’est pas de bon augure pour Israël et les anciennes puissances coloniales.
Malgré toutes ses déclarations demandant aux « deux parties » de respecter le droit international, la communauté internationale a rendu un très mauvais service aux Palestiniens en annihilant leur droit à la résistance, tout en accordant à Israël l’impunité pour tous les crimes énumérés dans la loi.
Il existe bien sûr un choix. Israël pourrait choisir de respecter le droit international et de décoloniser. La communauté internationale honorerait ses obligations d’éradiquer le colonialisme en démantelant le dernier projet colonial de peuplement. Au lieu de cela, nous avons des diplomates qui justifient le génocide israélien à Gaza par tous les moyens possibles : fourniture d’armes, non-respect des mandats d’arrêt internationaux, dialogue diplomatique et économique avec Israël, ou silence, alors que de plus en plus de Palestiniens sont tués chaque jour. Tout simplement parce que Netanyahou a déclaré n’avoir « pas le choix ».
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR